Les meurtriers de masse de Beslan ont commis l’un des crimes terroristes les plus haineux de l’histoire. Vladimir Poutine a raison de déclarer qu’il ne cèdera pas à leurs demandes. Pourtant, Poutine et l’État qu’il construit en Russie ne semblent pas capables de protéger leurs citoyens et de mettre les assassins face à la justice. Il faut que Poutine réévalue sa stratégie pour combattre le terrorisme ou construire un État opérationnel. En effet, sa politique a surtout consisté pour l’instant à éliminer tous les contrepouvoirs au pouvoir présidentiel, pas à renforcer les institutions. Toutes les réformes de Poutine ont eu vocation à affaiblir les institutions et à renforcer le Kremlin, créant ainsi un État autoritaire et corrompu, un État autoritaire sans autorité, incapable de répondre efficacement au drame de Beslan.
Beslan a été la plus horrible des attaques terroristes en Russie, mais ce n’était pas la première et les Russes doutent de la capacité de leurs forces de sécurité et connaissent la corruption de leur police. Les institutions locales, affaiblies, ont été incapables de réagir et le seul à avoir réagi a été limogé pour avoir fait preuve de trop d’indépendance. La presse muselée n’a pas pu rendre compte des évènements et le seul journal à l’avoir fait, Izvestia, a vu son rédacteur en chef limogé immédiatement après.
Le pouvoir de Poutine est trop centralisé pour évoluer et il refuse de discuter avec les Tchétchènes nationalistes qui combattent Al Qaïda dans la région. Le drame de Beslan pourrait entraîner un changement en Russie, mais on ignore encore dans quel sens.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« State of Siege », par Michael McFaul, Washington Post, 12 septembre 2004.