Dans son édition du 25 septembre 2006, le journal israélien Yediot Aharonot, affirme que le Premier ministre israélien Ehud Olmert a rencontré un haut dignitaire saoudien afin de discuter de l’Iran et du Liban. Le quotidien a sous-entendu qu’Ehud Olmert aurait rencontré le prince Bandar bin Sultan bin Abdulaziz Al Saud en Jordanie. Ami personnel de la famille Bush (photo : rencontre à la Maison Blanche en août 2002), le prince Bandar a été pendant plus de 20 ans l’ambassadeur saoudien aux États-Unis et est aujourd’hui secrétaire général du Conseil de sécurité nationale saoudien. Les gouvernements des deux États ont démentis ces affirmations d’une façon ambiguë. En effet, Ehud Olmert a refusé de répondre aux questions portant sur cette rencontre, mais a salué « la sagesse et le sens des responsabilités » du roi Abdallah.

Si le quotidien israélien et les journaux occidentaux ayant fait échos de cette rencontre interprètent ce possible rapprochement comme un signe de l’inquiétude saoudienne face à la « menace » que représenteraient selon eux l’Iran et le Hezbollah, une toute autre interprétation est possible. Rappelons que pendant l’attaque israélienne contre le Liban, le Premier ministre Fouad Siniora a joué un jeu trouble et qu’il est aujourd’hui accusé de trahison par le Courant patriotique libre de Michel Aoun, le Hezbollah d’Hassan Nasrallah, Amal de Nabih Berri et le PSNS d’Ali Quanso. Or, M. Siniora est le fondé de pouvoir des principales sociétés du clan Hariri, au conseil d’administration desquelles siègent -outre Saad Hariri et sa sœur Bahia- le père, le frère, les deux sœurs, l’épouse, le beau-frère etc. du Premier ministre… ainsi que le prince Abdel Aziz d’Arabie saoudite.

Cette information accrédite un peu plus le rôle joué par l’Arabie saoudite dans la guerre israélo-libanaise : Riyad aurait vu d’un bon œil une opération militaire contre le Hezbollah, sous réserve qu’elle n’endommage pas les propriétés communes du clan Hariri et de la famille royale saoudienne. D’autant que l’Arabie saoudite exerce une influence dans le monde musulman grâce aux organisations conservatrices wahhabites, opposées aux organisations révolutionnaires chiites comme le Hezbollah.

Tout au long de la Guerre froide, les États-Unis, sous l’impulsion de Robert Strausz-Hupé puis d’Henry Kissinger, se sont appuyés dans la région sur le triangle Israël-Arabie soudite-Turquie et ont tenté d’y créer une zone de libre-échange. Même si cette période est révolue, les liens entre les trois pays restent étroits. Ainsi les échanges commerciaux entre Israël et l’Arabie saoudite se sont accrus de 30 % ces cinq dernières années.