Parmi les très rares articles de la presse anglo-saxonne consacrés à l’affaire des otages français, celui d’Helle Dale de la Fondation Heritage est le plus représentatif. Selon elle, la politique de la France vise à contenir sa population musulmane en la bridant à l’intérieur par l’interdiction du port du voile et en la flattant à l’extérieur en soutenant la cause arabe contre les États-Unis. Or, poursuit-elle dans le Washington Times, cette politique a trouvé ses limites avec l’enlèvement de journalistes français par des terroristes irakiens réclamant l’abrogation de la loi sur le voile. Plus souple que Villepin, Barnier va tirer les leçons de cette situation, abandonner la politique arabe et s’aligner sur les USA. Enfin, pas complètement car Chirac poursuit le rêve d’une alliance avec Berlin et Moscou pour contrebalancer Washington.
Ainsi, du point de vue de la Fondation Heritage, l’action de l’Armée islamique en Irak fait rentrer la France dans le giron états-unien et ne sert pas à défendre des intérêts irakiens. Ce qui en fait un allié objectif de Washington.

Yasmin Ataullah de l’Association des musulmans d’Angleterre, déclare dans le Guardian porter le voile pour affirmer pacifiquement sa foi et récuse l’amalgame commis par Bernard-Henry Lévy entre voile et violence. Ce même amalgame, elle le dénonce à propos de la prétendue Armée islamique en Irak qui prétend faire abroger la loi française en prenant des otages. Il ne s’agit pas d’assimiler BHL aux terroristes, simplement d’observer qu’ils diffusent le même message : l’islam est violent.

Jeffrey B. White, analyste au WINEP, souligne dans le Daily Star le danger que représente Moqtada al-Sadr pour le projet US en Irak. Bien qu’il ait essuyé des pertes disproportionnées, il a réussi à tenir tête aux forces du gouvernement irakien et de la Coalition. Sa milice a beaucoup appris dans les batailles successives et devient de plus en plus efficace en milieu urbain. En outre, le prestige qu’il a acquis lui permet de trouver de nouveaux combattants pour compenser ses pertes. Il est donc plus que jamais un problème et son cas, conclut M. White, doit être réglé directement par les troupes US. Dont acte. Cependant, contrairement à la propagande en cours, al-Sadr n’est pas un « radical », mais un nationaliste prudent. Il a su s’appuyer sur l’ayatollah Sistani pour trouver une issue aux combats et sauver ses miliciens promis à une mort certaine dans les ruines de Nadjaf. Il est probable qu’il repoussera, autant que faire se peut, une nouvelle confrontation armée. De ce point de vue, l’analyse du WINEP ne vise pas à l’anéantissement préventif d’un ennemi, mais à l’exclusion d’al-Sadr du processus politique, qui était précisément à l’origine du soulèvement de ses partisans. Dès avant la guerre, de nombreux auteurs anglo-saxons avaient mis en garde contre le discours de « d’exportation de la démocratie », soulignant qu’il n’était pas question de laisser les Irakiens décider par leur vote de porter des leaders chiites au pouvoir. Cela reste la stratégie de la Coalition indépendamment des questions militaires.

Enfin, la « menace » nord-coréenne suscite des analyses et des remèdes contradictoires. Les diplomates James E. Goodby et Donald G. Gross rappellent dans l’International Herald Tribune que Pyongyang ne cherche pas à agresser qui que ce soit, mais à s’armer pour se protéger. Il est donc possible de négocier avec la Corée du Nord comme avec la Libye en engageant des mesures unilatérales réciproques visant à atteindre l’objectif commun d’une démilitarisation régionale. Il n’est pas certain que l’on parviendra à un accord définitif, mais on fera baisser la tension et l’on sauvera la paix. Soyons sincères, note Frank Gibney dans le Los Angeles Times, cette crise n’existe que parce que les néo-conservateurs en ont besoin pour justifier de la poursuite de la Guerre des étoiles. Ils ne parviennent à faire financer ce programme coûteux, inutile et inefficace qu’en faisant passer les efforts légitimes de la Corée du Nord pour des menaces. Ils ne veulent pas d’une paix qui les priverait du seul argument dont ils disposent encore pour détourner le budget du Pentagone.