Dans son livre, Does America Need a Foreign Policy ?, Henry Kissinger affirme que l’Afrique est destinée au désastre à moins que le peuple américain et la communauté internationale ne s’engagent moralement en sa faveur. L’idée de base de cette affirmation est que l’Afrique est incapable de se sauver elle-même et doit compter sur les étrangers.
Consciemment ou inconsciemment, ce discours prévaut. Comme six dirigeants africains, je me rendrai au sommet du G8 de Sea Island, le cinquième sommet consécutif auquel nous sommes invités, mais nous serons perçus comme des mendiants. Ce n’est pas la faute de nos hôtes qui en banalisant les invitations de dirigeants africains contribuent à placer l’Afrique dans l’agenda global. Cela vient des représentations du Nord, des représentations dont les Africains sont en partie responsable.
Un jour, les succès enregistrés par l’Afrique du Sud ne seront plus vus comme un miracle, un un coup de chance, mais comme la façon typique dont les peuples du continent sont capables de résoudre leurs différends. C’est aux Africains d’agir pour cela, mais les Occidentaux doivent cesser leurs pratiques protectionnistes et nous permettre d’accéder à tous les marchés. De notre côté, nous devons avancer vers la paix. L’Union africaine doit être l’outil du développement de l’Afrique. Nous avons aussi constitué le nouveau partenariat pour le développement africain, qui aidera au développement économique, et nous devons faire un meilleur usage de l’aide internationale.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« Building a Better Africa », par Thabo Mbeki, Washington Post, 10 juin 2004.