Tendances et évènements régionaux

Observateurs et analystes décortiquent le discours israélien et états-unien destiné au président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, depuis la fin sanglante de l’accord inter-palestinien de la Mecque. Abbas doit participer lundi aux côtés du Premier ministre israélien à un sommet quadripartite (en plus de la Jordanie et de l’Égypte) censé lui apporter une forte dose de soutien.
Le président de l’Autorité palestinienne a sollicité un appui politique ferme et pratique à ce qu’il a appelé la « lutte contre le terrorisme », c’est-à-dire la répression des mouvements palestiniens de résistance à travers une panoplie de mesures allant des actions militaires aux pressions politiques, économiques et administratives. Première décision dans ce cadre, la « dissolution des milices » décrétée par le cabinet de crise mis en place par Abbas. Mais le chef de ce gouvernement, Salam Fayyad, sera confronté à de sérieux problèmes au sein même du Fatah dont la branche armée, les Brigades Al-Aqsa, voient d’un mauvais œil cette décision.
Mahmoud Abbas est connu depuis longtemps pour son hostilité à l’égard de la lutte armée des Palestiniens. Pour l’instant, ses amis Israéliens et États-uniens n’ont mis à sa disposition que des moyens financiers et en armement modestes, qu’il se doit d’utiliser exclusivement pour pourchasser les résistants qui seront privés de toute légitimité.
George Bush et Ehud Olmert croient pouvoir convaincre MM. Abbas et Fayyad d’accepter ce que Yasser Arafat avait toujours refusé de faire : réprimer les mouvements de résistance sans que les droits nationaux des Paletiniens ne leur soient restitués. Dans le même temps, les opérations militaires israéliennes se poursuivent dans la Bande de Gaza et en Cisjordanie.

Presse internationale

CLARIN (QUOTIDIEN ARGENTIN)
Dans un article qu’il a signé, le célèbre écrivain états-unien, Naom Chomski, pense qu’une éventuelle attaque contre l’Iran provoquera une troisième guerre mondiale. L’Iran n’est pas capable de stopper une offensive US mais il peut riposter par d’autres moyens, notamment en déstabilisant encore davantage l’Irak. George Bush et son administration ont provoqué une catastrophe inimaginable dans ce pays, où ils sont incapables d’édifier un État dans lequel ils auraient une forte influence. De même que les États-uniens ne peuvent pas se retirer sans risquer de perdre leur contrôle des ressources énergétiques au Moyen-Orient. Washington pourrait tenter de déstabiliser la situation interne en Iran en encourageant des courants séparatistes dans des régions à fortes majorités arabes
La plupart des réserves pétrolières et gazières mondiales sont concentrées dans une région proche de l’Iran. Que ce pays contrôle ces réserves constitue le pire cauchemar pour les Etats-Unis.

SUNDAY TIMES (HEBDOMADAIRE BRITANNIQUE)
La force de dissuasion nucléaire britannique indépendante était justifiée par la présence de l’Union soviétique. La politique de Tony Blair dans ce domaine illustre sa nostalgie envers une époque révolue. Le Premier ministre était-il bien réveillé ces deux dernières décennies pour croire que la menace soviétique est toujours présente ?

FINANCIAL TIMES (QUOTIDIEN BRITANNIQUE)
Le regard que portera l’histoire sur le président russe Vladimir Poutine dépendra du fait s’il quittera son poste l’année prochaine conformément aux dispositions de la Constitution ou si, au contraire, il décide de rester. Le jugement que l’on peut porter sur la Russie dépend de l’évolution de la situation. Si l’économie continue à s’améliorer et si les entraves placées devant la liberté ne sont que provisoires, Poutine sera considéré comme le sauveur de la Russie. Le président russe jouit d’une très grande popularité. Les Russes le créditent du retour de la stabilité et de la grandeur nationale de leur pays. Les électeurs sont prêts à voter Poutine pour un troisième mandat.

