Lors de la Conférence des Présidents ouverte à tous les députés, le Président Josep Borrell a appelé le Conseil affaires générales, qui se réunit aujourd’hui, à exiger un cessez-le-feu immédiat au Moyen-Orient. Les députés ont également condamné les bombardements meurtriers contre des cibles civiles, à Cana notamment, ainsi que le décès des quatre observateurs de la FINUL. Ils ont réitéré la déclaration de la Conférence des Présidents du 20 juillet dernier.

"Le Conseil doit adopter aujourd’hui une résolution claire demandant un cessez-le-feu immédiat des deux côtés ou sinon cela sera un échec pour l’UE. Le Conseil doit entendre la voix de ses citoyens qui attendent que l’UE joue pleinement son rôle dans la résolution du conflit", a déclaré le Président du Parlement européen Josep Borrell.

"Au Liban, l’UE est le seul acteur de confiance. C’est donc une situation cruciale pour la crédibilité de l’Union qui doit répondre aux attentes des gens et de la communauté internationale. Sinon, toute tentative de politique étrangère commune sera vouée à l’échec" a affirmé Erkki Tuomioja, Président du Conseil, lors de sa déclaration. "Compte tenu des événements, notre position doit être claire. Les propositions de conclusions qui seront débattues à la réunion du Conseil Affaires générales d’aujourd’hui contiennent un appel à un cessez-le-feu immédiat ainsi qu’une cessation des hostilités. Il faut également un accord politique plus vaste pour préparer l’envoi d’une force internationale, sous l’égide de l’ONU, pour aider le gouvernement libanais à prendre ses responsabilités. Notre objectif reste la feuille de route, avec deux Etats souverains dont un Etat palestinien viable, en paix avec ses voisins", a conclu le Président du Conseil.

Mme Benita Ferrero-Waldner, commissaire aux relations extérieures, a qualifié la récente escalade d’"injustifiée", réclamé un arrêt immédiat des violences et souligné que "la trêve de 48 heures avait été violée par les deux camps". Mme Ferrero-Waldner a également indiqué que l’UE doit parler d’une seule voix au Conseil. La commissaire a préconisé des mesures en vue de calmer la crise : libération de tous les otages et prisonniers, volonté de l’UE de jouer un rôle dans la force de stabilisation sous l’égide de l’ONU, respect par toutes les parties du droit international et application par elles des résolutions adoptées par les Nations unies. Enfin, les efforts déployés doivent englober la Syrie car "qu’on le veuille ou non, c’est un acteur influent". Elle a également plaidé pour que soient ouverts des "couloirs humanitaires" au Liban et a conclu en affirmant que "l’UE a le devoir d’atténuer les souffrances" dans cette région, que ce soit à Gaza, à Haïfa ou au Liban.

Hans-Gert Poettering (PPE-DE, DE) a déclaré que "la toile de fond historique est le traumatisme lié à l’Holocauste et au retour du peuple israélien sur leurs terres. Lors de la deuxième guerre mondiale, des millions d’Allemands ont aussi été chassés de Pologne et d’Ukraine. Notre objectif est de permettre à Israël comme aux palestiniens de vivre en paix. Mais le Hezbollah et la politique destructrice de l’Iran et de son président sont des menaces permanentes qui remettent en cause l’existence de l’Etat hébreu. Israël doit agir dans le cadre du droit international, avec des ripostes proportionnées sans escalade. Ce n’est pas le cas aujourd’hui", a rappelé le président du PPE. "Les Européens qui bénéficient de la meilleure image de marque et du plus grand capital confiance dans la région doivent faire pression pour que les deux soldats israéliens soient libérés et mettre en place une action humanitaire", a conclu Hans-Gert Poettering.

