Tendances et événements au Proche-Orient

Le secrétaire d’État adjoint états-unien pour le Moyen-Orient, David Welch, et le conseiller à la sécurité nationale de George Bush pour le Moyen-Orient, Elliott Abrams, sont attendus ce jeudi en Israël pour discuter, officiellement, de la préparation de la conférence de paix d’Annapolis. Ces visites interviennent alors que la plupart de pronostics prévoient l’échec de cette réunion convoquée par le président Bush, à cause de l’intransigeance israélienne.
Les efforts de Washington se concentrent sur la participation de l’Arabie saoudite à la conférence, en prévision à la normalisation des relations entre le royaume wahhabite et l’État hébreu, quels que soient les résultats. Ceux-ci seront insignifiants puisque les États-Unis et Israël ont informé Mahmoud Abbas qu’il n’était pas question qu’un quelconque calendrier soit annoncé à cette occasion au sujet des dossiers clé du conflit israélo-palestinien : le sort des réfugiés et de Jérusalem, les questions des frontières et de l’eau, ainsi que l’arrêt de la colonisation.
Mais des sources bien informées révèlent que le véritable objectif de la visite de Welch et Abrams est d’examiner, avec les dirigeants israéliens, les détails des mesures militaires et des sanctions financières et économiques prises contre la Bande de Gaza. L’État hébreu a besoin d’un solide appui international pour éviter d’être condamné en raison des punitions collectives imposées à 1,5 millions de civils palestiniens. De même qu’Israël souhaite que Washington intercède auprès de l’Égypte afin qu’elle participe activement aux sanctions et au blocus imposés à Gaza.
Autre sujet à l’ordre du jour des entretiens des deux responsables états-uniens, le renforcement de la coopération au niveau du renseignement en prévision d’actions militaires israéliennes contre le Liban et la Syrie, ainsi que les développements de la question kurde et de ses possibles répercussions sur les positions de la Turquie et de ses alliances dans la région. Surtout qu’Israël et les États-Unis projettent d’installer d’importantes bases de surveillance et d’espionnage électroniques dans le nord de l’Irak sous couvert de la crise turco-kurde.

Presse et agences internationales

AL-KHALEEJ QUOTIDIEN EMIRATI)
Si le fait de s’asseoir à une même table avec l’occupant israélien ne signifie pas normalisation, on se demande quelle serait alors la signification de ce mot. La dernière fatwa dans ce domaine émane de l’Autorité palestinienne qui a estimé que la participation arabe à la conférence de George Bush à Annapolis, ne peut pas être considérée comme une normalisation des relations entre les États arabes et Israël. Pourtant, les responsables de l’Autorité savent pertinemment au fond d’eux que les objectifs de cette conférence ne servent en aucun cas les intérêts du peuple palestinien et ses aspirations à voir la fin de l’occupation israélienne. Des responsables de l’Administration Bush et des dirigeants sionistes ont dit clairement que le but de cette conférence est d’élargir l’éventail des pays arabes ayant normalisé leurs relations avec l’État hébreu dans la perspective de la confrontation avec l’Iran et en vue de renflouer le Premier ministre israélien Ehud Olmert.

• Les agences de presse arabes et internationales ont indiqué que le dossier du nucléaire iranien est entré en force dans le débat électoral aux États-Unis. Un candidat démocrate a émis des doutes sur l’état de santé mentale du président George Bush lorsque celui-ci affirme que les ambitions nucléaires de Téhéran risquent de provoquer une Troisième Guerre mondiale. En parallèle, d’autres candidats ont violemment critiqué Hillary Clinton pour son soutien à l’option militaire contre l’Iran, alors que les membres permanents au Conseil de sécurité et l’Allemagne s’apprêtent à examiner dans les prochains jours de nouvelles sanctions contre Téhéran. Pendant ce temps, l’Iran semble empêtrée dans des dissensions internes. Le président Mahmoud Ahmadinejad s’est dit disposé à affronter lors d’un débat télévisé ses deux prédécesseurs, Mohammad Khatami et Ali Akbar Hachémi Rafsandjani.

AL-BAYAN (QUOTIDIEN EMIRATI)
 Vladimir Savadoï
Beaucoup dans le monde sont heureux du prochain départ des néoconservateurs du pouvoir aux États-Unis. Mais en Russie, on craint énormément le retour des démocrates et leurs projets expansionnistes vers l’Est. L’Ukraine va de nouveau occuper la place prépondérante qui était la sienne dans les années 90 et l’intérêt de Washington pour ce pays va augmenter. Il n’est pas exclu que la première mesures serait l’intégration de l’Ukraine à l’Otan, ce qui va bouleverser les rapports de force dans la région et allumer de nouveaux foyers de tensions entre la Russie et les États-Unis. La présence russe dans la Mer Noire sera alors menacée et la flotte russe contrainte de quitter ses bases sur le littoral ukrainien pour se trouver d’autres ports d’attache dans les eaux chaudes. Personne ne peut prévoir dès aujourd’hui ce que sera la riposte russe, surtout que le président Vladimir Poutine ne sera pas au pouvoir l’année prochaine. Mais il est probable que la flotte russe se dirigera vers la Méditerranée pour jeter l’ancre dans le port syrien de Tartus qui est en train d’être préparé pour devenir la prochaine base russe dans les eaux chaudes. Cela va agrandir l’échiquier de la confrontation entre Moscou et Washington. La Russie sortira alors de l’espace qui était le sien pendant l’ère soviétique pour entrer dans une des régions les plus explosives de la planète.
Aussi, l’accession des démocrates au pouvoir ne va pas calmer les choses mais peut-être au contraire les compliquer à un tel point que des analystes prévoient une Troisième Guerre mondiale qui aura pour terrain le Moyen-Orient et l’Asie centrale.

