Tendances et événements au Proche-Orient

Les équations politiques et militaires imposées par la résistance palestinienne sont incontournables. Les débats animés qui agitent les différents milieux israéliens sur les meilleurs moyens de stopper les tirs de roquettes sur les localités d’Israël illustrent cette réalité, surtout après l’effondrement du moral des habitants de la colonie de Siderot dont 80 % ont choisi le départ définitif, déçus par l’échec de l’armée et du gouvernement à les protéger des roquettes palestiniennes.
Les violentes incursions et la multiplication des assassinats de résistants par l’armée n’ont pas empêché la poursuite des tirs de la Résistance. Selon des experts israéliens, les roquettes sont désormais plus précises et peuvent atteindre des cibles situées encore plus loin que Siderot. La construction de clôtures et de barrières entre Gaza er l’Egypte et entre la Bande et Israël sont des méthodes utilisées par le passé et qui n’ont abouti à aucun résultat.
Devant cette situation sans issue, de larges pans de l’establishment politique israélien, dont des ministres, commencent à demander l’engagement de négociations avec le Hamas. Et les menaces d’une invasion totale, à travers laquelle le ministre de la Défense, Ehud Barak, pense pourvoir renforcer ses positions dans la course au pouvoir pour succéder à Ehud Olmert, sont contrebalancées par les fortes réserves exprimées par l’état-major. Les services de renseignement estiment que toute invasion ne sera pas une promenade et se solderait par une véritable catastrophe, semblable à celle qui a frappé l’armée israélienne après sa défaite face à la Résistance libanaise en été 2006. Une défaite qui va une nouvelle fois faire l’objet d’un débat animé avec l’approche de la publication du rapport définitif de la commission d’enquête présidée par le juge Eliahou Winograd.

Presse et agences internationales

MAARIV (QUOTIDIEN ISRAELIEN)
L’armée israélienne a renforcé l’état d’alerte dans les rangs des troupes déployées à la frontière avec le Liban en raison de la crise politique que traverse ce pays. Les yeux de l’institution militaire observent avec inquiétude les développements au Liban où le conflit se poursuit autour de l’élection d’un nouveau président. Il existe une crainte, en Israël, d’une explosion de violence chez le voisin du Nord si l’élection d’un président de la République est une nouvelle fois ajournée. Un officier du front nord a dit qu’il était question de renforcer l’état d’alerte et non pas de l’augmenter.

YEDIOT AHARONOT (QUOTIDIEN ISRAELIEN)
En dépit du rapport trompeur du renseignement militaire « Aman » sur le fait qu’une guerre est peu probable l’année prochaine, le commandement du front nord a décidé de mener des exercices de préparation à un conflit les trois semaines qui viennent. Une source US a déclaré qu’Israël était prêt à bombarder l’Iran, et des milieux européens ont annoncé l’échec de tentatives d’échanges de messages entre la Syrie et l’État hébreu ces derniers mois.
Le commandement du front nord va diffuser ces trois prochaines semaines des programmes sensibilisant la population aux moyens de faire face à une guerre et à des tirs de roquettes. Des manuels d’explication vont être distribués dans chaque maison.

AL-KHALEEJ (QUOTIDIEN EMIRATI)
L’ouverture des frontières d’Europe centrale à la libre circulation de quelque 400 millions d’Européens, crée un espace de 24 pays s’étendant du cercle arctique aux îles Canaries.
A Zittau, bourgade de l’ex-Allemagne de l’Est, à la jonction de la Pologne et de la République tchèque, la chancelière allemande Angela Merkel, en compagnie des Premiers ministres polonais et tchèque Donald Tusk et Mirek Topolanek, a célébré vendredi matin l’adhésion de ses voisins à l’espace de libre circulation, connu sous le nom d’espace Schengen.
Soixante-deux ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale et la division de l’Europe en deux blocs, 18 ans après la chute du Mur de Berlin, et 12 ans après l’ouverture de ses premières frontières occidentales, l’Europe de Schengen a brisé les derniers tabous en s’ouvrant vers l’est et le sud à neuf pays, tous membres de l’Union européenne et pour la plupart anciens alliés de l’Union soviétique.
Il est maintenant possible d’aller par la route, par train ou par bateau de Narva à Lisbonne ou de Budapest à Brest sans présenter son passeport. En mars, les aéroports se mettront au diapason.
Pendant ce temps dans le monde arabe, les frontières se sont transformées en murs infranchissables qu’il est impossible de passer qu’après des mesures de sécurité strictes et douloureuses. À croise que chaque Arabe qui veut aller d’un pays arabe à un autre est considéré comme un accusé ou un suspect.

• Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmad Aboul Gheith, a révélé qu’une réunion ministérielle arabe pourrait être organisée prochainement pour débattre de la situation au Liban si les Libanais ne parviennent pas à élire un nouveau président de la République. « Les acteurs régionaux et internationaux ne sont pas disposés à voir le Liban se diriger petit à petit vers une situation où ses institutions constitutionnelles pourraient s’effondrer », a-t-il dit dans une déclaration à la presse.

LE MONDE (QUOTIDIEN FRANÇAIS, SOCIAL-DEMOCRATE)
 Robert Malley, directeur de l’International Crisis Group, et Peter Harling, analyste senior.
L’heure de vérité est arrivée pour la Syrie. Si elle ne change pas son comportement et ne cesse pas de bloquer l’élection du président libanais, elle sera à nouveau rejetée dans l’Axe du Mal. Et Nicolas Sarkozy, qui se trouvera humilié par un échec au Liban, deviendra un de ses pires détracteurs après lui avoir tendu la main. Quant à Michel Aoun, il faut lui donner des compensations politiques pour qu’il accepte d’effacer sa candidature devant celle de Michel Sleimane.

LE FIGARO (QUOTIDIEN FRANÇAIS, MAJORITE PRESIDENTIELLE)
L’appel de Rome pour la Méditerranée, lancé par Nicolas Sarkozy, Romano Prodi et Jos-Luis Zapatero est censé clarifier les objectifs d’un projet que le président français décrit comme prioritaire. En définitive, la logique de la coopération interétatique l’emporte sur celle d’intégration des États au sein d’une entité supranationale concurrente de l’Union européenne. C’est pourquoi on ne dira plus « Union méditerranéenne », mais « Union pour la Méditerranée ».

LA LIBRE BELGIQUE (QUOTIDIEN BELGE)
La police bruxelloise a annoncé avoir déjoué un projet d’évasion de Nizar Trabelsi, ce Tunisien actuellement détenu à Nivelles après avoir été condamné en juin 2004 pour un projet d’attentat contre la garnison états-unienne de la base aérienne belge de Kleine Brogel. Parmi les personnes impliquées se trouveraient des proches de la filière des assassins « belges » du commandant afghan Ahmed Shah Massoud, abattu en 2001. Mais en définitive, les 14 suspects interpellés ont tous été relâchés par le parquet.

FINANCIAL TIMES (QUOTIDIEN ECONOMIQUE BRITANNIQUE)
Le sauvetage de l’Union des banques suisses (UBS), victime de la crise des « subprimes » états-uniennes, revient pour 11,5 milliards de francs suisses au Fonds d’État du gouvernement de Singapour et pour 2 milliards de francs suisses à un investisseur anonyme qui pourrait être le prince héritier d’Arabie saoudite, Sultan ben Abdel Aziz.

