Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs,
Membres de la Knesset,

Tout d’abord, en mon nom et au nom du Gouvernement, de la Knesset et de toute la nation, je présente mes condoléances aux familles des victimes, tant civiles que militaires. J’adresse aussi mes vœux de rétablissement aux blessés et une chaleureuse accolade aux familles des kidnappés et aux kidnappés eux-mêmes.

Au long des semaines écoulées, nos ennemis ont défié la souveraineté de l’Etat d’Israël et mis en danger la sécurité de ses habitants, d’abord dans le sud du pays, puis à la frontière nord, et plus en profondeur à l’arrière.

Israël n’avait pas cherché ces confrontations. Au contraire. Nous avions fait beaucoup d’efforts pour les éviter. Nous étions revenus aux frontières de l’Etat d’Israël, reconnues par l’ensemble de la communauté internationale. Certains ont mal interprété notre désir de paix –pour nous-mêmes et pour nos voisins – et y ont vu un signe de mollesse. Nos ennemis ont mal interprété notre volonté de retenue et y ont vu un signe de faiblesse.

Ils ont eu tort.

Madame la Présidente, Membres de la Knesset,

L’Etat d’Israël n’a pas de conflit territorial, ni sur sa frontière sud, si sur sa frontière nord.

Dans ces deux régions, nous nous trouvons sur une frontière internationalement reconnue, tant en ce qui concerne l’Autorité palestinienne dans la bande de Gaza, qu’au Liban.

Nous n’avons pas l’intention de nous ingérer dans leurs affaires internes. Au contraire, la stabilité et la tranquillité, dans un Liban libre de domination étrangère, et dans l’Autorité palestinienne, sont de l’intérêt d’Israël.

Nous aspirons au jour où une alliance éternelle régnera entre nous, pour le bénéfice mutuel de nos peuples, des deux côtés de notre frontière commune.

La campagne dans laquelle nous sommes engagés ces jours-ci est dirigée contre des organisations terroristes qui opèrent à partir du Liban et de Gaza. Ces organisations ne sont que des « sous-traitants » qui opèrent sous l’inspiration, avec la permission et à l’instigation de l’Axe du Mal qui s’étend de Téhéran à Damas, et qui sont financées par ces Etats.

Le Liban a gravement souffert, dans le passé, lorsqu’il a permis à des puissances étrangères de jouer avec son destin.

L’Iran et la Syrie continuent encore à s’ingérer, à distance, dans les affaires du Liban et de l’Autorité palestinienne, par l’intermédiaire du Hezbollah et du Hamas.

Même si la criminelle attaque de mercredi dernier contre une patrouille de Tsahal a été perpétrée sans le consentement du Gouvernement libanais et sans l’assistance de son armée, cela ne l’exonère pas de toute responsabilité dans cette attaque, qui provenait de son territoire souverain.

De la même manière, le fait que le Président de l’Autorité palestinienne s’oppose au terrorisme contre Israël ne le dégage pas de sa responsabilité pour l’attaque perpétrée à partir de son territoire contre nos soldats, à Kerem Shalom. L’un et l’autre sont pleinement responsables de la sécurité de nos soldats pris en otages.

Des éléments radicaux, terroristes et violents, détériorent la vie de toute une région et mettent en danger sa stabilité. La région dans laquelle nous vivons est menacée par ces groupes terroristes meurtriers.

Il est de l’intérêt, régional autant qu’international, de prendre le contrôle de leurs activités et d’y mettre fin.

Nous pouvons tous voir à quel point la communauté internationale soutient notre combat contre les organisations terroristes, ainsi que nos efforts pour éliminer cette menace du Moyen-Orient.

Nous avons l’intention de le faire. Nous continuerons à agir avec toute notre force jusqu’à ce que nous y parvenions. Sur le front palestinien, nous mènerons une lutte infatigable jusqu’à ce que cesse la terreur, pour que Gilad Shalit puisse revenir chez lui sain et sauf, et pour que les tirs de roquettes Qassam prennent fin.