Tendnces et événements au Liban

Les rencontres de Paris entre le chef de l’opposition chrétienne, Michel Aoun, et le leader de la coalition au pouvoir, Saad Hariri, sont entourées d’un grand secret. Elles s’accompagnent d’entretiens entre le secrétaire d’État adjoint pour le Moyen-Orient, David Welch, et l’émissaire français, Jean-Paul Cousseran. Welch se trouvait à Paris pour préparer le sommet prévu le 6 novembre, entre George Bush et Nicolas Sarkozy, et au menu duquel est inscrit le dossier libanais. Le sommet entre les deux chefs d’États interviendra à quelques jours à peine de la Conférence d’Istanbul, en marge de laquelle Bernard Kouchner et son homologue syrien Walid Moallem, doivent se rencontrer.
L’opposition libanaise estime que la rencontre Aoun-Hariri constitue pour elle une importante réalisation. Car un de ses principaux dirigeants a réussi une percée sérieuse qui renforce le principe de l’entente interlibanaise, qui constitue la pierre angulaire de l’initiative de Nabih Berri, président de l’Assemblée et un des chefs de l’opposition. Celle-ci ne rate pas une occasion de montrer à quel point elle est attachée au compromis. Tandis que d’un autre côté, deux des principaux dirigeants loyalistes, le druze Walid Joumblatt et le maronite Samir Geagea, rejettent ouvertement toute entente et ont procédé ces derniers jours à une escalade verbale sans précédent.
Certaines sources politiques établissent un lien entre l’acceptation par Hariri, après de longues hésitations, de l’invitation à une rencontre adressée par Aoun, et le refus des États-Unis de voir le fils de l’ancien Premier ministre accéder à la tête du prochain gouvernement. Washington veut à tout prix que Fouad Siniora conserve son poste de Premier ministre, quelle que soit l’issue de l’échéance présidentielle. Le désidérata états-unien a été clairement communiqué à Hariri lors de sa récente visite en Amérique.
Cette instruction US s’est transformée en souhait saoudien qui a obtenu l’appui des alliés de Hariri, notamment Walid Joumblatt et Samir Geagea, qui ont tenu à exprimer ces derniers temps la place importante qu’occupe Fouad Siniora dans leur calculs politiques.
Des sources proches des loyalistes réfutent cette analyse, démentent l’existence de divergence au sein du 14-mars et qualifient ces informations de pure invention. Mais les propos du ministre Mohammad Safadi, qui a jeté une phrase affirmant que « Siniora est tranquille là où il se trouve », ainsi que des informations provenant de l’entourage de Saad Hariri, confirment cette version des faits.
Ceci dit, des sources parlementaires affirment qu’il ne faut pas trop miser sur des dissensions au sein du 14-mars, car le mot final revient à l’ambassadeur des États-Unis à Beyrouth, Jeffrey Feltman. Aussi, les résultats des entretiens de Saad Hariri avec Michel Aoun resteront tributaires de la décision de l’ambassadeur. Et il est déjà arrivé que Saad Hariri refuse subitement et sans explication d’appliquer des accords sur lesquels il s’était engagé parce qu’il avait reçu un signal des États-uniens. Il a même osé, il y a un an, saboter une initiative saoudienne qui ne bénéficiait pas du feu vert des États-Unis.

Presse libanaise

L’ORIENT-LE JOUR (QUOTIDIEN PROCHE DU 14-MARS)
« Rencontres positives » entre Aoun et Hariri à Paris. Mais il reste « beaucoup à faire » avant d’arriver à un compromis autour de l’élection présidentielle.

AN-NAHAR (QUOTIDIEN PROCHE DU 14-MARS)
La rencontre de Paris a duré jusqu’à l’aube. Saad Hariri et Michel Aoun privilégient l’entente, mais le candidat consensuel à la présidence devra être choisi par le patriarche maronite.

AS-SAFIR (QUOTIDIEN PROCHE DE L’OPPOSITION)
Les rencontres entre Michel Aoun et Saad Hariri ont un seul objectif : faire en sorte que le Liban ne sombre pas dans le chaos. Les deux dirigeants ont évité, lors de leurs longues discussions, d’évoquer les noms des candidats potentiels à la présidence.

AL AKHBAR (QUOTIDIEN PROCHE DE L’OPPOSITION)
Les rencontres Aoun-Hariri constituent le dialogue de la dernière chance.

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions arabe, anglaise et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise et arabe.