Le contre-terrorisme est devenu un sujet de controverses intérieures et internationales. Par exemple, le rôle de la Guerre en l’Irak dans la mobilisation de nouveaux terroristes mérite l’analyse et la discussion. Cependant, plusieurs sujets politiques relatifs au contre-terrorisme sont soumis à des discussions partisanes qui les caricaturent. Le débat actuel sur la surveillance par les États-Unis des transferts dans le système financier international nous apparaît comme un cas où les réaction de l’administration Bush et ses opposants sont exagérées.
Surveiller les moyens financiers des terroristes est un élément nécessaire dans tout programme de contre-terrorisme, comme l’avait signalé Bill Clinton dans ses directives présidentielles en 1995 et 1998. Les attaques terroristes individuelles ne coûtent pas trop cher. En revanche, le fait de gérer des cellules, des réseaux ou des organisations terroristes est extrêmement coûteux.
Al Qaïda, le Hamas, le Hezbollah et d’autres groupes terroristes avaient différentes ressources financières dont, entre autres, les dons des musulmans riches. En tant qu’élément de la stratégie de contrôle des recettes, la surveillance des transferts internationaux de banques est très utile car elle rend plus difficiles les opérations pour nos ennemis. Elle les force à employer des moyens plus difficiles de transfert d’argent.
N’importe quelle surveillance électronique domestique sans autorisation judiciaire, quel que soit son utilité, est clairement illégale. Mais la surveillance des transferts financiers internationaux, avec l’accord du consortium de banques possédant le réseau, est légale et irréprochable. L’International Economic Emergency Powers Act, voté en 1977, permet au président de surveiller les transactions financières faites par les ennemis des États-Unis. Les initiatives internationales contre le blanchissement d’argent ont commencé depuis une décennie, et ont visé non seulement les terroristes mais également les cartels de drogue, les fonctionnaires étrangers corrompus et une foule d’organisations criminelles.
Ces initiatives, en combinaison avec des traités et des accords internationaux, ne devraient laisser personne avec un sentiment d’intimité en transférant l’argent électroniquement entre les pays. Depuis 2001, les banques ont été obligées de rapporter des transactions ayant eu lieu même aux États-Unis s’il y a une raison de croire qu’une certaine activité illégale est possible.
Il s’agit d’une évidence pour tous les terroristes mais l’administration Bush proteste suite aux « révélations » du New York Times. Les terroristes avaient employé pendant plusieurs années des moyens modernes, et des transferts d’argent- l’ancien système « Middle Eastern Hawala » inclus. Car ils supposent que les appels, les e-mails et les opérations bancaires internationales sont surveillés non seulement par les États-Unis mais par la Grande-Bretagne, la France, Israël, la Russie et même beaucoup de pays sous-développés.
Dans ces conditions, la presse devrait-elle vraiment être qualifiée d’anti-patriotique par l’administration états-unienne, et être même menacée de poursuites judiciaires par des hommes politiques, pour avoir révélé des choses que les terroristes savent déjà ? Si les fonctionnaires de l’administration états-unienne étaient vraiment inquiets que les terroristes puissent apprendre quelque chose de ces rapports, ils seraient sages de ne pas leur accorder plus d’attention plutôt que de fulminer contre eux.
L’administration états-unienne et ses partisans au Congrès veulent donner l’impression qu’ils mènent une bataille courageuse contre ceux qui aideraient les terroristes. A quatre mois des élections, nous comptons entendre beaucoup plus de réclamations indignées concernant le terrorisme.

Source
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« A Secret the Terrorists Already Knew », par Richard A. Clarke et Roger W. Cressey, The New York Times , 30 juin 2006.