Tendances et événements au Proche-Orient

La capitale turque accueille dès aujourd’hui un des événements les plus importants de la région sinon de la scène internationale, avec la réunion des pays voisins de l’Irak en présence des représentants des cinq membres permanents du Conseil de sécurité et de ceux du G8. Ankara sera au centre d’intenses activités diplomatiques s’articulant aussi bien autour de la situation en Irak que de la crise libanaise et, bien entendu, du problème turco-kurde. Ce dernier dossier occupera une place prépondérante, surtout que les développements s’accélèrent après la décision du Sénat américain de diviser l’Irak en trois entités. La secrétaire d’État Condoleezza Rice devrait tenter de désamorcer la crise turco-irakienne lors d’entretiens prévus à Ankara avec les dirigeants turcs.
Les chefs de la diplomatie iranienne et syrienne, Manouchehr Mottaki et Walid Moallem, vont tenir la vedette. Le ministre iranien a rencontré son homologue turc Ali Babacan jeudi soir. D’autres rencontres sont prévues entre M. Moallem et son homologue français Bernard Kouchner, avec au menu la crise de la présidentielle libanaise. Le chef de la diplomatie française joue ouvertement le rôle de médiateur entre les États-Unis et Damas. Son objectif est de tenter de trouver des terrains d’entente sur les différents dossiers chauds de la région, alors que les stratégies états-uniennes échouent les unes après les autres. Dernier fiasco en date, les ratées enregistrées au niveau des préparatifs de la conférence de paix d’Annapolis, en raison de l’appui aveugle de Washington aux exigences d’Israël. Pendant ce temps, Washington multiplie ses menaces contre le Liban (contre la Résistance plus précisément), la Syrie et l’Iran.
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, doit aussi s’entretenir avec les dirigeants turcs dans la capitale. Dans ce contexte, Ankara souhaite convaincre la communauté internationale et Washington de l’opportunité de sévir contre le PKK en Irak. Cette position devrait être soutenue par M. Erdogan lors de son entretien avec le président George Bush à la Maison-Blanche le 5 novembre. Chose inédite, M. Erdogan sera accompagné par plusieurs généraux lors de son déplacement, dont le numéro deux de l’état-major, Ergin Saygun.
La rencontre d’Istanbul illustre les contradictions dans lesquelles se débat l’Administration Bush. D’un côté, elle menace ses ennemis des pires foudres, de l’autre elle se résigne à s’asseoir avec eux à une même table conformément aux recommandations de la commission Baker-Hamilton.

Presse et agences internationales

• La pression de la Turquie s’accentue sur le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Le chef de la diplomatie turque Ali Babacan, a affirmé jeudi qu’une opération militaire turque contre les combattants du PKK au Kurdistan irakien « ne constituerait pas une invasion », alors que la communauté internationale craint qu’une telle intervention déstabilise cette région du nord de l’Irak.
Mais c’est la rencontre prévue lundi entre le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et le président états-unien George W. Bush à Washington qui « déterminera les mesures que prendra la Turquie », a précisé le chef de la diplomatie turque. Et d’ajouter que, pour lui, ces « attaques transfrontalières viseraient à toucher des bases terroristes, et ne seraient pas une invasion ».
Parallèlement, Ankara a pris des mesures d’ordre économique contre le PKK, envisageant de suspendre les vols à destination du nord de l’Irak, a expliqué M. Babacan, une menace à l’adresse du gouvernement du Kurdistan irakien autonome pour qu’il agisse contre les séparatistes dans le nord du pays. La Turquie « doute de la sincérité et de la détermination du gouvernement kurde irakien à stopper l’organisation terroriste », a-t-il déclaré.
Ces sanctions économiques visent « les ressources économiques de l’organisation terroriste et de ceux qui les soutiennent, et certaines mesures ont déjà été mises en place », a affirmé M. Babacan, sans donner de précisions sur ces sanctions, si ce n’est qu’elles ne devront pas léser les Irakiens ou les Turcs.
Recep Tayyip Erdogan a cependant contesté ces déclarations, affirmant qu’aucune sanction n’avait été prise pour l’instant et qu’il y aurait une annonce si et quand elles entraient en vigueur.
Le Kurdistan dépend fortement de la Turquie voisine, dont il importe la nourriture, l’électricité et des matériaux de construction.
Ankara menace verbalement le PKK et a commencé à agir sur le terrain, mais craint que des opérations militaires d’envergure contre le PKK en Irak ne déstabilisent la région, sans parler des conséquences diplomatiques. Une intervention militaire placerait Washington, son principal allié au sein de l’Otan, dans une position délicate vis-à-vis du gouvernement central irakien et du gouvernement du Kurdistan autonome.
Les États-Unis ont déjà appelé Ankara à faire preuve de retenue, tout en pressant le gouvernement du Kurdistan d’agir contre les bases du PKK, depuis lesquelles les séparatistes lancent des attaques contre la Turquie.
« Nous ne voulons pas que la Turquie lance ses propres opérations militaires au-delà de la frontière parce qu’il y a manifestement assez de problèmes en Irak », a souligné jeudi le sous-secrétaire d’État Nicholas Burns depuis Vienne. « Mais il est absolument impératif que des mesures soient prises pour empêcher le PKK d’agir ».
Le Pentagone a d’ailleurs commencé publiquement à reconnaître apporter une aide à la Turquie contre la rébellion kurde et ses bases dans le nord de l’Irak : les officiels américains admettent désormais jouer un rôle de renseignement auprès d’Ankara, notamment en envoyant des avions-espions au-dessus de la zone frontalière. Les forces américaines ont également ordre d’arrêter tout combattant du PKK qu’elles trouveraient.

