Tendances et événements au Proche-Orient

La septième visite en Israël et dans les Territoires palestiniens de la secrétaire d’État Condoleezza Rice, qui s’efforce de créer un climat propice à la tenue de la conférence d’Annapolis, s’est une nouvelle fois transformée en opération de relations publiques. Des rumeurs ont circulé sur un début d’accord israélo-palestinien. Mais la vérité est venue de la bouche de la ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni, et non pas du Premier ministre Ehud Olmert, du président palestinien Mahmoud Abbas et de Mme Rice, qui ont tous trois fait état, pour la première fois, d’une « ambiance positive ».
Selon les analystes, c’est Livni qui a reflété la véritable image lorsqu’elle a résumé l’attitude israélienne à l’égard du processus de paix avec les Palestiniens : « La sécurité d’Israël est plus importante que l’État palestinien et que toutes les revendications des Palestiniens. C’est la priorité absolue ».
Des milieux palestiniens bien informés assurent que cette fameuse thèse de la sécurité a accompagné toutes les étapes des négociations en cours entre les deux parties en prévision de la préparation de la conférence d’Annapolis. Cela a d’ailleurs été le cas ces 15 dernières années, ce qui avait poussé le leader historique des Palestiniens, Yasser Arafat, à fixer des limites en deçà desquelles il avait toujours refusé de descendre. On comprend maintenant les raisons de son assassinat par empoisonnement après l’échec du blocus de deux ans de son siège de la Mouqataa, à Ramallah.
Les mêmes milieux assurent que les différentes organisations palestiniennes ont accordé un délai suffisant à l’Autorité présidée par Mahmoud Abbas afin qu’elle revoie ses calculs et revienne aux constantes fixées par Yasser Arafat. Le report de la conférence nationale qui devait être organisée à Damas illustre cette flexibilité, surtout que le président palestinien avait appelé les Arabes à ne pas normaliser leurs relations avec Israël. Mais les récentes déclarations de Abbas après sa rencontre avec Rice montrent qu’il n’a pas saisi le message, et qu’il semble disposé à faire des concessions inacceptables. Les organisations palestiniennes, qui surveillent de près l’attitude politique de Abbas, devraient décider, après ses derniers propos, de relancer leur projet de conférence nationale destinée à sauvegarder les droits du peuple palestinien.

Presse et agences internationales

WASHINGTON POST (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
 David Ignatius
La conférence d’Annapolis a peu de chance de réussir en raison de l’impopularité du Premier ministre israélien Ehud Olmert, qui continue de souffrir des retombées de sa dernière guerre au Liban, et de la faiblesse du président palestinien, Mahmoud Abbas, qui a perdu le contrôle d’une partie de son territoire et qui ne bénéficie pas d’un fort soutien arabe. Mais la secrétaire d’État Condoleezza Rice reste très enthousiaste. Elle espère que la conférence réunira Israéliens et Palestiniens ainsi que d’autres dirigeants arabes pour mettre au point un document contraignant toutes les parties à créer un État palestinien. Mme Rice a réussi à convaincre les deux parties à accepter une première mouture de ce document. Toutefois, si elle exerce des pressions supplémentaires à Annapolis afin que les participants présentent de nouvelles concessions, c’est tout le processus de paix qui risque d’exploser.

THE TIMES (QUOTIDIEN BRITANNIQUE)
Les diplomates états-uniens évitent de servir en Irak pour des raisons de sécurité, par crainte de vivre isolés, mais aussi parce qu’ils ne sont pas convaincus de la pertinence du projet des États-Unis dans ce pays. Condoleezza Rice a envoyé, le 26 octobre, des courriers électroniques à 250 diplomates US, leur affirmant que 50 d’entre eux pourraient être choisis pour pourvoir à des postes vacants à l’ambassade américaine à Bagdad.

