Les États-Unis sont un pays formidable où les gens travaillent dur pour avoir une vie meilleure, malheureusement, l’administration Bush s’est détourné d’eux, préférant assurer le bien-être de ses riches alliés. Aujourd’hui, les Américains ont soif de changement. La machine de guerre républicaine tourne à plein régime et répand les pires rumeurs sur John Kerry et moi-même, calomniant John Kerry sur ses états de service ou instrumentalisant la peur du terrorisme. Mais au-delà des sondages, je suis sûr que les Américains feront le bon choix, le 2 novembre. Si la présidentielle est aussi serrée en dépit de la personnalité controversée de George W. Bush, c’est que les démocrates ont dû gérer l’après-Clinton et ont dû convaincre les Américains qu’ils pouvaient aussi bien les défendre que les républicains.
Nous avons changé de politique. Nous pensons que la première des priorités est la défense des Américains : à l’intérieur, en protégeant nos infrastructures, et en dehors de nos frontières, en combattant Al Qaïda et en résolvant le conflit israélo-palestinien avec l’aide de nos alliés. Nous ne pouvons rien sans nos alliés. Nous devons construire une Amérique plus forte et plus respectée dans le monde. Ce ne sera pas facile si nous sommes élus, mais si Bush est réélu, ce sera impossible. John Kerry et moi voulons renforcer la lutte contre le terrorisme, doubler la taille des forces spéciales, envoyer davantage de troupes en Afghanistan pour traquer Oussama Ben Laden, accroître les fonds alloués à l’équipement et au salaire de nos soldats. Ce projet n’est pas incompatible avec une politique étrangère plus axée sur la diplomatie et la promotion de la liberté au Moyen-Orient, bien au contraire. En Irak, il faut ouvrir le pays à l’ONU et à nos alliés. La restauration d’une forme de légitimité internationale pour les Etats-Unis en Irak, ainsi qu’une plus grande implication de l’ONU, ouvriront la porte à une plus large participation internationale. Il s’agira d’ailleurs de notre première priorité si nous sommes élus. Contrairement à ce qu’affirment les sondages, les Américains sont convaincus par notre programme et ont peur de celui de Bush. Pour la sécurité intérieure, nous avons fait beaucoup de progrès en matière de sécurité dans les ports et aéroports, mais c’est encore très insuffisant. Il faut donner plus de pouvoirs au département de la Sécurité de la Patrie et donner plus de moyens aux forces de l’ordre et aux services d’urgence dans le territoire.
Beaucoup de ceux qui travaillent avec nous en matière de politique étrangère ont fait partie de l’administration Clinton, mais nous n’aurons pas une politique étrangère « clintonienne » car le monde a changé. Nous sommes plus interdépendants qu’avant. Nous avons mis au point une « stratégie pour la liberté », une stratégie qui a fonctionné pendant la Guerre froide. J’ai proposé le doublement du budget de la National Endowment for Democracy, agence du gouvernement américain créée sous Ronald Reagan et chargée de promouvoir la démocratie dans le monde par l’intermédiaire de programmes d’assistance politique. Autrefois extrêmement controversée, la NED fonctionne aujourd’hui de manière beaucoup plus transparente, bien qu’il manque cruellement de fonds. L’Amérique doit aujourd’hui exercer un leadership basé sur la conviction et non sur la domination. Nous devons être une source d’inspiration pour les nations oppressées.

Source
Le Figaro Magazine (France)
Supplément dominical du Figaro, diffusé beaucoup plus largement que le quotidien à 500 000 exemplaires. Propriété de la Socpresse de l’avionneur Serge Dassault.

« Le peuple américain a soif de changement », par John Edwards, Le Figaro Magazine, 2 octobre 2004. Ce texte est issu d’une interview.