S’exprimant devant la conférence des journalistes de couleur, John Kerry a vivement déploré qu’un million d’Afro-Américains aient été abusivement empêchés de voter à l’élection présidentielle de 2000. Dans son discours, reproduit par The Independent, il s’est engagé à ce que tous les noirs puissent voter en 2004 et à ce que leurs voix soient effectivement comptabilisées. Le lecteur sera une fois de plus surpris de la légèreté de cette déclaration : voici donc le champion des démocrates traitant le droit de vote comme il le ferait de l’accès à n’importe quelle facilité administrative locale. C’est que, rappelons-le, la Constitution des Etats-Unis ne reconnaît pas la souveraineté populaire, ni le droit de vote. Celui-ci relève de la législation interne de chaque État de sorte que de nombreux États réactionnaires l’ont indirectement retiré aux noirs dans les six dernières années. Les spectateurs du documentaire de Michael Moore, Farenheit 9/11, se souviennent également qu’en 2000, les députés du Black Caucus avaient demandé la révision du scrutin, mais qu’aucun sénateur n’avait accepté de leur accorder le parrainage requis pour cette procédure. Et bien sûr, surtout pas le sénateur John Kerry, qui accorda alors moins d’importance aux droits civiques des noirs et à la démocratie qu’au plaisir de voir éliminé son rival Al Gore.

Le respecté polémologue John Keegan dénonce dans le Daily Telegraph l’abandon des forces armées britanniques par le cabinet Blair. Celles-ci ne cessent de voir lui budget décroître alors même le cabinet les sollicitent de plus en plus souvent aussi bien pour entreprendre des guerres que pour pallier aux insuffisances des administrations civiles. Or, observe-t-il, il n’y a que les armées qui ne soient pas touchées par les scandales de gabegie et de corruption. Les crédits investis dans les armées le sont donc efficacement et utilement. L’auteur, qui jouit d’une grande estime dans les milieux militaires, s’exprime ici plus ou moins en leur nom. Toutefois, au-delà du corporatisme du propos, la rhétorique opposant la pureté et le dévouement des armées à la pourriture des civils manifeste une crise de confiance profonde envers les institutions démocratiques, conséquence directe des mensonges et de l’autocratie de Tony Blair lorsqu’il a envoyé ses hommes mourir en Irak.

Le politicien libanais maronite en exil Walid Phares assure que le leader chiite de la résistance irakienne, Moqtada al-Sadr, est un agent de Téhéran. Selon lui, l’Iran, la Syrie et le Hezbollah libanais ourdiraient ensemble un complot pour tenir la Coalition en échec et faire tomber le gouvernement d’Ayad Allawi. Cette analyse ne peut que ravir les lecteurs du Washington Times qui trouvent ainsi une explication rassurante des événements de Nadjaf : l’Empire du Bien à libéré l’Irak, mais continue à se heurter à des individus manipulés par l’Axe du Mal. Malheureusement, cette vision des choses est éloignée de la réalité : certes, Moqtada al-Sadr peut compter sur l’aide de ses voisins chiites, mais parce que ce sont des voisins conscients du danger, pas parce qu’ils sont chiites (le gouvernement syrien n’est d’ailleurs pas chiite). La résistance irakienne est aujourd’hui une résistance populaire et nationale, comme le fut celle des Vietnamiens, et l’hostilité à laquelle se heurtent les États-Unis n’a pas plus à voir avec la religion en Irak qu’elle ne reposait sur le communisme au Vietnam. Il est vrai que l’intérêt personnel de M. Phares n’est pas de tendre un miroir à ses lecteurs et de leur rappeler que les États-Unis ont envahi illégalement un État souverain, mais au contraire de les flatter pour qu’ils envahissent aussi le Liban et lui en donne les clefs.

Le professeur Louis Rene Beres se félicite du succès des tests du missile anti-missiles Arrow, conjointement réalisés par les Etats-Unis et Israël. L’État juif pourra ainsi se protéger de SCUD comme ceux que l’Irak tira contre lui, en 1991. Cependant les coûteux missiles Arrow étant parfaitement inefficaces face aux missiles actuels, ce nouveau gadget ne servira pas à grand-chose. Quoi qu’il en soit, l’auteur, qui s’exprime au nom du Projet Daniel regroupant des stratèges israéliens, soutient que la meilleure défense reste l’attaque. En conséquence, accusant l’Iran de « visées génocidaires », il préconise de recourir à « l’autodéfense par anticipation » : Israël devrait bombarder l’Iran et, en cas de riposte iranienne, exercer une seconde vague de bombardements, nucléaires cette fois.
Répondant d’ores et déjà à ces menaces, l’Iran, par la voix du commandant des gardiens de la Révolution, a annoncé qu’en cas de bombardement israélien, il répliquerait en attaquant les installations nucléaires secrètes israéliennes de Dimona. En d’autres termes, Téhéran, qui n’a pas de bombe atomique, entend exercer la dissuasion nucléaire en utilisant le pouvoir de destruction de son adversaire.

Enfin, le sous-secrétaire à la Défense, Douglas J. Feith, et l’éditorialiste Charles Krauthammer défendent dans le Washington Post le redéploiement des troupes US annoncé par le président George W. Bush. Il s’agit d’abandonner le dispositif conçu pendant la Guerre froide pour faire face à l’URSS au profit d’un nouveau système privilégiant la capacité de projection n’importe où dans le monde contre des « terroristes ». Ce programme a été critiqué par John Kerry que le mot « retrait » indispose.
Au passage, les deux auteurs se félicitent du retrait de 12 000 hommes stationnés à la ligne de démarcation entre les deux Corée. Ils admettent que seuls les hommes stationnés au Sud de la péninsule seront maintenus pour protéger les civils. Ce qui revient à dire qu’en cas d’attaque nord-coréenne, la population civile sud-coréenne -localisée entre les deux armées-serait d’abord anéantie ; les GI’s pourraient alors intervenir pour protéger les morts.