Le président Jacques Chirac avait mis le président Laurent Gbagbo en garde contre toute action qui risquerait de mettre le feu aux poudres mais ce dernier n’en a pas tenu compte. Nous voyons le résultat. Nous verrons si nos soldats ont été visés délibérément au terme d’une enquête mais il semble irréaliste qu’il s’agisse d’une erreur compte tenu de ce qui m’a été rapporté. Le climat de haine anti-française alimenté par certains depuis plusieurs mois pèse lourdement sur la rationalité des positions et des réactions.
Nous avons eu neuf morts et 38 blessés au cours de l’attaque, nous devions riposter de façon appropriée et nous avons détruit les avions de combats et les hélicoptères de combat. Nous étions non seulement dans une situation de violation du cessez-le-feu mais en position de légitime défense face à une agression caractérisée. Ce message très fort passé, nous avons fait savoir aux autorités ivoiriennes que notre objectif n’est nullement de déstabiliser les institutions de la Côte d’Ivoire. Au contraire, nos forces sont là pour stabiliser la situation. Il faut appliquer les accords de Marcoussis, conforté par les accords d’Accra : il faut désarmer et progresser sur le plan institutionnel. C’est parce que ces accords n’ont pas été mis en œuvre en temps et en heure que nous nous retrouvons aujourd’hui dans cette situation.

Source
Le Monde (France)

« Trois questions à Michèle Alliot-Marie », par Michèle Alliot-Marie, Le Monde, 9 novembre 2004. Ce texte est adapté d’une interview.