Si nous pouvions revivre les évènements d’il y a dix ans au Rwanda et que nous avions alors la certitude que cela conduirait à la mort de 800 000 personnes, on peut penser, vu les déclarations des dirigeants mondiaux sur le sujet, que les choses seraient très différentes. Pourtant, en 2004, comme en 1994, la communauté internationale est sur le point de faire une erreur tragique au Soudan.
Le Darfour, une région de l’ouest du Soudan de la taille du Texas, est le site de la pire crise humanitaire dans le monde aujourd’hui. Depuis décembre, le gouvernement arabe du Soudan s’est associé au Janjaweed, des milices arabes, pour combattre une insurrection au Darfour en pratiquant un nettoyage ethnique contre les populations noires : 1,1 million de personnes ont été déplacées et 30 000 sont déjà mortes. Selon l’Agence des États-Unis pour le développement international, 320 000 pourraient mourir d’ici à la fin de l’année. Face à la catastrophe, le gouvernement de Khartoum et les milices continuent de bloquer l’aide humanitaire et les destructions se poursuivent.
L’administration Bush a dénoncé cette situation et a pris des mesures admirables comme des pressions diplomatiques et le département d’État a déclaré que le gouvernement soudanais se trompait s’il pensait vraiment disposer d’un passe-droit au Darfour en échange de la paix dans le Sud. Toutefois, alors que la saison des pluies approche, nous devons faire plus et nous devons le faire maintenant. Le Conseil de sécurité doit exiger que le gouvernement soudanais cesse toute violence contre les civils et laisse les personnes déplacées rentrer chez elles. Sans cela, le gouvernement sera sanctionné. Des forces de maintien de la paix doivent être déployées au Darfour. En plus d’actions entamées par le Conseil de sécurité, les États-Unis doivent mettre en place leurs propres sanctions.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« It’s Happening Again », par Mike DeWine et John McCain, Washington Post, 23 juin 2004.