Tendances et événements au Proche-Orient

Avec l’absence de toute initiative politique dans les capitales arabes alliées des États-Unis, le renforcement du blocus contre la Bande de Gaza occupe le centre des débats en Israël. Les milieux de la droite ont appuyé la panoplie de mesures décidées récemment, en partant de considérations racistes. L’artisan de ce projet, le ministre de la Défense travailliste Ehud Barak, estime que ces nouvelles sanctions visent à accentuer les pressions sur le Hamas et les mouvements de résistance après l’échec de toutes les options militaires, y compris la menace d’une invasion totale brandie par Barak depuis son accession à la tête du ministère de la Défense.
Les Israéliens ne cachent pas leur inquiétude à l’égard de la solidité et de la détermination des habitants de Gaza, en dépit de la sévérité des sanctions mises en œuvre et de la précarité des conditions de vie. La population semble prête à la confrontation avec l’occupant quelle que soit la dureté des circonstances. La volonté de résister jusqu’au bout est renforcée par l’impossibilité pour le président Mahmoud Abbas d’arracher une quelconque concession significative du Premier ministre Ehud Olmert, malgré cinq rencontres bilatérales en l’espace de trois mois. _ Le fait que l’Autorité palestinienne ait accepté de renforcer sa coopération avec l’armée israélienne face aux mouvements de résistance ne s’est soldé, pour Mahmoud Abbas et son équipe, que par de floues promesses verbales.
Dans ce contexte, certains journalistes israéliens ont mis en garde contre le prix moral et politique qu’Israël pourrait payer sur la scène internationale en raison des sanctions collectives prises contre les civils palestiniens. D’autres analystes affirment pour leur part que dans les circonstances politiques, économiques et militaires actuelles dans les territoires palestiniens, le déclenchement d’une nouvelle Intifada est inéluctable.

Presse et agences internationales

SUNDAY-TIMES (HEBDOMADAIRE BRITANNIQUE)
L’opération militaire contre l’Iran est-elle imminente ? Cette question se pose avec acuité lorsque l’on sait que les forces aériennes états-uniennes ont demandé au Congrès un crédit de 88 millions de dollars pour équiper les bombardiers B52. Cette information coïncide avec l’annonce de l’arrivée à Téhéran d’une délégation d’experts pour poursuivre les négociations autour du dossier nucléaire iranien.
Le ton entre l’Iran et les États-Unis s’est significativement durci ces derniers temps, alors que les informations sur les frappes militaires US sont de plus en plus sérieuses.
Les bombes géantes Big blue ont été testées, il y a un an dans le Nouveau Mexique, contre des tunnels souterrains et des abris fortifiés enfouis sous terre, pour vérifier leur capacité de destruction.
Il semble que le président George Bush soit déterminé à agir avant que le régime des mollahs soit à deux doigts de la fabrication de la bombe atomique.
En parallèle, le directeur général adjoint de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) est arrivé à Téhéran, où il doit avoir des entretiens portant sur les centrifugeuses P1 et P2.

YEDIOT AHARONOT (QUOTIDIEN ISRAELIEN)
 Eytan Happer, ancien chef de cabinet de Yitzhak Rabib
Quel est le nom de ce virus mortel qui a colonisé le cabinet du Premier ministre, rue Kaplan 3 à Jérusalem, et qui a fait que tous les chefs de gouvernement de la dernière génération ont changé d’avis ? Que se passe-t-il dans la salle de travail, pas très spacieuse, et qui a poussé Menahim Begin à oublier la chanson qui dit que le Jourdain a deux rives, qui a provoqué la destruction de Yamit et la restitution du Sinaï, et l’acceptation de l’autonomie en Judée et Samarie ? Qu’est-ce qui fait qu’Yizhak Shamir accepte de se rendre à la conférence de Madrid, et que le ministre de la Défense, Shimon Peres, soutient la construction de colonies, puis estime que ces implantations constituent un obstacle à la paix lorsqu’il devient Premier ministre ? Qu’est-ce qui a convaincu Yitzhak Rabin de signer les accords d’Oslo et d’annoncer qu’il était prêt à abandonner les hauteurs du Golan, et Benjamin Netanyahu à se rendre à Wye Plantation, et Ariel Sharon de ne pas regarder derrière lui en évacuant des colonies qu’il a construit de ses propres mains ?
La semaine dernière, lors de la cérémonie organisée à la mémoire de Rabin à la Knesset, Ehud Olmert a prononcé le discours de sa carrière. Il a parlé de Rabin mais il faisait allusion à lui-même. Les propos d’Olmert constituent un divorce avec des croyances qui ont des dizaines d’années mais qui l’ont déçu en fin de compte. Le Premier ministre a fait preuve d’une grande intelligence, car il a choisi la cérémonie à la mémoire de Rabin, où les députés sont contraints de garder le silence, pour faire ses déclarations, évitant les protestations des membres de la Knesset.