• Les États-Unis ont accusé la Chine et la Russie de bloquer de nouvelles sanctions internationales contre l’Iran et ils menacent de les imposer si l’Iran ne cesse pas dans les quinze jours ses activités nucléaires sensibles.
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a réagi en disant qu’il n’était « nullement inquiet », affirmant que de nouvelles sanctions seraient inopérantes.
Les directeurs politiques des cinq membres permanents du Conseil de sécurité et de l’Allemagne se réuniront ce vendredi à Londres pour étudier un éventuel troisième train de sanctions contre l’Iran. Dans ce contexte, les propos de plus en plus martiaux de l’Iran et de Washington font redouter une guerre en cas d’échec de la diplomatie.
Peu avant de rencontrer à Vienne Mohamed ElBaradeï, le directeur général de l’Agence internationale de l’Énergie atomique (AIEA), William Burns, sous-secrétaire d’État US chargé des Affaires politiques, a déclaré que, depuis l’adoption de la dernière résolution du Conseil de sécurité sur l’Iran, le 24 mars, Téhéran avait bénéficié d’un délai de grâce.
« De fait, la Russie et la Chine bloquent une troisième résolution depuis lors », a-t-il dit à des journalistes.
Les puissances occidentales sont convenues en septembre de reporter l’adoption de sanctions plus dures après avoir obtenu de l’Iran la promesse qu’il ferait la lumière sur les éléments de son programme nucléaire dissimulés dans le passé à l’AIEA.
L’AIEA doit publier un rapport à la mi-novembre, mais Burns a affirmé que, à lui seul, un certificat de bonne conduite de l’agence n’éviterait pas un durcissement des sanctions.
« Nous jugeons que si l’Iran n’a pas suspendu (ses activités nucléaires sensibles) d’ici une quinzaine de jours, cela ne suffira pas, cela restera un refus de répondre aux exigences du Conseil de sécurité. Cela sera pour nous un facteur très pertinent ».
« Notre espoir est le suivant : premièrement qu’une troisième résolution sur des sanctions soit adoptée le plus tôt possible. Deuxièmement, nous aimerions beaucoup que l’UE applique (ses propres) sanctions. Troisièmement, les principaux partenaires commerciaux de l’Iran devraient réduire les échanges pour montrer à l’Iran que les affaires ne se poursuivent pas comme si de rien n’était ».
L’Iran a prévenu mercredi les États-Unis qu’ils se retrouveraient « dans un bourbier pire que l’Irak » s’ils s’avisaient de s’en prendre à la République islamique.
Les tensions relatives au dossier nucléaire iranien constituent l’un des facteurs qui ont poussé ces derniers jours le cours du pétrole à un niveau record de plus de 95 dollars le baril.
Le président Ahmadinejad a suggéré que les nouvelles sanctions états-uniennes annoncées la semaine dernière affecteraient principalement les pays européens continuant de traiter avec l’Iran, qui dispose d’importantes réserves de pétrole et de gaz. « L’arme des sanctions ne fonctionne pas », a dit le président iranien dans un discours d’inauguration d’une installation pétrochimique. « Nous ne sommes nullement inquiets ». « Ce qu’ils (les États-Unis) font essentiellement, c’est dépenser ce qui ne leur appartient pas parce que les compagnies états-uniennes ne font pas affaire avec l’Iran. « En fait, ils n’ont rien en Iran. Ils infligent à vrai dire les sanctions aux pauvres pays européens ».

