Quand Hugo Chavez a été renversé par un coup d’État en 2002, la communauté internationale a condamné l’assaut contre l’ordre constitutionnel. Aujourd’hui où il fait face à un référendum de révocation en août 2004, c’est le gouvernement Chavez qui menace de saper la fragile démocratie.
L’annonce récente de Chavez précisant qu’il accepterait un référendum national sur la fin de son mandat a provoqué l’attention de l’opinion internationale, tout comme le récent sondage montrant qu’il pourrait bien remporter le scrutin. En revanche, la nouvelle loi qui pourrait lui donner un avantage décisif au moment de décompter les votes n’a pas provoqué de réactions. Cette loi fait passer les membres de la Cour suprême de 20 à 32, autorise la coalition gouvernementale de Chavez à utiliser sa maigre majorité pour disposer d’une majorité écrasante dans cette cour et autorise sa coalition à annuler les nominations des membres de la cour y siégeant.
Or c’est cette cour qui déterminera finalement l’aboutissement du référendum et qui décidera, si Chavez était battu, s’il a le droit, ou non de se représenter. Compte tenu du pouvoir de cette cour sur les juridictions inférieures, c’est l’indépendance de tout le pouvoir judiciaire qui est remise en cause. Les partisans de Chavez la justifient en rappelant que la Cour suprême a pris des décisions discutables comme l’acquittement de militaires impliqués dans le coup d’État de 2002. Il est vrai que certains juges ont favorisé l’opposition, mais Chavez et ses partisans auraient alors dû renforcer l’indépendance du pouvoir judiciaire au lieu de favoriser leurs intérêts.
L’Organisation des États américains doit s’appuyer sur sa charte pour condamner cette politique.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« A Supreme Effort To Stop a Recall », par José Miguel Vivanco et Daniel Wilkinson, Washington Post, 22 juin 2004.