Et pour ce qui est du Liban, nous insisterons pour qu’il se conforme aux termes stipulés, il y a longtemps, par la communauté internationale, et tels qu’ils ont été exprimés, hier, sans équivoque, par les huit pays du monde les plus industrialisés :

• le retour des otages, Ehud (Udi) Goldwasser et Eldad Regev ;

• un cessez-le-feu total ;

• le déploiement de l’armée libanaise dans tout le sud-Liban ;

• l’expulsion du Hezbollah de la région, et l’exécution de la Résolution 1559 des Nations Unies.

Nous ne suspendrons pas nos actions.

Sur les deux fronts, nous exerçons notre droit à l’autodéfense, au sens le plus fondamental et essentiel du terme.

Nous voici parvenus à un instant national de vérité. Accepterons-nous de vivre sous la menace de cet Axe du Mal, ou rassemblerons-nous notre force intérieure et ferons preuve de détermination et de sérénité ?

Notre réponse est claire pour chaque Israélien, et elle se répercute, aujourd’hui, à travers toute la région.

Nous rechercherons chaque ensemble de bâtiments et prendrons pour cible tout terroriste qui concoure à attaquer les citoyens d’Israël ; nous détruirons toute infrastructure terroriste, où qu’elle se trouve. Nous continuerons jusqu’à ce que le Hezbollah et le Hamas se conforment à ces normes fondamentales et décentes, que tout être civilisé exige d’eux. Israël n’acceptera pas de vivre sous la menace des missiles ou des roquettes qui visent ses habitants.

Citoyens d’Israël,

Il y a des moments, dans la vie d’une nation, où l’on est obligé de regarder la réalité en face et de dire : ça suffit !

Et je dis à tous : ça suffit !

Israël ne sera plus pris en otage, ni par des gangs terroristes, ni par une autorité terroriste, ni par un Etat souverain.

Dans la vie d’une nation, il y a des instants de transcendance, de purification, où les controverses politiques et partisanes qui nous divisent cèdent la place à un sentiment de responsabilité mutuelle. J’estime hautement et j’apprécie la manière dont l’opposition s’est comportée, ces jours-ci, à la Knesset. La compétition humaine et les rivalités personnelles se dissipent et, à leur place, se fait jour la perception de notre responsabilité mutuelle, de notre sens du partenariat, et surtout notre amour éternel pour notre peuple et notre terre.

Tel est l’instant où nous nous trouvons.

Juifs, musulmans, chrétiens, Druzes et Circassiens, nous nous dressons comme un seul homme, une seule nation, tous ensemble en butte à la même haine, à la même méchanceté, et nous les combattons avec unanimité et solidarité. Quand des missiles sont tirés contre nos habitants et nos villes, notre réponse sera la guerre, avec toute la force, la détermination, le courage, l’esprit de sacrifice et la générosité qui caractérisent cette nation.

Il n’est rien que nous désirions plus que la paix et des relations de bon voisinage, à l’est au nord et au sud. Nous cherchons la paix, nous la poursuivons et nous y aspirons. Mais en même temps, il n’est rien que nous abhorrions davantage qu’une tentative de nous nuire et de nous faire renoncer à notre droit de vivre ici, sur notre terre, en sécurité et en paix.

Au nom du peuple d’Israël, au nom de tous les habitants du pays, je me présente ici, aujourd’hui, Madame la Présidente, pour annoncer au monde que nous ne cherchons ni la guerre, ni une confrontation directe, mais que l’on ne nous en détournera pas si le besoin s’en fait sentir. Seule une nation qui peut défendre sa liberté la mérite vraiment. Nous avons droit à la liberté et quand il le faut, nous savons comment combattre pour elle et la défendre.

Mes collègues Membres de la Knesset,

La puissance de l’Etat d’Israël repose sur la force et les capacités de Tsahal. Cette force est notre garantie majeure pour la préservation et la défense de notre vie sur cette terre. Les meilleures ressources économiques et humaines de la société israélienne ont été investies pour créer cette force.

De ce lieu, je veux adresser l’expression de ma profonde gratitude, et de celle du Gouvernement et du peuple d’Israël, aux soldats et aux chefs militaires de Tsahal, aux services de sécurité, à la Police d’Israël, aux unités de sauvetage, aux pompiers et autres forces de sécurité.