MAARIV (QUOTIDIEN ISRAELIEN)
 Michael Williams, l’émissaire du secrétaire général des Nations unies, a joué le rôle de messager entre Tel-Aviv et Damas. Il a informé le Premier ministre Ehud Olmert que la Syrie était disposée à reprendre les négociations de paix sans conditions préalables. Mais les autorités syriennes ont démenti l’existence de contacts bilatéraux et de toute rencontre entre le ministre des Affaires étrangères Walid Moallem et des responsables israéliens.
 L’ancien ministre de la Défense, Moshé Arens, a qualifié d’enfer rouge la situation à Gaza. Les Israéliens se font des illusions quand ils affirment qu’ils n’ont rien à voir avec ce qui s’est passé dans la Bande. La politique malsaine de l’État hébreu, même si elle était motivée par de bonnes intentions, est en grande partie responsable des derniers événements. Mais la route de l’enfer n’est-elle pas pavée de bonnes intentions ? Le gouvernement israélien a commis des erreurs successives et a mal évalué la réaction des Arabes aux mesures israéliennes destinées à réduire la tension dans la région.

Presse arabe

AL-BAYAN (QUOTIDIEN EMIRATI)
Dans un article qu’il a signé, l’écrivain britannique Patrick Seale ne croit pas à un prochain désengagement états-unien d’Irak. La construction des bases US dans ce pays se poursuit d’arrache-pied et coûte plus d’un milliard de dollars par an. Depuis l’invasion de l’Irak, l’armée états-unienne possède 110 bases dans ce pays. Elles seront renforcées par 14 grandes bases permanentes, essentiellement construites dans le Nord du pays et près de l’aéroport de Bagdad.

AL-KHALEEJ (QUOTIDIEN EMIRATI)
La presse israélienne a rapporté une information sur une réunion entre le ministre israélien des Sciences, Ghaleb Majali, et le ministre libanais de l’Education et de l’Enseignement supérieur, Khaled Kabbani (proche du clan Hariri). La rencontre aurait eu lieu au Caire en marge des travaux d’une Conférence euro-méditerranéenne sur les moyens de développer l’enseignement supérieur. Selon les journaux israéliens, cette rencontre a provoqué une brèche dans l’isolement arabe de l’État hébreu. Maariv a de son côté estimé que cette affaire va susciter une vive polémique au Liban. Le quotidien ajoute que MM. Majali et Kabbani ont convenu que cette rencontre devrait être suivie d’autres réunions.

AL SHARQ AL AWSAT (QUOTIDIEN SAOUDIEN)
Un sommet quadripartite réunissant Mahmoud Abbas, le Premier ministre israélien Ehud Olmert, le roi de Jordanie Abdallah II et le président égyptien Hosni Moubarak aura lieu dans la station balnéaire de Charm el-Cheikh, sur le mer Rouge, a annoncé le porte-parole de la présidence palestinienne.
« Ce sommet quadripartite aura lieu lundi en Égypte sur invitation du président Moubarak », a déclaré Nabil Abou Roudeina.
Israël, l’Égypte, et la Jordanie ont confirmé cette rencontre, la première à ce niveau depuis un sommet quadripartite similaire qui avait réuni le 8 février 2005, également à Charm el-Cheikh, l’ex-Premier ministre israélien Ariel Sharon ainsi que les mêmes trois dirigeants arabes.
« Le sommet vise à donner une impulsion à la relation entre l’Autorité palestinienne et Israël », a affirmé au Caire le chef de la diplomatie égyptienne Ahmed Aboul Gheit.
M. Olmert a émis l’espoir que le sommet débouche, avec l’appui des États-Unis, sur « la mise en place d’une plate-forme permettant un nouveau départ entre nous et les palestiniens ».
« Nous voulons que ce sommet débouche sur la levée du blocus économique et la levée des barrages » israéliens en Cisjordanie, a dit un autre proche collaborateur de M. Abbas, Yasser Abed Rabbo. « Le sommet sera plus nuisible qu’utile s’il s’achève sans résultats concrets », a-t-il ajouté.
Israël gèle depuis l’entrée du Hamas au gouvernement palestinien en mars 2006 des dizaines de millions de dollars collectés chaque mois au nom de l’Autorité palestinienne en revenus fiscaux et douaniers. Les sommes gelées totalisent à présent plus de 600 millions de dollars.
Israël maintient en outre plus de 500 barrages militaires en Cisjordanie, morcelant et entravant sérieusement la liberté du mouvement dans ce territoire où le Fatah, le parti de M. Abbas, s’efforce d’asseoir son autorité après la prise du pouvoir par les islamistes du Hamas le 15 juin dans la bande de Gaza.

