Quelles sont les preuves de cette menace terroriste qui domine la campagne présidentielle ? En trois ans, nous n’avons pas subi d’attaques sur notre sol. Les décès pour cause d’actes terroristes ont augmenté ces derniers temps avec la pris d’otage de Beslan, mais restent de l’ordre de 1000 morts par an dans le monde, d’après le département d’État. En comparaison, on compte 15 000 meurtres par an aux États-Unis et 40 000 morts dans des accidents de voitures sur notre territoire. L’administration analyse ces chiffres en affirmant que nous sommes en train de gagner la guerre au terrorisme. Ils ont peut-être raison, peut-être qu’il y aurait eu des attaques sans l’action de notre gouvernement. On ne sait pas.
Ce qu’on sait en revanche, c’est que la menace terroriste, tout comme les attaques de requins, sont des dangers largement surestimés en comparaison des accidents de la circulation. Nous avons pourtant sacrifié des libertés civiles et le soutien de la communauté internationale à la lutte contre cette menace. Mais peut-être avons-nous eut raison et que c’est ce qui fait que nous n’avons pas subi de nouvelles attaques. Pour les statistiques, ces questions sont résolues par l’existence de « preuves négatives » : quand vous perdez vos clefs, plus vous fouillez une pièce sans les trouver, plus il y a de preuves négatives qu’elles ne s’y trouvent pas. Il y a de bonnes preuves négatives qu’il n’y a pas de monstres sous le Loch Ness et pas d’armes de destruction massive en Irak. Avec la menace terroriste, on peut faire une étude similaire.
Il est difficile de se faire une idée précise de la menace terroriste, mais les statistiques nous enseignent que la plus grande menace pour vous, c’est ce conducteur à côté de vous qui est en train de téléphoner.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« Terror Threat May Be Mostly a Big Bluff », par Bart Kosko, Los Angeles Times, 13 septembre 2004.