MAARIV (QUOTIDIEN ISRAELIEN)
 Yoram Shfitsser
L’enregistrement attribué à Ben Laden, la semaine dernière, dans lequel il appelle ses jihadistes en Irak à cesser les combats fratricides qui desservent leur lutte « contre leurs vrais ennemis », confirment les déclarations des responsables US selon lesquels les États-Unis enregistrent des succès dans leur guerre contre al-Qaida. Les États-uniens ont réalisé des progrès dans la lutte contre les partisans locaux de l’organisation, notamment dans les provinces d’Al-Anbar et de Diyala. Cela a été rendu possible grâce à la coopération avec des notables sunnites des tribus qui en avaient assez des exactions commises par al-Qaida.
Bien qu’il ne faille pas sous-estimer ces progrès, il est trop tôt pour dire qu’al-Qaida a été vaincue. Car pour cette organisation, l’Irak n’est qu’un des multiples champs de bataille. Dans d’autres régions, la mouvance se porte bien. Tel est notamment le cas en Afghanistan, où les caractéristiques géographiques et l’alliance avec les taliban l’ont aidé à mener une guérilla contre le gouvernement de Hamid Karzaï et les forces de l’Otan. Au Pakistan, al-Qaida combat Pervez Mousharraf et entraîne des cellules terroristes.

HAARETZ (QUOTIDIEN ISRAELIEN)
Après le contrat conclu avec l’Iran, la Chine propose de vendre à la Syrie ses nouveaux avions de combat. Cet appareil a été construit à partir de la technologie du Lavy, dont Israël avait cessé le développement, en 1987, sous la pression des États-Unis. L’avion chinois, appelé G10, a effectué son premier vol d’essai au début de cette année. Ses performances seront supérieures à celles du Sukhoï 27 russe.
Les États-uniens surveillent depuis des années le projet chinois et ont accusé Israël d’avoir transféré la technologie à Pékin pour l’aider à construire cet avion moderne.
L’Iran a annoncé qu’il comptait se doter de deux escadres de G10. Mais les Chinois ont démenti leur intention de vendre ces appareils à Téhéran.

Audiovisuel international

AL-JAZEERA (CHAINE QATARI)
Principal journal du soir
 Mohamed ElBaradei, directeur de l’AIEA, prix Nobel de la paix
Il n’existe pas des indices matériels montrant que l’Iran dispose, pour le moment, d’un programme nucléaire militaire.
S’il commence les travaux maintenant, l’Iran aura besoin de plusieurs années avant de pouvoir se doter de l’arme atomique.
En menant un raid contre la Syrie, Israël a voulu appliquer la loi de son propre chef.
Je n’ai pas reçu des Israéliens et des États-uniens des documents prouvant que le raid a visé un site nucléaire en Syrie.