Rafid Ahmed Alwan, le nouveau bouc-émissaire de la presse US.

• La chaîne états-unienne CBS a affirmé jeudi avoir identifié l’homme dont les renseignements erronés sur des armes biologiques en Irak ont été utilisés pour justifier l’intervention dans le pays.
Selon l’émission « 60 minutes », cet homme est un transfuge irakien du nom de Rafid Ahmed Alwan, arrivé dans un centre de réfugiés en Allemagne en 1999.
Les auteurs de l’émission affirment qu’après deux ans d’enquête, ils ont découvert que M. Alwan avait menti en disant être un ingénieur en chimie en charge d’un site fabriquant des armes biologiques. Il aurait agi dans le but d’accélérer sa demande d’asile en Allemagne.
Selon eux, M. Alwan aurait effectivement fait des études de chimie, mais il était loin d’être un expert. Il aurait également travaillé dans une société de production de la télévision irakienne où il aurait été accusé de vol.
M. Alwan a fourni aux services de renseignements allemands une description fidèle du site irakien en question parce qu’il y avait effectivement travaillé, mais pas en tant que responsable d’un programme d’armement biologique, disent les journalistes.
Selon « 60 minutes », il aurait en outre amélioré son récit en affirmant que 12 employés avaient été tués par des agents biologiques au cours d’un accident sur le site.
Des résumés de ses entretiens avec les services de renseignement allemands avaient été envoyés à la CIA, et étaient devenus un des piliers de la décision états-unienne d’intervenir en Irak, selon l’émission, qui ajoute que ces informations ont été transmises au secrétaire d’État de l’époque Colin Powell pour être utilisées au cours d’un discours majeur aux Nations Unies justifiant l’intervention.
Le 5 février 2003, soit 15 jours avant le début du conflit, Colin Powell, avait déclaré devant le Conseil de sécurité de l’Onu : « Il ne peut y avoir aucun doute que Saddam Hussein a des armes biologiques et la capacité d’en produire rapidement plus, beaucoup plus ».
Les journalistes affirment également avoir obtenu une copie d’une lettre du chef des services de renseignement allemands adressée à l’ancien directeur de la CIA George Tenet, affirmant que M. Alwan semblait crédible mais qu’il n’y avait pas moyen de vérifier ses affirmations.

• Selon les agences de presse internationales, le secrétaire à la Défense, Robert Gates, a indiqué que l’Iran a « donné des assurances » à Bagdad qu’il allait aider à arrêter le flot d’engins explosifs arrivant en Irak.
« D’après ce que je comprends, ils ont fourni de telles assurances » à l’Irak, a déclaré M. Gates lors d’une conférence de presse. « Je ne sais pas s’il faut les croire. J’attends de voir », a-t-il ajouté, alors que l’armée états-unienne constate une tendance à la baisse des bombes de fabrication iranienne en Irak (Explosive Formed Penetrator, EFP), capables de percer des blindages.
La baisse du nombre d’EFP a débuté après une rencontre début août entre le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki et le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, au cours de laquelle Téhéran a assuré Bagdad de son soutien à sa politique de retour à la sécurité en Irak.
Évoquant l’utilisation par la guérilla chiite irakienne de ces EFP de fabrication iranienne, M. Gates a souligné : « À mon avis, les plus hautes sphères (dirigeantes iraniennes) sont au courant ». « Je ne vois pas comment ils pourraient ne pas l’être », a renchéri le nouveau chef d’état-major interarmées états-unien, l’amiral Michael Mullen, présent aux côtés de M. Gates. « Je pense que les dirigeants d’Al-Quds (unité d’élite des Gardiens de la Révolution iraniens) le savent. Est-ce que (le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali) Khamenei le sait ? Je dirais probablement », a poursuivi M. Gates.
La veille, l’ayatollah Ali Khamenei avait qualifié de « pur mensonge » les accusations US selon lesquelles l’Iran soutient les groupes armés irakiens.

