Les yeux du monde entier sont tournés vers la convention républicaine de New York. Pourtant, avec la politique étrangère comme enjeu principal de l’élection pour la première fois depuis 1972, l’issu du scrutin aura moins à voir avec le discours de George W. Bush à New York qu’avec la situation à Bagdad et Kaboul. Bush se présente comme l’homme qui a libéré l’Afghanistan et l’Irak, mais bien que ces deux pays s’avancent vers la démocratie, nous faisons encore face à des insurrections vicieuses.
D’un point de vue états-unien, on peut constater que plus les rébellions ont de succès, plus John Kerry a de chances de gagner. Voilà pourquoi il est probable que les guérillas mènent une offensive avant les élections : pour faire perdre George W. Bush. Elles ne trouvent pas Kerry plus sympathique mais elles ont une occasion de remporter une victoire en faisant chuter un président et elles doivent penser que Kerry sera moins résolu que Bush à combattre le terrorisme, puisqu’il a promis de retirer les troupes états-uniennes d’Irak au cours de son premier mandat.
En 1900 aux Philippines, puis en 1968 au Vietnam, des insurgés ont mené des offensives pour faire perdre un candidat. En mars dernier, les terroristes ont fait perdre le parti populaire en Espagne en commettant un attentat qui a bénéficié aux socialistes qui avaient promis le retrait des troupes d’Irak. Il est douteux cependant qu’un attentat sur le sol des États-Unis provoque une réaction à l’espagnole ; l’apaisement ne fait pas partie de l’ADN états-unien. La réaction de l’électorat serait sans doute plus proche de celle des Israéliens : voter pour le candidat le plus belliqueux. Mais que se passerait-il si une attaque avait lieu en Irak ou en Afghanistan ?
Durant l’année qui vient de s’écouler, le destin politique de Bush s’est lié à celui du terrain. Il a été au plus haut au moment de la capture de Saddam Hussein et au plus bas au moment de l’annonce des sévices à Abu Ghraib. Par conséquent, Bush a laissé Faloudja devenir une enclave de type talibane et a évité le combat avec Sadr, renforçant son prestige, afin d’éviter des violences préélectorales qui auraient détourné les électeurs de lui. Les jihadistes regardent CNN et connaissent la vie politique états-unienne, aussi peut-on s’attendre à une offensive d’octobre.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)
The Age (Australie)

« The terrorists’ October surprise », par Max Boot, Los Angeles Times, 2 septembre 2004.
« The terrorists’ October surprise », The Age, 4 septembre 2004.