AL-AKHBAR (QUOTIDIEN LIBANAIS)
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a clôturé sa mission au Liban par une rencontre avec le secrétaire général du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, après une série de réunions avec des personnalités chrétiennes du 14-mars. M. Moussa a ensuite fait le point de ses entretiens au Liban avec le président du Parlement, Nabih Berri (Opposition), qui s’est montré moins optimiste qu’auparavant à cause de l’impression qui s’est dégagée sur le refus du 14-mars d’aboutir à une entente politique. Le secrétaire de la Ligue a aussi rencontré le chef du Conseil supérieur chiite, cheikh Abdel Amir Kabalan.
Les idées véhiculées par la délégation arabe ne sont pas susceptibles d’être transformées en initiative complète. M. Moussa attend de terminer un dernier round de pourparlers avec les parties concernées avant d’annoncer les résultats de sa visite au Liban. Mais des sources bien informées ne se font pas d’illusion sur les résultats de cette démarche.

Résumé des journaux télévisés arabes

AL-JAZEERA (CHAINE QATARI)
La délégation de la Ligue arabe en visite au Liban a prolongé d’une journée son séjour pour poursuivre ses efforts destinés à convaincre les différentes parties libanaises de reprendre le dialogue. Mais les chances de réussite de cette médiation s’amenuisent.

AL-ARABIYA (CHAINE SAOUDIENNE)
Un groupe d’ouléma pakistanais a accordé son plus haut titre au chef de l’organisation Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, en riposte à la distinction honorifique accordée par la reine Elizabeth II à l’écrivain Salman Rushdie.

AL-ALAM (CHAINE IRANIENNE ARABOPHONE)
L’armée d’occupation US a annoncé la mort de 14 de ses soldats en deux jours en Irak lors d’attaques séparées.

AL-HURRA (CHAINE ARABOPHONE DU DEPARTEMENT D’ETAT)
La secrétaire d’État, Condoleezza Rice, se rend à Paris vendredi pour examiner avec les responsables français le dossier de la crise libanaise, ainsi que la situation dans le Darfour.

LA CHAINE SATELLITAIRE SYRIENNE
Le président syrien Bachar el-Assad a mis l’accent sur le rôle politique et économique de l’Europe dans le règlement des problèmes du Moyen-Orient. Le chef de l’Etat a tenu ces propos lors d’une rencontre avec le président de la Commission parlementaire des Affaires étrangères au Parlement autrichien, Caspar Einem.

Talks shows audiovisuels arabes

AL-ARABIYA (CHAINE SAOUDIENNE)
Conférence de presse de Farouk al-Chareh, vice-président syrien
 La fermeture hier (mercredi) d’un poste-frontière avec le Liban, ne signifie pas que la frontière avec ce pays sera fermée.
 La fermeture de la frontière avec le Liban est une mesure de taille. Elle ne sera faite que si les relations syro-libanaises se dégradent de manière irrémédiable.
 Personne ne pourra amener la Syrie à fermer sa frontière avec le Liban ou à s’engager dans un conflit armé avec ce pays.
 Nos alliés au Liban sont plus puissants que les autres parties. Mais nous encourageons l’entente nationale.
 La Syrie souhaite une entente nationale au Liban, c’est-à dire un gouvernement d’union nationale, sinon il n’y aura pas de stabilité.
 Le Liban doit régler ses propres problèmes. Il n’y aura pas de résultat sans consensus national. Nous sommes rassurés par le fait qu’il y a des forces politiques au Liban qui connaissent l’intérêt véritable de leur pays et l’importance des relations syro-libanaises.