"Nous nous distancions de ceux qui sont responsables d’une telle attaque" a déclaré Martin Schulz (PSE, UK) pour qui "ces actions ont l’effet inverse de celui escompté". Quant aux efforts diplomatiques de l’administration Bush, M. Schulz a estimé que la semaine dernière avait marqué le "point d’étiage" de la politique étrangère dans la région. "Nous devons agir en Européens, nous devons adopter une position commune ; les Européens doivent être unis". Il a plaidé pour une résolution des Nations unies pour l’envoi d’une force de stabilisation et déclaré que l’UE devait être aux côtés des Nations unies après l’attaque "indigne" lancée contre leurs observateurs de l’ONU la semaine dernière et le saccage de leurs bureaux de Beyrouth dimanche.

"Il est temps de faire preuve d’autocritique, il est souvent question d’actions violentes perpétrées par le Hamas, mais qui a parlé du désarmement du Hezbollah ? Nous devons obtenir le respect de toutes les résolutions des Nations unies de la part de tous les partenaires de la région. La Syrie et l’Iran doivent participer à ce désarmement, nous devons donc demander un désarmement réaliste du Hezbollah avec le soutien de ces deux pays. Il est dans l’intérêt d’Israël de cesser de mener une politique unilatérale. Pour obtenir la paix, il faut négocier. L’histoire montre que lorsqu’il y a eu négociation, il y a eu des frontières stables, et le contraire en d’absence de négociation", a déclaré Daniel Cohn-Bendit (Verts/ALE, DE).

"C’est unanimement que les leaders du PE ont maintenant réclamé un cessez-le-feu immédiat. Il appartient désormais au Conseil de leur emboîter le pas", a estimé Dirk Sterckx (ADLE, BE). "Il ne peut y avoir au Proche-Orient de paix durable basée sur une solution militaire. Plus vite les protagonistes de ce conflit le comprendront, le mieux ce sera. Une fois la cessation des hostilités obtenue, on pourra s’atteler à la recherche d’un règlement politique. Le Conseil doit donner un mandat clair à Javier Solana pour participer à la conclusion d’un accord permettant qu’une paix durable s’instaure dans la région. Le Conseil doit donner son appui à la mise en place d’une force internationale de stabilisation en vue de maintenir et de garantir la paix. Il est important que ce mandat soit clair et précis".

"La déclaration de la Conférence des Présidents du PE, le 20 juillet dernier, a sauvé la face des institutions européennes, notamment vis-à-vis du Conseil qui avait adopté, quelques jours avant, une position indigne, calquée sur celle des Etats-Unis", a déclaré Francis Wurtz (GUE/NGL, FR). Parmi les demandes concrètes qu’il a adressées à la Conférence des présidents figurent : un cessez-le feu immédiat, une condamnation claire de la guerre menée par Israël, des discussions sur l’échange de prisonniers et des précisions sur le mandat confié à une force internationale "qui ne doit pas devenir une force d’agression et doit être déployée des deux côtés de la frontière". Il a conclu en rappelant qu’"en 1980, la Conseil européen de Venise créait l’événement en affirmant le droit à l’autodétermination du peuple palestinien".

Sean O’Neachtain (UEN, IE) s’est dit "réconforté" par les propos des autres orateurs et par le fait que "notre condamnation est unanime". Selon lui, nombreux sont les sympathisants d’Israël, même si la violence ne résoudra pas les problèmes de la région. Il a déclaré que "les alliés d’Israël étaient restés les bras croisés, ce qui avait exaspéré la situation". Il a condamné "l’attaque disproportionnée" dont ont été victimes des civils à Cana et lancé : "cela doit cesser". Il a réclamé un cessez-le-feu immédiat et demandé que le PE envoie un message signifiant que "Nous ne pardonnons pas la violence".

Irena Belohorska (NI, SK), représentant les Non-inscrits, a souhaité que le Conseil des ministres et la Commission adoptent une position aussi unie que le Parlement sur la crise actuelle au Moyen-Orient.

Source
Union européenne (Parlement européen)