Tendances et événements au Proche-Orient

La tournée de Bush et la fièvre des primaires US

Alors que le président états-unien George Bush se prépare à entamer sa première tournée moyen-orientale, le compte à rebours du deuxième round des primaires a commencé dans l’État du New Hampshire. Les études et sondages montrent que la politique extérieure, notamment la situation au Moyen-Orient, est au centre de l’intérêt des électeurs et déterminera en partie l’issue de la course à la Maison-Blanche. La percée du candidat démocrate Barak Obama s’ajoute aux nombreux indices prouvant la volonté de changement des États-uniens.
Certains analystes assurent que les présidentielles US vont être l’occasion d’un grand changement, semblable à celui qui s’est produit dans l’ex-Union soviétique lorsque Mikhaïl Gorbatchev a accédé au pouvoir. Gorbatchev a pris les rênes du pouvoir après une série de déceptions, d’échecs, de défaites, de catastrophes et d’effondrements économiques. Quoi qu’il en soit, l’ascension fulgurante de Barak Obama est un phénomène qui aura des répercussions certaines sur n’importe quel président ou administration.
Les médias états-uniens commencent à étudier ce phénomène et ses significations, évoquant la volonté de changement radical affichée par Obama et ses capacités à attirer les jeunes, les vieux, les femmes, les retraités, les citoyens de couleur et les émigrés fraichement arrivés. Il faut rappeler que des milieux influents de l’establishment US appuient le jeune candidat à la Maison-Blanche. L’ancien conseiller à la sécurité nationale de Jimmy Carter, Zbiginew Brzezinski, est son premier conseiller pour les affaires étrangères et l’un de ses principaux slogans de campagne est le retrait d’Irak.
Les résultats des primaires du New Hampshire auront des répercussions importantes sur la suite des élections. Mais quelle que soit l’issue de cette consultation, il est clair que les vents internes états-uniens ne soufflent pas comme le souhaiterait George Bush, qui axe sa tournée au Moyen-Orient autour du soutien à Israël, alors que sa diplomatie n’arrive à enregistrer aucun succès sur les différents fronts de la région, notamment sur le volet israélo-palestinien.

Agences et presse internationales

EL MUNDO (QUOTIDIEN ESPAGNOL)
 Miguel Angel Moratinos, ministre espagnol des Affaires étrangères
Après de nombreuses années de blocage du processus de paix, il ne faut pas s’étonner que certains leaders d’opinion minimisent l’importance des résultats de la conférence de paix d’Annapolis. En dépit de ce scepticisme, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a qualifié la réunion d’Annapolis de plus important événement concernant le processus de paix depuis la première conférence de Madrid, en 1991.
Les dirigeants arabes et israéliens ont fait un pari décisif sur la paix. Et comme Arafat et Rabin avaient conclu la paix des braves, Olmert et Abbas doivent édifier la paix des peuples. Avec l’expérience accumulée ces dernières années depuis Madrid, j’ose affirmer que le processus de paix est entré dans sa phase finale. Nous ne parlons plus d’un processus dont l’horizon s’éloigne mais se rapproche. Depuis Annapolis, nous sommes devant un processus de paix palpable.

AL-KHALEEJ (QUOTIDIEN EMIRATI)
• Les Palestiniens se trouvent devant une nouvelle occasion d’entamer un dialogue pour mettre un terme à la rupture et aux divisions entre les deux grands courants de la Palestine. Lors de leur réunion extraordinaire au Caire, les ministres arabes des Affaires étrangères ont allumé une lueur d’espoir pour l’unité nationale inter-palestinienne, que les parties en conflit ont sacrifié sur l’autel de leurs intérêts, de leur égoïsme et du fanatisme. Cette situation a placé le peuple palestinien devant une situation dangereuse qui menace d’une nouvelle nakba.
• Des analystes et des diplomates égyptiens ont mis en garde contre les résultats de la visite au Moyen-Orient de George Bush dont l’objectif est de construire une alliance entre Washington et les pays arabe face à ce qu’il appelle le « danger iranien ». Ils ont estimé peu probable que la tournée du président états-unien aboutisse à des résultats concrets au niveau du processus de paix.
L’ancien vice-ministre égyptien des Affaires étrangères, Abdallah Achaal, a affirmé que la visite de Bush a trois objectifs : 1-Dans le sillage d’une tradition des présidents US, Bush veut prouver à l’opinion publique que son intérêt pour le processus de paix n’est pas moindre que celui de ses prédécesseurs. Au Caire, il devrait évoquer la question des tunnels entre l’Égypte et la bande de Gaza et l’affaire des pèlerins palestiniens. 2-A travers cette tournée, il cherche à appuyer la campagne électorale du parti républicain. 3-Il veut montrer que le principal objectif de son parti est de défricher le terrain devant Israël, ce qui nécessite des pressions sur l’Égypte.