Je vais lire un extrait de la « Prière pour le Bien des Soldats des Forces de Défense d’Israël ». Des millions de Juifs, en Israël et dans le monde, prient pour la sécurité et le succès de ceux qui défendent notre nation, depuis la frontière du Liban jusqu’au désert, et de la Méditerranée jusqu’aux abords de la Arava, sur la terre, dans les airs et sur la mer.

« Plaise au Tout-Puissant que les ennemis qui se dressent contre nous soient terrassés devant nous.

Que le Saint, Béni soit-Il, préserve et sauve nos combattants de toute peine et détresse, de tout dommage et de toute maladie, qu’Il bénisse et rende victorieuses toutes leurs entreprises.

Qu’il livre notre ennemi aux mains de nos soldats, qu’Il leur accorde le salut et les couronne de victoire. »

La force d’une nation ne se mesure pas seulement à ses capacités militaires. La force d’une nation se mesure à sa bonne conduite et à sa moralité, à sa solide et forte économie, à ses marchés modernes et en développement, à ses exportations de technologie et de produits à destination des marchés mondiaux les plus avancés, et à sa recherche universitaire novatrice. Dans tous ces domaines, chacun de nous a de bonnes raisons d’être fier.

Mais, par-dessus tout, la force d’une nation se vérifie dans les périodes d’épreuve, quand l’arrière devient le front, quand les citoyens du pays font preuve d’une patience et d’une endurance quotidiennes admirables, et permettent à la nation d’agir contre ses ennemis.

J’ai eu le privilège d’être témoin de ces forces intérieures, à l’époque où j’étais Maire de Jérusalem. Durant des années, notre capitale a été l’objet des plus meurtrières des attaques terroristes. La résistance, la patience et la retenue des habitants de Jérusalem et de la totalité des citoyens d’Israël sont exemplaires.

Je rappelle ici une conversation que j’ai eue avec Rudy Giuliani, qui était Maire de New York durant les attaques terroristes de Septembre 2001. Je l’ai appelé pour lui exprimer mes encouragements ainsi qu’à tous les habitants de New York, à la suite de l’effondrement des Tours Jumelles. Il m’a répondu : « Ehud, si les New Yorkais peuvent supporter cela, comme le font les habitants de Jérusalem [face aux attentats], alors, nous vaincrons le terrorisme ».

Madame la Présidente,

Mesdames et Messieurs les Membres du Parlement,

Citoyens d’Israël,

Même en ces jours, des centaines de milliers d’Israéliens se dressent sur la ligne de feu, comme des soldats sur le champ de bataille, pour défendre notre vie et notre honneur.

Pour nous, il est clair que les circonstances qui sont imposées aux habitants nous font obligation de pourvoir à leurs besoins spécifiques, sous tous les aspects. Le Gouvernement leur apportera partout une assistance immédiate.

Le Gouvernement d’Israël, sous ma direction, tire sa force de l’endurance du peuple israélien. Nous sommes une nation courageuse et résolue. Je suis fier – aujourd’hui peut-être plus que jamais – d’être un citoyen israélien.

Grâce à vous, nos ennemis affrontent une nation unie, dont les membres luttent côte à côte. Nous ne capitulons et ne nous affolons pas. Nous croyons en la justice de notre cause, parce qu’il n’y a pas de bataille plus juste ou plus morale que la nôtre – puisqu’il s’agit d’une lutte pour le droit à une vie pacifique et normale, comme tout autre être humain, toute autre nation et tout autre Etat.

Nous combattons pour le droit d’enfants comme Omer Pisachov (Z"L), de Nahariya, un enfant de sept ans qui voulait aller voir sa grand-mère, Yehoudit Itzkovich (Z"L) pour partager dans la joie le repas de Shabbat qu’elle lui avait préparé.

Nous combattons pour le droit de citoyens comme Shmuel Ben Shim’on (Z"L), 41 ans de Yokne’am, qui partait tous les matins pour son travail à l’atelier des trains à Haïfa, pour nourrir sa femme Nathalie et leurs jeunes enfants.

Nous combattons pour que des citoyens comme Monica Lerer (Z"L), 50 ans, de Nahariya, ait le droit de boire un café sur sa terrasse dans le pays où elle avait émigré en provenance d’Argentine.

Nous combattons pour que des petites filles comme Ella Abukasis – (Z"L), 13 ans, de Sdérot, aient le droit de jouer de la flûte et de lire des livres, comme Ella aimait le faire.

