La Syrie manipule le processus démocratique libanais avec un mépris sans précédent. Samedi dernier, à l’occasion d’une réunion extraordinaire du gouvernement, Rafik Hariri a annoncé qu’il avait été décidé de prolonger le mandat du président Émile Lahoud de trois ans. Cette décision a provoqué les réactions de protestation de la quasi-totalité de la communauté internationale. De plus, certains membres du Conseil de sécurité de l’ONU se demandent s’ils ne vont pas adopter une résolution demandant le respect de la souveraineté libanaise tandis que les membres de la diaspora demandent le respect de la constitution.
Cette décision du gouvernement montre combien Damas continue de contrôler le processus démocratique libanais, et quoi qu’en dise Bashar el-Assad, la décision de prolonger le mandat de Lahoud est une décision syrienne qui vise à renforcer la position de Damas vis-à-vis des États-Unis et d’Israël. Toutefois, cette décision pourrait déboucher sur une confrontation entre la Syrie d’un côté et les États-Unis et les libanais de l’autre. La Syrie croit cependant pouvoir conserver son candidat en poste en faisant valoir auprès des États-Unis qu’il contiendra le développement du Hezbollah. En réalité, son maintien renforcera l’axe Syrie-Iran-Hezbollah contre la Pax Americana dans la région. L’Iran se sert du Hezbollah comme d’une menace contre Israël en cas d’attaque par ce pays de ses installations nucléaires.
Ce n’est pas un hasard si cette décision intervient au moment où l’administration Bush est préoccupée par les élections et les difficultés en Irak. Toutefois, la Syrie a fait une erreur et cette décision l’entraîne vers une confrontation avec les États-Unis et les pays européens.

Source
Daily Star (Liban)

« The Syrians have made a big mistake », par Walid Phares et Robert G. Rabil, Daily Star, 1er septembre 2004.