« Nous sommes en train de perdre l’Afghanistan. Cinq ans après, la victoire tourne-t-elle à la défaite ? » titre l’édition internationale de Newsweek, datée du 2 octobre 2006.

Le lecteur a de quoi être désarçonné : voilà cinq ans que Newsweek martèle que les États-Unis et le Royaume-Uni sont intervenus en Afghanistan en réplique aux attentats du 11 septembre parce que ce pays aurait hébergé et protégé les commanditaires. Il n’a jamais été question de « gagner » en Afghanistan, mais au contraire de soutenir la lutte de « l’Alliance du Nord » pour libérer le pays de la dictature obscurantiste des Talibans. On avait réalisé de beaux reportages où l’on voyait des hommes heureux faire la queue chez le barbier pour se faire raser et jouir enfin de la liberté, tandis que de jeunes filles dévoilées découvraient les derniers tubes à la mode à la radio. L’OTAN avait envoyé 40 000 hommes sur place pour stabiliser le pays et les GI’s se faisaient photographier distribuant des chewing-gum aux enfants. Enfin, on avait organisé devant la presse internationale des élections, signe que la démocratie était établie.
Soudain, les Talibans seraient de retour et sur le point de vaincre l’OTAN.

D’où un certain nombre de questions auquel le lecteur ne trouvera aucune réponse dans Newsweek : Serait-il exact que l’invasion de l’Afghanistan avait été planifiée avant le 11 septembre et visait à contrôler la route menant de la mer Caspienne à l’Océan indien ? Se pourrait-il que les Talibans n’aient pas été renversés par le peuple afghan, mais que les tadjiks aient ravis le pouvoir aux pachtounes ? Se pourrait-il que le président Hamid Karzaï ait été imposé par les États-Unis à la suite d’un tour de passe-passe ? Est-il exact que les néo-conservateurs souhaitent disloquer l’Afghanistan et le Pakistan pour créer un nouvel État, le Baloutchistan ? Et enfin, se pourrait-il que les insurgés ne soient pas des Talibans, mais des patriotes opposés à ce démembrement ?

Non seulement les lecteurs de l’édition internationale de Newsweek ne trouveront aucune réponse à ses questions dans l’hebdomadaire, mais les lecteurs de l’édition US du magazine n’auront pas se les poser : le dossier et la couverture ont été retirés de l’édition états-unienne. Après cinq ans de mensonges, la vérité est trop difficile à expliquer.