EL PAIS (QUOTIDIEN ESPAGNOL, SOCIAL-DEMOCRATE)
La sale guerre se poursuit entre Palestiniens : l’Autorité palestinienne persécute le Hamas. Plus d’un millier de cadres du parti islamiste ont été arrêtés et emprisonnés par la police de Mahmoud Abbas au cours des six derniers mois. Le Premier ministre Salam Fayyad a ordonné la fermeture d’une centaine d’institutions caritatives du Hamas et gelé leurs comptes bancaires en Cisjordanie. Des hommes masqués ont transporté dans les hôpitaux des cadres islamistes portant des signes évidents de tortures. D’autres, en uniforme, ont attaqué la cité universitaire d’An Najah à Naplouse et frappé les étudiantes.

EL MUNDO (QUOTIDIEN ESPAGNOL, DEMOCRATE-CHRETIEN)
A l’issue du XIIIe congrès du mouvement, le secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz, a déclaré que l’organisation avait pris la décision de renforcer son aile militaire et menaçait de reprendre la lutte armée si les négociations avec le Maroc n’avançaient pas. Le Polisario exige la tenue d’un référendum d’autodétermination, tel que prévu par le Conseil de sécurité des Nations Unies.

ABC (QUOTIDIEN ESPAGNOL, MONARCHISTE)
Avec son projet méditerranéen, Sarkozy essaye de retrouver l’influence perdue de la France au Maghreb. Il s’appuie sur le fait que les nouveaux États membre de l’Union européenne ne sont pas tous intéressés par le Processus de Barcelone. En convoquant un sommet à Marseille à la veille de la fête nationale française, il veut faire de cette ville la capitale de la Méditerranée au détriment de Barcelone.

Audiovisuel international

AL-JAZEERA (CHAINE QATARI)
Principal journal du soir
 Naim Kassem, secrétaire général adjoint du Hezbollah
Les ordres de George Bush ne peuvent pas être exécutés au Liban. La tutelle états-unienne est rejetée. Le Liban de la résistance, de la libération, de l’indépendance et de la dignité n’acceptera jamais que le projet israélien passe.
La coalition gouvernementale du 14-mars a refusé un vrai partenariat avec l’opposition. Le 14-mars doit rejeter les instructions de George Bush d’élire un président à la majorité simple et doit répondre à l’appel à l’entente lancé par l’opposition.

Tendances et événements au Liban

Le dixième report de la séance de l’élection présidentielle a été précédé, cette fois, de violentes joutes verbales et de fortes pressions exercées par le président états-unien George Bush et son homologue français Nicolas Sarkozy. Le premier a encouragé le 14-mars à élire un président à la majorité simple et le second a affirmé que l’élection présidentielle devait avoir lieu sans tarder. Le report au 29 décembre est intervenu après des contacts entre le chef druze Walid Joumblatt et le président de la Chambre Nabih Berry.
Ces trois derniers jours ont été marqués par les développements suivants :
 1. Walid Joumblatt, qui était il y a peu le chef de file des faucons du 14-mars, a réaffirmé son attachement à la candidature du commandant en chef de l’armée, le général Michel Sleimane, rejetant ainsi indirectement l’appel du président George Bush à élire un président à la majorité simple, c’est-à-dire en violation des dispositions de la Constitution qui exige un quorum des deux tiers. M. Joumblatt a joué un rôle important pour faire reporter la séance du 22 décembre au 29 du même mois.
 2. L’escalade enclenchée par les États-Unis contre l’opposition libanaise et la Syrie s’est transformée en pression sur le 14-mars afin qu’il choisisse la voie anticonstitutionnelle. Pourtant, cette option avait déjà été écartée par l’administration Bush qui avait conseillé à la coalition au pouvoir de s’en éloigner car elle comporte de graves risques pour la stabilité du Liban.
 3. Les pressions US ont suscité de vifs débats au sein du 14-mars. Samir Geagea a adopté un ton menaçant, Walid Joumblatt a appelé au calme et à la modération et Saad Hariri a fait preuve d’une grande confusion. L’opposition, elle, a montré une unité des rangs, une volonté d’entente et une forte détermination à faire face à toute démarche anticonstitutionnelle de la part du 14-mars.
 4. Le ton sévère utilisé par Nicolas Sarkozy à l’égard de la Syrie a très vite été ravalé après les précisions du ministre syrien des Affaires étrangères. Walid Moallem a révélé devant des journalistes accrédités à Damas, que les contacts franco-syriens avaient atteint un stade avancé et qu’un accord sur une solution politique à la crise libanais avait été conclu. Mais l’intervention des États-Unis avait torpillé ces efforts. M. Moallem a accusé Washington de pousser les Libanais à entrer en conflit. Selon diverses sources, les contacts entre la France et la Syrie pourraient reprendre avant la date de la prochaine séance de l’élection présidentielle.
 5. Des informations sûres affirment que c’est l’ancien chef de l’État, Amine Gemayel, qui serait élu président si le 14-mars décidait d’exécuter les instructions de George Bush. Mais le Patriarche maronite Nasrallah Sfeir a catégoriquement refusé de couvrir l’option de l’élection à la majorité simple. Les loyalistes pourraient alors décider de renflouer le gouvernement de Fouad Siniora, en prenant progressivement les prérogatives de la présidence de la République. Première étape, nomination d’un remplaçant au ministre assassiné Pierre Gemayel, prélude à la désignation de ministres à la place de ceux de l’opposition qui ont démissionné. La réaction politique et populaire de l’opposition à une telle décision sera inattendue.
Les menaces de George Bush dépassent les capacités réelles des États-Unis à modifier en leur faveur les rapports de forces sur la scène libanaise.

