« Dans les circonstances graves où nous nous trouvons, il est important pour moi d’être aujourd’hui à Amman. D’abord pour des raisons humaines et personnelles. C’est en effet ici que vit et travaille Christian Chesnot depuis cinq ans. C’est ici que vient très souvent Georges Malbrunot. Tous les deux comptent dans cette ville beaucoup d’amis et je peux témoigner de l’émotion et de la solidarité unanime qui les entourent. On sait ici, encore plus qu’ailleurs, combien tous les deux sont sincèrement attachés, et depuis longtemps, à cette région qu’ils connaissent profondément, aux hommes et aux femmes qui y vivent, et en particulier leur attachement au peuple irakien.

C’est cette même solidarité ici en Jordanie que m’ont exprimé ce matin, le roi Abdallah et mon collègue et ami Marwan Moasher.

Mais au-delà, vous le voyez depuis quelques jours, cette solidarité et cette émotion, mais encore cette incompréhension s’expriment partout et de toutes parts dans les pays arabes et musulmans.

C’est le cas naturellement des dirigeants politiques et des peuples qui connaissent l’engagement traditionnel de la France pour la justice, pour la dignité et la souveraineté. En Palestine, bien sûr, en Irak où la France a toujours plaidé pour l’indépendence et la souveraineté de ce pays, et a toujours été solidaire de ce peuple et de ses souffrances.

Mais ce qui nous touche profondément, c’est également la solidarité et l’émotion qui s’expriment unanimement de la part des plus hautes autorités de l’islam. Nous entendons monter ces voix de la sagesse, ces déclarations des grande consciences de l’islam. Fidèles aux messages d’humanité et de tolérance de cette religion, ces voix appellent, elles aussi, à la libération de Christian Chesnot et Georges Malbrunot.

Et ces voix font écho aux mêmes appels de l’ensemble des musulmans de France, et en particulier des plus jeunes. Eux aussi prient pour la libération de nos deux compatriotes, et témoignent de ce qu’est la vérité de notre pays.

Cette vérité, l’honneur, l’histoire de notre pays, de la République française, sont de garantir à tous ceux qui vivent en France la même protection, la même liberté de conscience et de culte.

Voilà le message et la réponse de la France, de notre peuple, dans sa diversité et dans sa cohésion.

Voilà le message de tous ceux qui savent ce qu’est la France et ce qu’elle fait.

C’est ce message qui, inlassablement, est adressé à ceux qui ont une responsabilité dans le sort de Christian Chesnot et de Georges Malbrunot.

A nouveau, et comme vient de le faire le président Jacques Chirac ce matin encore, nous appelons à leur libération ».

Amman, 31 août 2004.