• Le président George Bush a refusé que les méthodes très controversées d’interrogatoire employées contre les suspects de terrorisme, comme la simulation de noyade, entrent en ligne de compte dans la confirmation de son ministre de la Justice.
Dans un discours dont les accents sécuritaires évoquaient, un an avant les élections, ceux de sa campagne victorieuse de 2004, M. Bush a pressé le Congrès d’approuver rapidement sa décision de nommer Michael Mukasey à la Justice.
Tout en se défendant d’intentions politiciennes alors que la campagne est déjà bien engagée, M. Bush, qui n’est pourtant pas candidat, a accusé ses adversaires démocrates, majoritaires au Congrès, d’avoir oublié que les États-Unis étaient engagés dans une « guerre contre le terrorisme ». Et il s’est livré à une défense ardente des moyens très contestés que cette « guerre » requiert selon lui.
« Les politiciens qui nient que nous soyons en guerre sont soit des tricheurs, soit des naïfs. L’un et l’autre sont dangereux pour notre pays. Nous sommes en guerre. Malheureusement, sur de trop nombreux sujets, certains au Congrès se comportent comme si l’Amérique n’était pas en guerre », a-t-il dit devant un centre de réflexion conservateur.
Il a décrit la confirmation de M. Mukasey comme l’une des nécessités de cette « guerre ».
M. Mukasey paraissait assez consensuel pour obtenir l’onction du Sénat quand M. Bush l’a proposé en septembre pour remplacer Alberto Gonzales, contraint à la démission par son zèle à servir les politiques du président et sa « guerre » antiterroriste.
La confirmation de M. Mukasey paraît moins certaine depuis qu’il a refusé, au cours des auditions préliminaires au Sénat, de s’exprimer sur la légalité ou non de la simulation de noyade pour faire parler les suspects.
M. Mukasey « ne sait pas si nous employons cette technique ou non », a dit M. Bush avant son discours. M. Bush lui-même a de nouveau refusé de dire si c’était le cas et si immerger un prisonnier jusqu’à la suffocation était à ses yeux légal ou pas.
Le gouvernement a toujours refusé de dire précisément quelles méthodes emploie la CIA depuis qu’elle met en œuvre un programme de détention et d’interrogatoire lancé par M. Bush après les attentats du 11-Septembre. La révélation de ce programme a ajouté à la vive émotion suscitée aux États-Unis mais aussi à l’étranger par certains aspects de la « guerre contre le terrorisme ».

CHRISTIAN SCIENCE MONITOR (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
 Dan Murphy
Les ambitions chiites de l’Iran ont poussé 13 États sunnites à se lancer dans des projets nucléaires cette année. L’Égypte fait partie de ces pays qui ont annoncé leur intention de se doter de l’énergie atomique, ce qui lance sérieusement la course au nucléaire provoquée par l’agenda iranien. En Occident, beaucoup pensent que le programme nucléaire actuel de l’Iran n’est qu’une couverture à des projets militaires.
Les ambitions nucléaires d’États sunnites comme la Libye, la Jordanie, le Yémen ou l’Arabie saoudite ne sont que des réactions au projet iranien qui a connu de véritables avancées, et que ces pays lie aux tentatives de Téhéran d’imposer son influence dans tout le Moyen-Orient.

Tendances et événements au Liban

Les rencontres parisiennes entre le leader de l’opposition chrétienne, le général Michel Aoun, et le chef de la coalition du 14-mars au pouvoir, Saad Hariri, ont montré à quel point confiance et cohésion règnent dans les rangs de l’opposition. C’est M. Hariri qui a répondu, après de longues hésitations, à l’appel au dialogue lancé par le général qui a tendu la main à toutes les parties libanaises pour tenter de dégager un compromis autour de l’élection présidentielle. Michel Aoun a reçu un soutien sans failles de la part du chef du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, démentant ainsi toutes les rumeurs répandues par le 14-mars sur des dissensions au sein de l’opposition.
Du côté du 14-mars c’est, au contraire, la mésentente qui règne. Pendant que Saad Hariri parlait d’entente et de compromis à Paris, les faucons de ce mouvement, le druze Walid Joumblatt et le maronite Samir Geagea, ont procédé à une nouvelle escalade. Ils ont tiré à boulets rouges contre le président de la Chambre Nabih Berri, le Hezbollah, et même l’Armée, dans une tentative on ne peut plus claire de torpiller les efforts du fils de l’ancien Premier ministre assassiné. Un des candidats à la présidentielle du 14-mars, le député Boutros Harb, a tenu des propos d’une extrême limpidité : « Saad Hariri n’est pas habilité à conclure des marchés au sujet de la présidentielle. Il est mandaté pour défendre les candidat du 14-mars ».
Bien qu’entourées d’un grand secret, les rencontres de Paris auraient abouti à trois résultats :
 1. Saad Hariri et le 14-mars refusent l’élection à la présidence du chef chrétien le plus représentatif de sa communauté. Pourtant, ce principe est mis en œuvre pour les deux autres hautes fonctions attribuées aux musulmans dans le système confessionnel libanais : la présidence de la Chambre est occupée par Nabih Berri, qui représente une très large majorité chiite. Et la présidence du Conseil des ministres par Fouad Siniora, appuyé par le plus grand bloc parlementaire sunnite.
 2. Les deux hommes ont évoqué toutes les questions litigieuses entre le pouvoir et l’opposition. Et ils sont convenus de maintenir leurs réunions ouvertes et de se revoir à Beyrouth. Leur but étant d’examiner l’attitude à adopter si l’élection d’un successeur à Émile Lahoud échouait. Michel Aoun a proposé, à cet égard, la formation d’un gouvernement regroupant les principaux leaders politiques du pays sous la présidence de Saad Hariri. Mais cette proposition se heurte au refus des… États-Unis, qui exigent que Fouad Siniora conserve son poste de Premier ministre.
 3. Les rencontres de Paris ont montré une nouvelle fois que l’opposition souhaite ardemment l’entente, alors que les États-Unis veulent la faire échouer. Tout ce qui intéresse Washington est de juguler toute réaction de l’opposition à une éventuelle élection d’un président à la majorité simple, d’une manière anticonstitutionnelle et unilatérale.