WASHINGTON GLOBE (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
Des responsables turcs ont assuré qu’Ankara ne donnera pas l’ordre à son armée de traverser la frontière avec l’Irak pour détruire les bases du PKK avant la réunion entre le Premier ministre Recep Teyyeb Erdogan et le président George Bush, ce mardi à la Maison-Blanche. Une évaluation raisonnable des intérêts de la Turquie devrait empêcher Erdogan et ses adjoints de tomber dans le piège tendu par le PKK. Car l’incursion en Irak ne va pas régler le problème mais au contraire raviver les sentiments patriotiques chez les Kurdes dans les régions pauvres du sud de la Turquie, où les services les plus élémentaires ne sont pas fournis à la population. De plus, une éventuelle invasion dans un Irak en proie au chaos provoquera une détérioration des relations entre Ankara et Washington et affaiblira les chances d’une adhésion de la Turquie à l’Union européenne.

HAARETZ (QUOTIDIEN ISRAELIEN)
Le président Shimon Peres a affirmé que le roi d’Arabie saoudite, Abdallah Ben Abdel Aziz, combat le terrorisme mais le finance et le soutient en même temps. « Le monde n’a pas de pire ennemi que le pétrole, a dit le président. Le pétrole est polluant. Et celui de l’Arabie et de l’Iran sert à financer le terrorisme mondial. De plus, le pétrole détruit la démocratie, car celui qui en possède n’a plus besoin de démocratie. Plus le prix du pétrole augmente en Russie, plus le dirigeant devient populaire. Le Venezuela est une dictature heureuse. Son leader Hugo Chavez prononce des discours et danse à la télévision ».
Shimon Peres a mis l’accent sur la nécessité de trouver d’autres sources d’énergie que le pétrole, conseillant l’utilisation de l’électricité et de l’énergie solaire pour faire fonctionner les voitures. « Nous tous d’accord qu’il vaut mieux être attaché au soleil plutôt qu’à l’Arabie saoudite. Le soleil est éternel et démocratique, a-t-il ajouté avant de conclure : « Si le prix du pétrole passe de 93 à 40 dollars, nous auront alors une autre Arabie, un autre Iran et un autre Venezuela ».

Audiovisuel international

ANB (APPARTIENT A L’HOMME D’AFFAIRE IRAKIEN NAZMI OJI)
Le journal télévisé du soir
 Khaled Mechal, président du Bureau politique du Hamas
La conférence de paix d’Annapolis est un vieux jeu que les États-uniens mettent en marche dans le but de creuser les divergences inter-palestiniennes. Elle sert de couverture aux préparatifs d’une nouvelle guerre.
Le président Mahmoud Abbas ne doit en aucun cas présenter des concessions aux Israéliens lors de cette conférence. Car personne n’est mandaté pour abandonner les constantes palestiniennes qui font l’unanimité entre tous les Palestiniens depuis des décennies.

