Lettre ouverte à M. Nicolas Sarkozy
Ministre d’État, ministre de l’Intérieur

Monsieur le Ministre,

Vous n’avez eu de cesse depuis votre engagement dans la pré-campagne présidentielle à vous présenter comme un homme nouveau, répudiant des pratiques du passé largement contributives, selon vous, du discrédit de la classe politique en France.

Sur le plan international, vous vous étés présenté lors de votre émission sur TF1, dimanche 16 juillet 2006, à l’occasion du lancement de votre ouvrage d’été, comme un ami d’Israël.

Nous en prenons très volontiers acte de vos démarches et prises de position.
Toutefois, en tant que citoyens français, nous vous serions infiniment gré de nous apporter les précisions suivantes sur des sujets qui posent problème à tous ceux qui comme vous sont soucieux de la bonne gouvernance de la France :

Alors que l’armée israélienne a commencé à mobiliser, vendredi 23 juillet, ses réservistes pour la poursuite de ses opérations contre le Liban, comment envisagez-vous de concilier les engagements de votre conseiller pour les affaires des sans-papiers, M. Arno Klarsfeld, et ses obligations militaires en sa qualité de réserviste de l’armée israélienne ?

Concilier ses obligations militaires vis-à-vis d’Israël et ses fonctions auprès d’un membre du gouvernement français ?

Pensez-vous que M. Klarsfeld pourra continuer à conseiller utilement son ministre depuis le Sud-Liban, entre deux roquettes, et mener de pair ses activités militaires au Liban démoli par cette même armée israélienne ?

Le Conseil d’ةÉtat, conseiller juridique du gouvernement français, a-t-il été saisi pour qu’il se prononce sur le caractère juridique de cette situation qui, de fait, entraîne la France dans une situation de guerre, via Israël, contre des pays tiers (aujourd’hui le Liban et la Palestine), demain probablement d’autres ?

Aussi, dans le domaine de la régularisation des sans-papiers, vous avez exigé comme préalable à leur régularisation qu’ils rompent tout lien avec leur pays d’origine. Toutefois, dans le même temps, vous embauchez un Français de souche qui, plutôt que de servir le drapeau de son pays, effectue son service militaire dans un pays étranger, en l’occurrence Israël, non en exerçant une option de nationalité mais en demandant sa naturalisation.

Considérez-vous que cette dualité de situation juridique à des postes de responsabilité politique serait sans préjudice sur la visibilité et la crédibilité de la diplomatie française dans la zone ?

Monsieur le Ministre,

Nous vous remercions de toute l’attention que vous porterez à nos interrogations légitimes, espérant vivement que vous contribuerez par la pertinence de la haute idée que vous vous faites de la France, notre pays commun, à dissiper nos troubles et à nous montrer le chemin de la cohérence intellectuelle et morale au service de la collectivité nationale.

Très respectueusement.