Tendances et évènements au Liban

Après que le vice-président syrien, Farouk al-Chareh, eut exclu une rupture totale des relations avec le Liban, l’inquiétude véhiculée par les médias libanais sur l’éventuelle fermeture du dernier poste-frontière encore ouvert entre les deux pays -celui de Masnaa- s’est dissipée.
Une telle fermeture aurait pu avoir de graves conséquences pour les industriels et les commerçants, ainsi que pour le transit des marchandises vers les pays du Golfe et la Turquie, qui représente une des principales recettes du Trésor.
Dans le même temps, les relations entre le Liban et la Syrie étaient au centre des entretiens qu’a eu avec les différentes parties libanaises la délégation de la Ligue arabe conduite par Amr Moussa. La réunion la plus importante a eu lieu en soirée entre M. Moussa et le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah. Sayyed Nasrallah a fait un exposé exhaustif des développements au Liban depuis l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, le 14 février 2005. Il a insisté sur la nécessité de former un gouvernement d’union nationale, qui constitue, selon lui, la voie la plus courte pour sortir le pays de sa crise.
Dans les milieux politiques et journalistiques, on affirme que les loyalistes (14-mars), après avoir tenté de réduire la mission de Moussa à des considérations purement sécuritaires (le contrôle de la frontière libano-syrienne), ont convenu de la nécessité de former un cabinet d’union. Mais pour eux, la reprise du dialogue doit précéder un tel gouvernement. De même que les loyalistes n’ont pas réussi à imposer à la délégation arabe leur propre ordre du jour qui consiste à discuter, dès maintenant, de la question de l’élection présidentielle qui doit avoir lieu, selon la Constitution, entre le 25 septembre et le 24 novembre.
L’optimisme qui a accompagné la mission de Moussa le premier jour a été très vite tempéré par les déclarations de l’ambassadeur américain Jeffrey Feltman, qui s’est longuement étendu sur la question de la frontière libano-syrienne. La mission arabe a donc peu de chance de réussir.

Résumés des journaux télévisés libanais

AL-MANAR (HEZBOLLAH)
Amr Moussa ne s’est pas reposé. Ses navettes l’ont conduit de Rabié (résidence du général Michel Aoun) à Bzemmar (résidence de Samir Geagea), en passant par Bickfaya (Amine Gemayel). En soirée, il était à Aïn el-Tiné, chez le président Nabih Berri, qui reste le centre de toute l’activité et de toutes les démarches.

NTV (INDEPENDANTE, SENSIBLE AUX THESES DE L’OPPOSITION)
Amr Moussa n’a pas réussi jusqu’à l’heure à effectuer une percée dans le mur de la crise qui mine le Liban.

NBN (PROCHE DE NABIH BERRI)
La fermeture par la Syrie de trois des postes-frontière avec le Liban a occupé le devant de la scène en raison des graves répercussions qu’elle pourrait avoir sur les relations bilatérales.

LBC (FORCES LIBANAISES, 14-MARS)
Plus Amr Moussa approfondit ses discussions, plus les obstacles qu’ils rencontre se multiplient. Le secrétaire général de la Ligue arabe a proposé un dialogue exhaustif sur tous les dossiers litigieux comprenant les armes des organisations palestiniennes, la frontière avec la Syrie, le gouvernement d’union nationale et l’élection présidentielle.

FUTURE TV (APPARTIENT A LA FAMILLE HARIRI)
Paris a été le théâtre d’une rencontre entre le président français Nicolas Sarkozy et le roi d’Arabie saoudite Abdallah Ben Abdel Aziz. Une partie des entretiens a porté sur la situation au Liban.

Talks shows audiovisuels libanais

LBC (FORCES LIBANAISE)
Émission : Tout le monde en parle
Elias Murr, ministre de la Défense libanais (Indépendant)
 Les opérations militaires dans le camp de Nahr el-Bared sont terminées, mais le camp restera encerclé jusqu’à la reddition totale du Fatah al-Islam
 L’armée a détruit toutes les positions des islamistes. À l’heure actuelle elle mène des opérations de ratissage, de déminage et de neutralisation des engins piégés.
 Les combats ont fait 76 tués et 150 blessés dans les rangs de l’armée. 46 militaires blessés sont toujours hospitalisés.
 La médiation effectuée par les oulémas palestiniens vise à la reddition du chef de Fatah al-Islam Chaker al-Absi et de 100 blessés du groupe.
 Les informations dont dispose l’armée libanaise ne prouvent pas, pour l’instant, que Fatah al-Islam est un groupe instrumentalisé par la Syrie.