L’entrée du parti d’extrême droite Yisrael Beiteinu d’Avigdor Lieberman (photo) dans la coalition gouvernementale en Israël, en novembre 2006, a provoqué la démission du ministre travailliste des Sciences et de la Technologie, Ophir Pines-Paz. Cependant, après de longues hésitations, le Parti travailliste a décidé de se maintenir au gouvernement tout en posant un geste qui le distingue de l’extrême droite. Il a donc désigné un arabe, Raleb Majad, en remplacement du ministre démissionnaire.

Immédiatement le Yisrael Beiteinu a mis en demeure le Premier ministre Ehud Olmert de refuser cette nomination. Par la voix d’Esterina Tartman, présidente de son groupe parlementaire, le parti d’extrême-droite a dénoncé « une atteinte mortelle contre le sionisme », soulignant que la présence sans précédent d’un non-juif au gouvernement remettait en cause le caractère juif de l’État d’Israël.

Cette polémique fait apparaître des conceptions contradictoires et antagonistes du sionisme. Pour la majorité des Israéliens juifs, le sionisme est une idéologie raciste et les ressortissants arabes israéliens ne sauraient être autre chose que des citoyens de seconde catégorie. Pour une minorité, le sionisme est au contraire une idéologie collectiviste dans laquelle des non-juifs peuvent être intégrés. Reste que pour ces derniers (à l’exception du ministre démissionnaire et de son courant), l’égalité entre juifs et arabes est accessoire au point de pouvoir gouverner avec le Yisrael Beiteinu et de maintenir les principales discriminations institutionnelles.