TECHRINE (QUOTIDIEN SYRIEN)
 Omar Jaftali
A la veille de sa tournée au Moyen-Orient, George Bush a tenu des propos mielleux sur « l’illégitimité » de la colonisation « illégale » ! Certains pourraient se laisser berner par ce genre de déclarations pompeuses que nous avons entendu tout au long de ces sept dernières années sans que rien ne soit jamais fait sur le terrain. Peut-être que le président américain veut se dédouaner après avoir provoqué de véritables catastrophes au Proche-Orient, notamment en Irak et dans les territoires palestiniens. Sans compter les crises provoquées pour servir son plan au Moyen-Orient qu’il n’a pas appliqué mais dont il sème les graines : diviser les Arabes en deux camps, les modérés, acceptés par les États-Unis, et les extrémistes qui ne veulent se laisser entraîner par les illusions US.

WASHINGTON POST (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
Une nouvelle génération de leaders sunnites émerge en Irak avec l’appui de la Coalition : le Réveil. Elle a repris elle-même le contrôle militaire des zones où Al-Qaïda s’était déployé, mais inquiète le gouvernement qui y voit un danger potentiel lorsque l’armée US se retirera. Le Réveil combat également l’influence iranienne dans le pays et l’armée du Mehdi de l’imam Moktada el-Sadr.

THE NEW YORK TIMES (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
Depuis que les États-Unis et la France ont relâché leur pression sur l’Iran, les divergences peuvent à nouveau s’exprimer au sommet du pouvoir à Téhéran. Le suprême leader Ali Khamenei manifeste sa déception devant les résultats économiques désastreux du président Mahmoud Ahmadinejad. Il a soutenu le ministre Mohammad Zolghadr qui avait été démis de ses fonctions par le président et a envoyé son fidèle Ali Larijani négocier au Caire toujours contre l’avis du président.

LE SOIR (QUOTIDIEN BELGE)
A l’initiative de l’organisation paneuropéenne des Frères musulmans, la Fédération des organisations islamiques en Europe (FIOE), plus de 400 organisations musulmanes d’Europe signeront ce jeudi une charte commune à Bruxelles. Elles s’alignent sur les positions du Conseil européen pour la fatwa et la recherche (ECFR), qui plaide à la fois le respect des traditions religieuses et la primauté des procédures civiles.

LA CROIX (QUOTIDIEN CATHOLIQUE FRANÇAIS)
Le pape Benoit XVI a prononcé son discours annuel sur l’état du monde devant les 174 ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège. Concernant le Proche-Orient, il s’est réjouit du processus de paix entre Israël et la Palestine engagé à Annapolis, pour se pencher plus longuement sur la grave crise qui secoue le Liban, demandant que « les responsables de la vie publique mettent de côté les intérêts particuliers » pour « s’engager sur le chemin du dialogue et de la réconciliation ». Mais, comme le regrette un ambassadeur européen, sans une allusion plus directe à la responsabilité des chrétiens de mettre fin à leurs propres dissensions internes. Le pape a présenté une vision tout aussi équilibrée sur l’Iran, plaidant pour la voie diplomatique dans la résolution de la crise nucléaire. Pour l’Irak, il a explicitement fait référence aux attentats de dimanche, qui ont de nouveau touché les communautés chrétiennes, demandant que les solutions constitutionnelles prises pour ce pays tiennent compte du droit des minorités. Benoît XVI a davantage surpris sur le Kosovo, préconisant que l’on garantisse « le droit à tous ceux qui habitent cette terre » – ce qui, dans le contexte actuel, constitue un appui discret à la partie serbe. De même, le représentant de la Turquie présent à ce discours a noté avec agacement l’insistance inhabituelle du pape sur Chypre, fruit des conversations de Benoît XVII l’été dernier avec l’archevêque orthodoxe Chrysostome II.

Audiovisuel international

CHAINE SATELLITAIRE SYRIENNE
• Le président Bachar al-Assad a reçu une lettre de son homologue mauritanien concernant les relations bilatérales.
• Le ministre des Affaires étrangères, Walid Moallem, a affirmé que l’initiative arabe de règlement de la crise libanaise est un plan global basé sur le partenariat et l’entente entre les Libanais.

ANB (APPARTIENT A L’HOMME D’AFFAIRES IRAKIEN NAZMI OJI)
Le représentant du guide suprême de la révolution iranienne au Conseil national de la sécurité en Iran, Ali Larijani, a affirmé que son pays soutenait le plan arabe de règlement de la crise de la présidentielle au Liban.