Michel Aoun et Saad Hariri à l’issue des entretiens de Paris

Presse libanaise

• Le secrétaire général du Hezbollah libanais, sayyed Hassan Nasrallah, a affirmé jeudi que son parti s’était renforcé depuis la guerre contre Israël de l’été 2006, alors que l’État hébreu s’est affaibli.
« La résistance aujourd’hui est plus forte qu’auparavant et Israël est plus faible », a-t-il déclaré dans un discours diffusé lors de l’ouverture d’une fête agricole organisée par le Hezbollah dans un quartier du sud de la capitale Beyrouth.
« Nous ne voulons la guerre avec personne, mais en même temps nous ne laisserons personne attaquer nos villages, notre peuple et notre pays », a-t-il ajouté.
Ces propos interviennent alors que le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a indiqué mercredi qu’Israël accuse le Hezbollah d’avoir réarmé avec des roquettes longue-portée capables d’atteindre Tel-Aviv et qu’il a triplé son arsenal de missiles sol-mer de type C-802 depuis la guerre de l’été 2006. Sayyed Nasrallah a par ailleurs dénoncé le silence du gouvernement face aux manœuvres militaires israéliennes organisées en Galilée avec la participation de 50 000 soldats. Il a ajouté que les intenses raids aériens fictifs menés par l’aviation israélienne au-dessus de villes et villages du Liban ces derniers jours faisaient partie de ces manœuvres.

AS-SAFIR (QUOTIDIEN PROCHE DE L’OPPOSITION)
Le vide constitutionnel à la tête de la première magistrature de l’État prend le pas. D’intenses efforts et démarches seront déployés à Istanbul (en marge de la réunion des pays voisins de l’Irak) et à Washington pour organiser cette option.
Sayyed Hassan Nasrallah réaffirme son soutien à l’entente en dépit des voix des provocateurs.

AL-AKHBAR (QUOTIDIEN PROCHE DE L’OPPOSITION)
Le Patriarche Nasrallah Sfeir assure qu’il ne reconnaîtra pas un président non consensuel. Le prélat assure que l’élection d’un président à la majorité simple, qui est une mesure anticonstitutionnelle, poussera les autres (l’opposition, ndlr) à élire leur propre président. Les deux chefs d’État seront illégitimes. « Je n’en reconnaîtrais aucun, car le pays sera divisé », dit-il.
Le général Michel Aoun propose à Saad Hariri de présider un gouvernement formé des principaux pôles politiques. Il réaffirme son attachement à sa candidature et appelle à un accord sur le programme du futur président.

AN-NAHAR (QUOTIDIEN PROCHE DU 14-MARS)
Aoun et Hariri transportent le dialogue de Paris à Beyrouth. Les rencontres entre les deux hommes ont permis une percée dans le mur de la crise mais pas de deal au niveau de la présidentielle.
Aoun et Hariri sont d’accord sur 60 % des questions litigieuses et Nasrallah se dit « heureux » des rencontres entre les différents leaders politiques.

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions arabe, anglaise et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise et arabe.