Un spot intitulé Soyons fermes avec l’Iran est diffusé par cinq cinémas parisiens en première partie de séance. Entre les publicités de Médiavision et les bandes annonces de prochains films à l’affiche, le public est sollicité par l’écrivain et lobbyiste israélien Elie Wiesel à propos du « danger nucléaire iranien » face auquel il faudrait envisager toutes les options.

Ce spot se situe dans le prolongement d’une campagne mondiale, animée par le ministère israélien des Affaires étrangères par l’entremise d’une association états-unienne, la Foundation for the Defense of Democracies (créée sur instruction d’Ariel Sharon au lendemain des attentats du 11 Septembre. Cf « Les trucages de la Foundation for the Defense of Democracies », Réseau Voltaire, 2 février 2005). Déjà, les 27, 28 et 29 septembre 2006, un collectif de personnalités avait publié dans Le Figaro, Le Point et Le Monde, un Appel aux dirigeants européens pour faire obstacle au retour de la barbarie (sic), c’est-à-dire pour isoler l’Iran en préparation d’une attaque de ce pays par Israël.

Ce point de vue était relayé par des tribunes des signataires de l’Appel : le 24 octobre Rémi Brague (un disciple du pape des néoconservateurs, Leo Strauss) dans Le Monde, le 30 novembre Bernard Henri Lévy dans sa chronique du Point, le 7 décembre Elie Wiesel toujours dans Le Point, le 15 décembre Pascal Bruckner (dont le nom ne figurait pas dans la première liste de signataires) dans La Croix.

Le 31 octobre 2006, ce collectif avait été reçu par le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy. La délégation était composée de Monique Atlan, Pascal Bruckner, Fabrice Chiche et Roger-Pol Droit.

Le 14 décembre, ce collectif avait organisé à l’Institut d’études politiques de Paris un meeting intitulé « L’Europe, le dossier iranien et la France » en présence notamment d’Elie Wiesel. Pascal Bruckner y appela au bombardement atomique de l’Iran.

Le spot projeté en février 2007 dans les cinq cinémas parisiens du groupe Les Écrans de Paris (L’Arlequin, Le Majestic Passy, l’Escurial, le Reflet Médicis, le Majestic Bastille) a été réalisé par Sophie Dulac Production. Contrairement à la réglementation en vigueur, il a été diffusé sans visa d’exploitation.
Sophie Rachline-Dulac, vice-présidente du groupe Publicis, est classée 281e fortune de France par le magazine Challenge. Elle est la petite-fille de Marcel Bleustein-Blanchet (fondateur de Publicis), la fille de l’écrivain Michel Rachline et la nièce d’Élisabeth Badinter. Elle a acquis en 2001 les cinq salles des Écrans de Paris avec l’aide de Jean Henochsberg (lui-même propriétaire des cinémas Le Saint-Germain, le Racine, le Balzac et La Pagode).

Pour cette campagne, la Foundation for the Defense of Democracies dispose de deux relais en France : l’homonyme Fondation pour la défense des démocraties et l’assocation d’élèves et anciens élèves de l’Institut d’études politiques de Paris, Le Cercle.
L’Appel a été coordonné par Monique Atlan, productrice de l’émission Un livre, un jour, sur France 3. Le meeting a été préparé par Fabrice Chiche, un chef d’entreprise qui préside l’association Le Cercle.

Plusieurs associations (dont EuroPalestine, le Réseau Voltaire, et Solidarité et progrès) ont saisi le procureur de la République de Paris, le préfet de police de Paris et le président du Centre national de la cinématographie à propos du spot Soyons fermes avec l’Iran. En effet, depuis la Libération, la législation interdit l’endoctrinement de la jeunesse, or le spot a été projeté à un public captif avant des films destinés à la jeunesse ; et, d’autre part, elle interdit la propagande étrangère de guerre.