Dans notre Stratégie européenne de sécurité, le terrorisme est considéré comme un danger majeur pour l’Union européenne et nous luttons contre ce phénomène avec tous les moyens dont nous disposons, en commençant par le renseignement. Les arrestations et le démantèlement d’opérations terroristes en Europe sont souvent possibles grâce à la coopération entre services de renseignement des États membres de l’Union.
L’année dernière, l’Union a conclu deux accords Europol et un accord d’extradition et d’entraide judiciaire. Les services de sécurité européens travaillent en étroite collaboration au sein du Groupe de lutte contre le terrorisme, et la Task Force antiterroriste d’Europol a été rétablie. Il n’est cependant pas toujours nécessaire ou souhaitable de partager les informations. Il existe des informations plus délicates et confidentielles que les services communiquent uniquement lorsque cela s’impose et non pas dans un souci de promouvoir la coopération. Il me semble que les services de renseignement peuvent jouer un autre rôle : guider les mesures politiques. Ils peuvent informer le public en exposant les origines du terrorisme, la radicalisation des mouvements et le recrutement, les buts, les méthodes et les stratégies. Nous devons également avoir une bonne analyse des renseignements et grâce au soutien des États membres nous sommes en train de créer des structures européennes pour communiquer les renseignements utiles aux décideurs de l’Union européenne.
De façon générale, nous accordons une attention prioritaire à la lutte contre le terrorisme sur le plan international et faisons en sorte de l’intégrer davantage dans notre dialogue politique avec d’autres pays. La coopération transatlantique avec les États-Unis a également évolué. Les actes sont plus forts que les mots et, en l’occurrence, ils ont été rapides et décisifs, notamment dans la lutte contre le financement du terrorisme malgré les divergences sur l’Irak.
Il ne faut pas pour autant relâcher notre vigilance. Nous disposons désormais d’un plan d’action, approuvé par le Conseil européen, et qui précise clairement les responsabilités et les délais pour chacun. Nous disposons en outre de nombreux nouveaux instruments dans le domaine de la justice et des affaires intérieures : le mandat d’arrêt européen et bientôt une « libre circulation des décisions de justice » grâce à laquelle les arrestations, confiscations et autres gels d’actifs seront mutuellement reconnus au sein de l’Union ; de plus l’Agence européenne des frontières sera opérationnelle en 2005. Par ailleurs, je suis en train de mettre en place une stratégie pour mettre fin au financement du terrorisme.
Je suis convaincu qu’une intervention militaire ne peut pas à elle seule vaincre le terrorisme. La coopération des services judiciaires, de police et de renseignement doit être au cœur de notre action.

Source
Le Figaro (France)
Diffusion 350 000 exemplaires. Propriété de la Socpresse (anciennement créée par Robert Hersant, aujourd’hui détenue par l’avionneur Serge Dassault). Le quotidien de référence de la droite française.

« Le terrorisme, l’Europe et le renseignement », par Javier Solana, Le Figaro, 9 novembre 2004.