Tendances et événements au Liban

En attendant l’arrivée de Amr Moussa

Les différents milieux politiques s’affairent à expliquer et interpréter les clauses de l’initiative de règlement de la crise libanaise adoptée dimanche par le conseil ministériel arabe. Le plan avait constitué une mauvaise surprise pour le 14-mars qui avait envoyé une lettre aux ministres arabes des Affaires étrangères leur demandant de prendre des sanctions contre la Syrie et d’imposer l’élection d’un président de la République sans conditions préalables. Mais les Arabes sont tombés d’accord sur une formule qui n’aurait pas pu voir le jour sans la coopération de la Syrie. Ce plan prévoit un processus d’élection couplé à des arrangements politiques globaux portant sur la formation d’un gouvernement d’union nationale et l’élaboration d’une nouvelle loi électorale, deux des principales revendications de l’opposition libanaise.
Les réactions au plan arabe permettent de noter les observations suivantes :
 1. Le 14-mars a donné un accord de principe en attendant les contacts que doit avoir à Beyrouth le secrétaire général de la Ligue arabe. Des milieux loyalistes à Beyrouth ont fait circuler des informations sur de prétendues menaces saoudiennes et égyptiennes à la Syrie. Mais cette intox est démentie par la rencontre qui a groupé au domicile de Amr Moussa, avant le conseil ministériel arabe, les ministres des Affaires étrangères syrien, Walid Moallem, saoudien, Saoud el-Fayçal, qatari, Jabr al-Thani, et omanais, Youssef Ben Alaoui.
 2. Des médias loyalistes ont relayé, lundi, un communiqué signé d’une « source dirigeante du 14-mars » présentant une interprétation du plan arabe répondant aux visions de la coalition pro-US, basée sur le refus d’accorder à l’opposition le tiers des portefeuilles au sein d’un gouvernement d’union nationale. Tous les leaders du 14-mars ont refusé de cautionner ce communiqué mystérieux dont la source est restée anonyme. Il semble que les derniers « survivants » du rassemblement chrétien loyaliste de Kormet Chehwan soient à l’origine de ce communiqué qui avait pour but de vider de son sens tout le plan arabe.
 3. Par la bouche de son vice-ministre des Affaires étrangères, la Syrie a assuré qu’elle n’exercera aucune pression sur l’opposition libanaise. Fayçal al-Mokdad a expliqué que Damas et les pays arabes s’étaient entendus pour appuyer Amr Moussa dans sa mission à Beyrouth visant à mettre en œuvre le plan arabe. Cette initiative reprend en fait la quintessence des documents franco-syriens torpillés par les États-Unis.
 4. L’opposition a choisi d’adopter la position de l’attentisme positif. Ces chefs ont soit salué le plan arabe (Nabih Berry), soit exprimé des réserves sur le fait qu’il ne prévoit pas d’accorder le « tiers de garantie » à l’opposition, comme l’a dit le général Michel Aoun. Ce dernier a proposé une répartition des sièges dans le prochain gouvernement selon une formule qui empêche n’importe quelle partie de monopoliser le pouvoir : 11 sièges pour l’opposition, 14 pour les loyalistes et 5 pour le président de la République.
 5. L’opposition reste prête à toutes les éventualités au cas où le 14-mars torpillait le plan arabe comme il l’a fait pour toutes les autres initiatives depuis près d’un an et demi.

Presse libanaise

AN NAHAR (QUOTIDIEN PROCHE DU 14-MARS)
Le plan arabe adopté à l’unanimité reflète un développement très important. La rapidité avec laquelle l’initiative a été approuvée samedi soir, à la veille du Conseil ministériel, est un signe qui ne trompe pas.

AD-DIYAR (QUOTIDIEN PROCHE DE L’OPPOSITION)
Le train de la solution à la crise libanaise a démarré grâce à un effort arabe. Mais l’entente nécessite des efforts libanais. Il faut que les différentes parties locales consacrent le principe de « ni vainqueur ni vaincu ». Le soutien arabe et international au général Michel Sleimane a donné le coup d’envoi à la solution. Surtout que le général Sleimane a de tout temps appuyé la Résistance face à l’ennemi israélien, et s’est tenu à égale distance de toutes les parties libanaises.

Audiovisuel libanais

AL-MANAR (CHAINE DU HEZBOLLAH)
Émission : Entre parenthèses
 Fayçal Al-Mokdad, vice-ministre syrien des Affaires étrangères
La Syrie soutien l’élection immédiate du général Michel Sleimane à la présidence de la République. Depuis le début, la Syrie a appuyé son élection. C’est un homme connu pour son patriotisme.
Toute personne qui choisit d’affronter la Syrie ou de faire preuve d’hostilité à son égard est perdante.
Les rencontres entre la Syrie et l’Arabie saoudite se poursuivent. Le sommet arabe prévu à Damas en mars va aboutir à un accord sur une action arabe commune.

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions allemande, arabe, anglaise, espagnole et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise, espagnole et arabe.