Les États-Unis s’activent au Pakistan. Le président George W. Bush a téléphoné lui-même au président Musharraf pour l’inviter à démissionner afin « d’éviter une crise constitutionnelle au pays ». Puis, l’ambassadrice à Islamabad, Anne W. Patterson, accompagnée du sénateur Kay Bailey Hutchison (R-Texas), a fait le tour des popotes, rencontrant sans discrétion les principaux leaders de l’opposition afin de former un gouvernement à la convenance de Washington. Tandis que l’ambassadeur à Berne, Peter R. Coneway, a suggéré aux autorités suisses d’attendre avant de condamner Asif Ali Zardari (le veuf de Bénazir Bhutto, aujourd’hui chef de son parti) pour les détournements de fonds qu’il a commis à l’époque où il était ministre pakistanais des Investissements extérieurs, dans la mesure où il pourrait être bientôt à nouveau ministre et retirer la plainte du Pakistan contre lui.

Tout ce remue-ménage s’accompagne d’un audit sur les fonds mis à disposition de Musharraf depuis 2001 : l’ambassade lui versait 80 millions de dollars d’aide militaire mensuelle, déposés en liquide au ministère des Finances, sans justificatif d’emploi, ni même reçu. Il en conservait les deux tiers pour lui et les membres de sa junte.

La réorganisation ne se limite pas au Pakistan, mais touche maintenant ses bras armés. Ainsi le Jamaat-ud-Dawa, organisation de libération du Jammu et Cashemire indien, vient d’effectuer un virage à 180 degrès. Après avoir livré une guerre de 15 000 morts, il renonce soudain au terrorisme pour ne pas nuire à l’image des prochains dirigeants musulmans pakistanais.