Tendances et événements au Liban

Une lecture détaillée des déclarations des deux derniers jours au sujet de l’élection présidentielle et les informations en provenance de diverses sources, permettent de brosser un tableau plutôt sombre de la situation au Liban pour la période à venir :
 1. Les déclarations états-uniennes anticipant l’échec de l’entente et se concentrant sur l’après-élection se multiplient. Cela signifie que les États-Unis savent pertinemment que le compromis entre le pouvoir et l’opposition a de faibles chances d’aboutir, pour la simple raison qu’ils ne le souhaitent pas. C’est ce qui apparaît des propos de la secrétaire d’État Condoleezza Rice, qui a mis en garde contre l’élection d’un « président illégitime », en allusion à l’élection par l’opposition d’un président en riposte à l’élection par le 14-mars d’un chef de l’État à la majorité simple. Dans le même temps, l’ambassadeur des États-Unis à Beyrouth, Jeffrey Feltman, a déclaré que son pays n’accepterait pas le maintien au pouvoir du président Emile Lahoud après la fin de son mandat. Or ces deux mesures ne sont envisagées par l’opposition que si le 14-mars élisait un président à la majorité simple anticonstitutionnelle.
 2. La démarche entreprise par le patriarcat maronite pour encourager les chefs politiques de la communauté à s’entendre sur un ou plusieurs candidats ont échoué. Des sources concordantes assurent que les deux représentants du 14-mars au sein du comité inter-maronite sont à l’origine de l’échec de ces efforts de conciliation. De plus, le chef de l’ancienne milice des Forces libanaises, Samir Geagea, a torpillé le projet de rencontre entre les quatre principaux pôles maronites.
 3. Pendant ce temps, les contacts se poursuivent sur le plan régional. L’émissaire français, Jean-Claude Cousseran, s’est entretenu à Damas avec le vice-président syrien Farouk Chareh. Auparavant, il avait eu des rencontres à Riyad avec des responsables saoudiens. D’autre part, le chef des services de renseignement égyptiens Amr Sleimane est attendu en Syrie, où est arrivé, ce lundi, le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mouttaki.
Deux éléments positifs peuvent cependant être retenus : d’abord, la Syrie a annoncé qu’elle appuierait tout candidat qui ferait l’unanimité entre les Libanais. Ensuite, la France a choisi le dialogue avec la Syrie après la politique des menaces. Le fait que la visite de Amr Sleimane ait été annoncée par l’Agence de presse saoudienne, ainsi que les deux premiers éléments, laissent croire qu’une entente de dernière minute est encore possible.
Deux échéances essentielles pourraient avoir une influence décisives sur la crise de la présidentielle libanaise : les réunions entre Condoleezza Rice et Bernard Kouchner d’un côté, et le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem de l’autre, en marge de la conférence des pays voisins de l’Irak à Istanbul, les 2 et 3 novembre ; la rencontre entre George Bush et Nicolas Sarkozy le 6 novembre.

Presse libanaise

AL-AKHBAR (QUOTIDIEN PROCHE DE L’OPPOSITION)
Le chef du gouvernement, Fouad Siniora, est pessimiste au sujet d’un possible compromis sur la présidentielle. Les recommandations du comité inter-maronite de Bkerké seront rendues publiques mardi. Pendant ce temps, l’émissaire français Jean-Claude Cousseran, en tournée dans plusieurs pays de la région, n’a pas réussi à enregistrer de percée dans le mur de la crise.

AN-NAHAR (QUOTIDIEN PROCHE DU 14-MARS)
L’ancien président Amine Gemayel visite le Grand Sérail où il a examiné avec Fouad Siniora la question de la présidentielle. Cette réunion intervient 48 heures après la rencontre entre Gemayel et le député du Hezbollah, Hassan Fadlallah, dépêché par Sayyed Hassan Nasrallah.
L’escalade verbale en cours menace de torpiller toutes les démarches et initiatives.

AS-SAFIR (QUOTIDIEN PROCHE DE L’OPPOSITION)
Le député Walid Joumblatt favorable au maintien de Fouad Siniora à la tête du gouvernement. Le Courant du futur (de Saad Hariri) s’en prend violemment au Hezbollah, alors que des informations font état de l’échec du comité inter-maronite à s’entendre sur un candidat de consensus. Aussi, le débat autour de cette question a-t-il été relancé.

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions arabe, anglaise et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise et arabe.