Ce qui a pris son point de départ aux USA, se laisse observer maintenant chez les partenaires de guerre du Gouvernement américain. Depuis septembre 2001, on constate un renforcement des capacités de surveillance et de contrôle, accompagné de restrictions des droits de l’homme et des droits des citoyens. Officiellement, ce développement a été justifié par l’attaque contre les Twin Towers du World Trade Center. En vérité, une géostratégie depuis longtemps planifiée et visant la domination du monde entier a été mise en œuvre. Elle laisse derrière elle une trace ensanglantée due à la guerre (en Afghanistan, en Irak, et peut-être en Iran) et elle établit des dictatures à l’intérieur des pays en guerre.

Tandis que beaucoup de gens se croyaient en sécurité d’une nouvelle dictature en Europe­ – vu la longue tradition des Lumières et des droits du citoyen et les expériences subies au 20e siècle – la plupart des gouvernements européens ont préparé le terrain sous la pression de Washington.

Après le 11 septembre 2001, le Chancelier Gerhard Schröder (SPD) n’a pas seulement parlé d’une solidarité illimitée avec le Gouvernement des USA, mais il a aussi déclenché des actions militaires. Dans le domaine de la politique intérieure, son ministre des Affaires intérieures de l’époque, Otto Schily (SPD), a même suivi les directives du Gouvernement néo-conservateur Bush. D’une manière extrêmement dure, il imposa le « catalogue Otto » où figurait une multitude de restrictions des droits du citoyen.

Le Gouvernement Merkel-Steinmeier a continué la course initiée par le Gouvernement Schröder-Fischer. La surveillance des citoyens a déjà pris des dimensions au-delà de la frontière, entre un Etat démocratique et un Etat totalitaire. On se souvient des diverses lois sur les écoutes téléphoniques, les propositions d’espionner des ordinateurs destinés à l’usage privé, les stations de péage pour les poids lourds devant servir ou servant peut-être depuis longtemps de moyen de contrôle systématique. On se souvient de la surveillance de la circulation des paiements et du transfert de ces données en direction des USA. On se souvient, finalement, que le Gouvernement fédéral projetait et projette toujours d’abattre des avions avec des personnes civiles à bord.

Wolfgang Schäuble est actuellement présent dans les médias avec d’incessantes nouvelles propositions concernant la « sécurité intérieure » qui correspondent presque à cent pour cent aux exigences du Gouvernement américain (coup de feu mortel volontaire, troupe européenne civile pour des interventions à l’étranger, conspiration reconnue comme fait incriminable, interdiction de posséder un téléphone portable). Schäuble fait avancer la discussion de manière stratégique et pour tout ceci il a le soutien assuré de la chancelière Merkel. Celle-ci joue dans le même registre que son ministre des Affaires intérieures en disant que l’on ne peut plus séparer la sécurité intérieure de la sécurité extérieure, qu’on doit « tout repenser » – elle dissimule ainsi le fait que la police et l’armée par exemple ont des objectifs et des moyens complètement différents. L’intervention de l’armée, également à l’intérieur du pays, n’est jamais une intervention policière. Si le premier devoir de la police est de protéger des vies innocentes, celui de l’armée est de faire la guerre. Aucune guerre n’a encore fait la distinction entre coupables et innocents.

Ainsi, Schäuble repousse les limites très loin, trop loin dans la zone rouge. Même dans la discussion politique quotidienne interviennent des critiques sévères. Par exemple, « Schäuble se prononçant pour la suppression de la distinction entre le droit international humanitaire et le droit international se trouve sur un mauvais chemin, au bord duquel se situe Guantánamo et le coup de feu mortel volontaire des terroristes réels ou présumés. » (Claudia Roth, présidente des Verts). Alors « Schäuble a pour devoir de garantir la Loi fondamentale et non pas d’alourdir le débat avec des propositions qui vont à l’encontre de l’Etat de droit. » (Max Stadler expert en politique intérieure du FDP).

Les propositions totalitaires pour la « sécurité intérieure » n’arrivent pas non plus par hasard et ne sont pas non plus des idées du ministre allemand des Affaires intérieures. Les liens avec le Gouvernement américain deviennent alors évidents par la relation entre Schäuble et Michael Chertoff. Le ministre allemand des Affaires intérieures et le chef de la Homeland Security, Michael Chertoff, soignent une relation particulièrement amicale. (cf. Der Spiegel, 28/2007).

La Homeland Security s’est développée ces dernières années en une sorte de Gestapo centrale américaine : enregistrement systématique de ses propres citoyens, énormes fichiers, arrestations arbitraires, torture, incarcération pour des années sans procès, des interventions de l’armée prévues pour des affaires intérieures, mise au pas par concentration des pouvoirs dans la Homeland Security etc., etc… Voilà l’exemple du totalitarisme que le Gouvernement allemand veut suivre.