« Au lieu de minerai, le Gonzen va bientôt fournir des puces » : c’est ce qu’annonce avec fierté l’usine de produits high-tech Espros Photonics dans le « Tages-Anzeiger » du 12 octobre. Le maire de la commune de Sargans, dans le canton de Saint-Gall, aurait déclaré avec satisfaction : « Ce projet unique au monde aidera Sargans à acquérir une place sur la carte géographique mondiale. »
Landquart a semble-t-il également proposé des avantages fiscaux pour attirer l’usine dans le canton des Grisons. Mais ce qui a manifestement fait pencher la balance concernant l’emplacement de l’usine n’est pas la politique fiscale mais les conditions géologiques. La production de puces est basée sur la nanotechnologie et réagit avec une grande sensibilité aux tremblements de terre. Selon Beat de Coi, président du conseil d’administration d’Espros Photonics, il s’agit là d’un projet unique dans le domaine technologique consistant à produire des puces optiques ultra-performantes avec traitement de signal intégré. Le conseiller d’Etat responsable de l’économie du canton de Saint-Gall ne s’est pas exprimé sur l’importance des allègements fiscaux mais il s’est réjoui du gain d’image que cette usine apportait au Rheintal saint-gallois et de la perspective de création d’emplois hautement qualifiés.

Une approche différente s’impose concernant l’octroi de sites de production

Mais que savons-nous de la nanotechnologie ? Ne recèle-t-elle pas des dangers considérables pour l’homme et l’environnement ? Quel sera le but de la production ?
Avant de se réjouir à la perspective d’un gain d’image et de création d’emplois, il faudrait se préoccuper de la sécurité de l’emploi, de l’impact sur l’environnement et de la destination des produits.
Une stimulation durable de l’activité économique qui se fait aux dépens de la population locale (perte de recettes fiscales) doit avant tout couvrir les besoins de cette population. D’où viendra la main-d’oeuvre hautement qualifiée et qui fera les frais des conséquences éventuelles pour les hommes et l’environnement ?
Le Gonzen va-t-il être déclaré zone interdite parce que des secrets de fabrication seront cachés dans la montagne ? Les aspects ­éthiques devraient également être pris en compte dans la discussion précédant la décision d’octroi d’un site. Il y a longtemps que l’économie s’est éloignée de l’éthique. C’est pourquoi il est important que la population concernée exige qu’on réintègre l’éthique dans la vie économique. L’octroi de sites de production offre une excellente occasion de débat. Ce ne sont pas les autorités qui doivent courtiser les entreprises mais les entreprises qui doivent essayer de gagner les faveurs de la population.

Sur notre planète aux ressources limitées, l’obtention d’un site est un privilège qui ne doit pas être bradé à la légère, comme on l’a fait jusqu’ici. Les sociétés en quête d’un lieu de production doivent le mériter. •

La nanotechnologie « et la santé humaine »

te. Le Council for Science and Technology (CST) britannique critique le gouvernement pour leur manque d’intérêt à la toxicologie et les conséquences de la nanotechnologie sur la santé. Les nanoparticules mesurent moins de 100 nano­mètres (ce sont 2 à 4 fois le diamètre d’un atome !) et, une fois arrivés dans le corps, ils pourraient provoquer de sérieux problèmes. Du nanomatériel comme des oxydes métalliques etc. peuvent avoir des conséquences pulmonaires aussi néfastes que l’asbeste. Certes, des études ­montrent que les mécanismes de défense du corps traitent les nanoparticules comme des microorganismes, mais non pas les fibres produites par les nanoparticules.
La « Regulatory Agency » ne s’occupe plus de ces questions. Alors, qui est-ce qui s’occupe encore des conséquences d’une technologie qui se développe très rapidement ?

The risks of nanotechnology for human health.
Lancet 2007 ; 369:1142.
Résumé tiré du « swiss medical forum » 2007, p. 750