Depuis plusieurs semaines, les États-unis ont manifesté la volonté d’implanter un « système anti-missiles » en Europe de l’Est. Pour ce faire, des missiles à moyenne portée ont été installés en Pologne, ainsi que des radars en République Tchèque durant le début du mois d’avril, afin de prétendument contrer une attaque nucléaire de l’Iran.

En vérité, la probabilité qu’une telle attaque est nulle. D’une part parce qu’il n’existe pas plus aujourd’hui de programme nucléaire militaire iranien qu’il n’existait d’armes de destruction massive irakiennes en 2003 ; d’autre part parce que l’Iran ne possède pas non plus de lanceurs suceptibles de porter des charges jusqu’en Amérique ; et surtout parce que si des missiles étaient tirés de l’Iran vers les États-Unis, ils ne feraient pas le détour par l’Europe centrale, mais suivraient le chemin le plus court, celui du pôle Nord.

Sauf à ignorer la géographie, ce « système défensif anti-missiles » a pour seul usage possible d’intercepter des missiles russes tirés sur les États-Unis. Poursuivant un vieux rêve, le Pentagone espère échapper à la menace russe qui fonde l’équilibre de la terreur. Il continuerait alors à menacer le reste du monde, mais sans rien craindre en retour, accédant ainsi à la « domination globale et définitive » qu’il ambitionne.

Cette décision n’est donc pas tournée contre la seule Fédération de Russie. Elle ébranle aussi la sécurité de l’Europe. C’est pourquoi Washington s’est bien gardé de consulter ses alliés de l’OTAN avant d’implanter ses installations en Pologne et République tchèque.

Sans attendre, le chef d’état major russe s’est déclaré prêt à détruire ces nouvelles installations pour préserver l’actuelle paix armée. La Russie n’avait pas réagi lorsque, arrivé à la Maison-Blanche, George W. Bush décida unilatéralement de quitter l’Anti-Ballistic Missile Treaty (ABM). Elle ne peut admettre aujourd’hui que les États-Unis, déliés de leur parole, relancent la course aux armements.

Face au refus des États-unis de transiger sur la question, Vladimir Poutine a annoncé le 26 avril 2007 qu’il proposait un moratoire sur le Convention Force in Europe Treaty (CFE), réunissant tous les pays membres de l’OTAN et dont la Russie est également « signataire » (elle respecte le CFE…). « Je pense qu’il est nécessaire d’annoncer un moratoire sur la mise en œuvre effective du CFE jusqu’à ce que tous les membres de l’OTAN le ratifient et commencent à y adhérer strictement, comme le fait aujourd’hui la Russie unilatéralement », a-il déclaré.

Ce traité datant de 1990 prévoyait un effort de limitation des forces militaires en Europe entre l’OTAN et le Pacte de Varsovie, dont le nombre de tanks et d’avions militaires, de l’Atlantique à l’Oural. Au finale, ce sont près de 60000 unités terrestres et aériennes qui ont été détruites ; 2 millions et demi d’hommes qui ont été démobilisés.

En proposant ce moratoire, Vladimir Poutine veut s’assurer que tous les membres de l’OTAN respectent ce traité, y compris les États-unis, ou que la Russie soit elle aussi en mesure de rétablir une force militaire, mais sur un autre terrain : celui du redéploiement de ses forces aériennes et terrestres en Europe de l’Est.

Voir aussi : Tension militaire entre les États-Unis et la Russie .