Presse libanaise

L’ORIENT-LE JOUR (QUOTIDIEN FRANCOPHONE PROCHE DU 14-MARS)
Le Liban plus que jamais otage du bras de fer syro-occidental. Ces derniers jours, le président français Nicolas Sarkozy avait demandé à son homologue syrien le respect de la date du samedi 22 décembre. Vendredi, l’ambassadeur des États-Unis à l’Onu, Zalmay Khalilzad, a invité le Conseil de sécurité à faire pression sur ceux qui bloquent l’élection.

AS-SAFIR (QUOTIDIEN PROCHE DE L’OPPOSITION)
Le président du Parlement, Nabih Berry, un leader de l’opposition, a indiqué qu’il convoquerait au besoin chaque semaine la Chambre en janvier jusqu’à l’élection d’un président de la République, si la session du 29 décembre se soldait par un nouvel échec.
La session ordinaire du Parlement s’achève le 31 décembre et la prochaine session doit être ouverte à la mi-mars 2008.

AD- DIYAR (QUOTIDIEN PROCHE DE L’OPPOSITION)
L’escalade provoquée par George Bush fait suite à un entretien téléphonique avec son conseiller pour les affaires du Moyen-Orient, Elliot Abrams, qui l’a briefé sur les résultats de sa visite à Beyrouth. Abrams a informé son patron que le 14-mars au Liban était très affaibli et n’avait plus le moral, surtout à cause de la nouvelle attitude de l’un de ses chefs, Walid Joumblatt. Après une rencontre en octobre à Washington avec le chef du Conseil national de sécurité Steven Hadley, Joumblatt avait senti que quelque chose allait changer au Proche-Orient. De retour des États-Unis, il avait l’air abattu et déçu. Son attitude a eu un impact sur le 14-mars qui a été très affaibli.

LBC (CHAINE PROCHE DU 14-MARS)
•Le chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, un des chefs du 14-mars, a déclaré : « Nous ne voulions pas du vide présidentiel, alors nous avons accepté de considérer le chef de l’armée comme président de consensus, mais les positions de l’autre partie aboutissent à ce blocage ». « Mais nous n’accepterons pas que ce vide se poursuive, et nous étudions des alternatives. La Syrie ne veut rien de particulier du Liban, elle veut en fait tout le Liban. Elle essaie de manière malheureuse de revenir au Liban ».

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions allemande, arabe, anglaise, espagnole et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise, espagnole et arabe.