Le programme technologique intégré de soldat du futur britannique est le plus long et le plus coûteux des programmes européens en cours. Sa conception a démarré en 1994 et la dotation est prévue à partir de 2009-2010 et jusqu’en 2015 (avec la date cible de 2020 pour la pleine capacité opérationnelle). Avec un coût unitaire de plus de 70 000 livres sterling (103 000 euros), comprenant toutes les options, le kit FIST est au moins trois fois plus cher que ses homologues européens. L’objectif quantitatif est d’équiper de 30 000 à 35 000 soldats jusqu’en 2015/20. Le contrat a été confié aux sociétés Qinetic et Thales UK. FIST est un programme interarmées actuellement dans la phase d’essais, à la suite desquels une décision sera prise sur le début de la production en série.

Le premier démonstrateur technologique a été conçu et développé dans le cadre d’un partenariat entre le ministère de la défense et des entreprises privées (britanniques ou établies au Royaume-Uni, notamment Thales et BAE Systems). Cette phase s’est terminée en 2001. En 2003, Thales UK a remporté un contrat d’un montant de 30 millions d’euros pour procéder à des évaluations du concept dans une version initiale, FIST V1.0 (de 2003 à 2005) et améliorée, FIST V2.0 (2005-2007), sans toutefois produire un prototype opérationnel.

Mais à la même période, en 2003, le Royaume-Uni s’est engagé dans la guerre en Irak et a commencé à augmenter sensiblement sa présence et l’intensité de son engagement en Afghanistan (à partir de 2006). Le programme d’essais initial a subi un retard d’au moins trois mois car les unités désignées avaient été déployées en Irak et un test à grande échelle, effectué à l’automne 2005, a donné des résultats peu concluants. Il en est donc résulté un surcoût de sept millions de livres sterling - le budget prévu pour la phase d’évaluation est passé de 26 millions de livres à 33 millions (48,5 millions d’euros). La décision sur le lancement de la phase de production a été ajournée (à fin 2007 ?) et la capacité opérationnelle initiale est maintenant attendue pour la fin de 2010 (au lieu de 2009) [1].

29. Le concept FIST couvre cinq domaines majeurs : C4I (commandement, contrôle, communications, informatique et renseignement), létalité, mobilité, survivabilité et soutenabilité [2]. Le programme « vise à intégrer les technologies clés actuelles et émergentes dont les soldats britanniques débarqués ont besoin pour maintenir leur position à la pointe des capacités. Il offrira au soldat du futur un équipement qui optimise son efficacité, allège la charge physique et psychologique et réduit au maximum les effets du stress au combat et les risques d’erreur humaine. (...) Le soldat débarqué sera assimilé à un système d’armes et la section de huit hommes à une plate-forme d’armes ».

30. Le soldat équipé du kit FIST est un système intégré dans un système de systèmes, dans le concept plus large des opérations réseau-centrées. Le sous-système de communications est l’un des équipements centraux du soldat du futur britannique :

« Le système de communications du soldat du futur britannique permet les communications jusqu’au niveau de la compagnie. Au-dessus, celles-ci sont assurées par le système radio de combat intégré Bowman. Le soldat disposera d’une petite radio cryptée à courte portée, pour communiquer avec les autres membres de son unité. La radio du chef de patrouille communiquera avec la base opérationnelle avancée. Le système réseau redirigera automatiquement les communications afin de garantir la continuité des opérations lorsqu’une liaison est interrompue, par exemple si un soldat franchit une colline ou une crête. Les communications vocales et télématiques peuvent être transmises directement au soldat ou relayées par des drones à partir du QG, qui a téléchargé les ordres, informations et images du champ de bataille provenant d’observateurs avancés, de drones, de capteurs et autres moyens de surveillance aéroportés ou satellitaires. Le soldat disposera d’un GPS, d’un calculateur d’estime et d’un système de visualisation cartographique pour mieux appréhender la situation » [3].

31. Le système d’armes est composé du fusil d’assaut SA80 complété, selon les besoins, par un lance-grenades M203 (en dotation dans l’armée américaine). D’autres armes feront partie de l’arsenal du soldat du futur : le MBT LAW (arme légère antichar), le système Javelin (antichar) et des lanceurs de grenades à fragmentation (HEFG). Des sous-systèmes de tir, d’observation et d’acquisition de cibles, couplés aux armes citées, sont aussi prévus pour accroître la létalité du soldat. La tenue de combat et la protection font aussi l’objet d’un soin particulier en termes de confort, résistance, camouflage et mobilité. Ces composantes intègrent aussi les systèmes électroniques, les câbles qui connectent les sous-systèmes et les sources d’énergie (batteries). La recherche de solutions satisfaisantes sur ce dernier point, qui est un problème récurrent dans tous les programmes européens et internationaux de soldat du futur, a été confiée à la société Qinetic [4].

Le fantassin du futur
 1. Allemagne : IdZ-ES
 2. Espagne : COMFUT (COMbatiente FUTuro)
 3. France : FÉLIN (Fantassin à Équipements et Liaisons INtégrés)
 4. Italie : Soldato Futuro
 5. Royaume-Uni : FIST (Future Integrated Soldier Technology)

[1National Audit Office (NAO, Royaume-Uni) ministère de la défense, Major Projects Report 2005 et 2006, Project Summary Sheets, 21 novembre 2005 et 24 novembre 2006

[2Ces domaines font partie des spécifications développées au sein du Groupe de l’OTAN chargé de suivre les programmes transatlantiques de soldats du futur, le « NATO Army Armaments Group Topical Group 1 on Soldier System Interoperability ».

[3« FIST - Future Infantry Soldier Technology, United Kingdom », Army-Technology.Com

[4Ces recherches sont développées aussi en coopération avec d’autres compagnies telles que Black and Decker, Ineos Chlor, Intelligent Energy et ABSL Power Solutions Limited.