Nous combattons pour ce que chacun, dans un monde évolué, considère comme allant de soi et n’aurait jamais imaginé qu’il doive lutter pour l’exercer : le droit à une vie normale.

C’est un dur combat ! Il peut même devenir plus dur encore. C’est une épreuve douloureuse, et il se peut que nous ayons à supporter plus de souffrances encore. Un tel combat n’est jamais facile. Il est jalonné de douleur et de peines, de sacrifices et de victimes.

Mais nous n’envisageons pas de renoncer à notre aspiration à une vie normale. Nous ne nous excuserons pas de ce désir, et nous n’avons pas besoin de l’approbation de qui que ce soit pour nous défendre.

Citoyens d’Israël,

C’est un temps d’épreuve pour nous tous, et il est difficile.

L’Etat d’Israël a résisté à des épreuves plus complexes, et il en a triomphé.

Nous avons toujours su faire appel à notre force intérieure, à notre sérénité, à notre sagesse et à notre patience, pour l’emporter sur nos ennemis.

Pour finir, je voudrais m’adresser sur un mode plus personnel aux familles de Shalit, de Goldwasser et de Regev, les soldats qui sont détenus en otages par le Hamas et le Hezbollah.

Vous, et principalement vos enfants – nos enfants –, êtes toujours présents dans ma mémoire.

Mercredi dernier, il y a seulement cinq jours, à 10 h du matin, Aviva et Noam Shalit étaient dans mon bureau. Eux et moi, voulons, plus que toute autre chose, que Gilad revienne chez lui. Pendant que nous discutions de la situation, Aviva, Noam et moi avons reçu la douloureuse nouvelle de l’enlèvement d’Ehud (Udi) Goldwasser et d’Eldad Regev.

En partant, Noam et Aviva ont laissé une photo de Gilad, prise peu de temps avant son enlèvement.

Hélas, les photos des trois garçons sont maintenant sur mon bureau. A maintes reprises dans la journée, je regarde leurs visages, leurs yeux, et je les serre contre mon cœur. Je ne les oublie pas une seule minute. Ils étaient là-bas en notre nom et pour nous. Nous ferons tout et ne négligerons aucun effort pour les ramener à la maison. Nous le ferons, mais pas d’une manière qui encourage d’autres kidnappings.

Pratiquement personne ne peut comprendre la situation dans laquelle vous êtes. Même si nous ne nous parlons pas directement, je perçois et j’entends ce que vous voulez me dire, et je vous étreins avec amour, compréhension et accord.

La fonction qui est la mienne m’oblige, à prendre, en fin de compte, des décisions fatidiques pour la vie et parfois même pour la mort.

Je n’ai nulle autre force que celle que vous m’avez attribuée.

Je n’ai pas d’autre courage que celui que Dieu, ma foi en la justice de notre cause et mon sens de la responsabilité suprême, ont infusé en moi, et qui m’ont préparé à ces instants critiques.

Madame la Présidente,

J’ai devant moi l’image des garçons kidnappés, de ceux qui sont au front et sur la ligne de feu, de ceux qui, courageux et déterminés, combattent aujourd’hui, et qui pourraient être la cible de futurs kidnappings.

Nous les défendrons tous. C’est en leur nom que nous combattrons, et c’est en les ayant tous devant les yeux – les civils sous le feu, les combattants kidnappés et leurs familles – que nous continuerons, sans hésiter, sans capituler et sans perdre notre sang-froid, jusqu’à ce que nos objectifs soient atteints.

Je conclurai par la lecture d’un extrait du prophète Jérémie :

« Ainsi parle l’Eternel : une voix s’est fait entendre, lamentation et larmes amères, c’est Rachel qui pleure ses enfants ; elle refuse qu’on la console pour ses enfants, car ils ne sont plus.

Ainsi parle l’Eternel : cesse ta lamentation et essuie les larmes de tes yeux, car il y a une rétribution pour ta peine – Parole de l’Eternel –, ils vont revenir du pays de l’ennemi.

Il y a un espoir pour ton avenir – Parole de l’Eternel :

Tes enfants vont revenir dans leur pays. »

Nous vaincrons !

Source
Israël (Premier ministre)