Tendances et événements au Liban

Les milieux médiatiques et politiques attendent les résultats du sommet franco-états-unien qui réunit, ce mardi, les présidents George Bush et Nicolas Sarkozy. _ Le chef d’État français avait multiplié les contacts tous azimuts ces derniers jours, laissant présager que la décision finale sera prise lors de ce sommet. En attendant la couleur de la fumée qui va sortir de la Maison-Blanche, ont peut d’ores et déjà noter les observations suivantes concernant la crise libanaise :
 1. Le député Ghassan Tuéni, considéré comme un modéré du 14-mars, a déclaré après une visite chez le président Berri que la séance de l’élection présidentielle du 12 novembre va être reportée, peut-être au 19 novembre. Il a assuré que les contacts du dernier quart d’heure vont aboutir à l’élection d’un président de compromis entre le pouvoir et l’opposition.
 2. Le ministre français des Affaires étrangères a confirmé un accord en six points avec son homologue syrien Walid Moallem à Istanbul, même s’il a préféré lui donner le nom de « constantes » plutôt qu’accord. Le ministre a évoqué un mécanisme pour l’entente : le patriarche maronite établit une liste de candidats qui sera examinée par le président Nabih Berri et le chef de la coalition au pouvoir, Saad Hariri. Certains attendent avec impatience la réunion, mercredi, du Conseil des évêques maronites, bien que les milieux du patriarche assurent que le prélat ne souhaite pas entrer dans le jeu des noms des présidentiables.
 3. Les informations sur la rencontre entre des émissaires de Nicolas Sarkozy (Claude Guéant, Jean-David Lévitte) et le président Bachar al-Assad montrent qu’il existe un début de dialogue global sur tous les dossiers en suspend.
 4. L’ambassadeur des États-Unis au Conseil de sécurité, Zalmay Khalizad, a assuré que le 14-mars a le droit d’élire un président à la majorité simple. Ces propos renforcent la thèse de la confrontation au Liban et s’inscrivent dans le prolongement des déclarations de la secrétaire d’État Condoleezza Rice à Istanbul. Pourtant, ce sont les États-uniens qui ont rendu publics les détails de la rencontre entre Rice et Moallem, alors que les Syriens ne lui ont pas accordé un grande importance dans leurs médias.
 5. Des milieux du Courant du futur de Saad Hariri ont laissé filtrer que le gouvernement de Fouad Siniora n’est pas disposé à prendre possession des prérogatives du président en cas d’échec de l’élection. Ces mêmes milieux ont donné la priorité à la poursuite du dialogue avec Nabih Berri pour tenter de dégager un compromis.

Articles à propos du Liban

TIME MAGAZINE (HEBDOMADAIRE ÉTATS-UNIEN)
 Nicholas Blandford, correspondant à Beyrouth
Israël prépare-t-il le terrain à des frappes aériennes préventives contre des cibles appartenant à des militants du Hezbollah au Liban ?
Des manœuvres en ce sens ont été effectuées au long de la frontière israélo-libanaise au cours des derniers jours. L’armée israélienne a engagé la semaine dernière des exercices militaires dans le Nord d’Israël à grande échelle, près de la frontière avec le Liban, en mettant en pratique les enseignements tirés des 34 jours de guerre de l’année dernière contre le Hezbollah. En parallèle, des avions israéliens ont effectué un nombre croissant de raids aériens fictifs et de survols dans l’espace aérien libanais. L’aviation israélienne viole cet espace de manière quasi-quotidiennement, mais la semaine dernière, les unités de défense anti-aériennes de l’armée libanaise ont tiré pour la première fois depuis la fin de la guerre.
Le Hezbollah, aussi, aurait effectué au cours du week-end, ses plus importantes manœuvres militaires dans le sud du Liban. En réponse à l’armée israélienne, le Hezbollah a effectué trois jours d’exercice destinés, selon lui, à « dissuader l’ennemi de toute nouvelle entreprise sur le sol libanais ».

AS-SAFIR (QUOTIDIEN PROCHE DE L’OPPOSITION)
Damas refuse d’examiner les noms des présidentiables. Riyad met l’accent sur l’entente inter-libanaise. Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, reconnaît l’existence de divergences avec les États-Unis.
L’armée va adopter des mesures de sécurité draconiennes entre le 14 et le 24 novembre dans le Grand Beyrouth.

AL-AKHBAR (QUOTIDIEN PROCHE DE L’OPPOSITION)
Le secrétaire général adjoint du Hezbollah, cheikh Naïm Kassem, a confirmé l’organisation par le parti de manœuvres qualifiées de « vastes et importantes afin d’éviter que la Résistance ne soit surprise » par une attaque israélienne. Le Premier ministre Fouad Siniora et la Finul ont démenti toute activité armée au sud du Litani.

AN-NAHAR (QUOTIDIEN PROCHE DU 14-MARS)
Troisième report de la séance de l’élection présidentielle. Le 14 novembre commencent les sessions ouvertes du Parlement pour élire un président. Le refus de Nasrallah Sfeir de désigner des candidats relance les concertations. Kouchner, prochainement de retour au Liban, assure qu’il ne peut y avoir de solution sans candidat accepté de tous.

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions arabe, anglaise et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise et arabe.