Moi, Moazzam Begg, citoyen du Royaume-Uni de Grande Bretagne, matricule 00558, j’exige ma libération immédiate après être resté deux ans et demi en détention à Guantanamo sans avoir été accusé de quoi que ce soit. Si cette demande devait être rejeté, je voudrais disposer des droits suivants : je veux
 Qu’on me donne connaissance de mes droits.
 Un acte d’accusation sans ambiguïté.
 Un accès sans limite à des appels internationaux pour pouvoir communiquer avec ma famille et mes avocats.
 Un accès complet à un représentant de mon choix.
 Un inventaire de mes propriétés saisies au Pakistan.
 Un accès régulier à une communication postale.
Je demande aussi qu’on réponde aux questions suivantes concernant les violations de mes droits : Je veux connaître
 Les raisons de mon enlèvement par les services de renseignement états-uniens.
 La juridiction qui a permis de m’amener en Afghanistan.
 L’autorité qui a saisi mon argent, laissant ma femme et mes enfants sans ressources.
 Les raisons de mon envoi en Afghanistan, dans une zone de guerre, au péril de ma vie.
 Les raisons pour lesquelles j’ai été brutalisé et déshabillé avant d’être filmé.
 Les raisons de ma détention d’une année en Afghanistan sans voir la lumière du jour où avoir accès à de la nourriture fraîche.
 Les raisons pour lesquelles on m’a privé de mon courrier. Les raisons pour lesquelles je n’ai pas pu passer d’appel téléphonique ou voir un avocat ou un aumônier.
 La légalité de mes aveux extorqués sous la menace.
J’ai été interrogé brutalement, on m’a menacé, insulté avec des stéréotypes racistes ou contre ma religion et deux de mes codétenus sont morts. Je suis pourtant un citoyen britannique et je ne suis ni membre d’Al Qaïda, ni membre d’un groupe paramilitaire.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« I, Moazzam Begg, Demand to Be Freed From Guantanamo », par Moazzam Begg, Los Angeles Times, 3 octobre 2004. Ce texte est issu de la lettre non censurée qu’il a envoyée au département de la Défense et qui a été diffusée à la presse par ses avocats.