Tendances et événements au Proche-Orient

L’Égypte pas sur la même longueur d’onde que l’Arabie saoudite ?

Le sommet de Charm el-Cheikh, qui réunit ce mercredi le roi Abdallah d’Arabie saoudite et le président égyptien Hosni Moubarak, coïncide avec le 5ème anniversaire de la chute de Bagdad aux mains des envahisseurs anglo-saxons, alors que sur le terrain, les opérations de la Résistance irakienne s’intensifient. _ La poursuite des agressions états-uniennes contre les bastions de Moqtada Sadr ont poussé le jeune chef irakien à annuler la manifestation « millionienne » à laquelle il avait appelé pour commémorer la chute de Bagdad.
L’Irak n’est pas le seul endroit où le langage de la violence et des menaces sévit. En Israël, les plus grandes manœuvres de l’histoire du pays se poursuivent, et s’accompagnent de propos belliqueux de la part des dirigeants israéliens, dirigés notamment contre la Syrie. En parallèle, des sources palestiniennes craignent une reprise des massacres israéliens contre la population de Gaza, afin de planter un décor propice à la signature d’une déclaration de principe avec l’Autorité palestinienne.
Pour en revenir à la rencontre entre Abdallah et Moubarak, elle sera consacrée, selon des sources officielles à Riyad et au Caire, aux dossiers du Liban, d’Irak et de Palestine, ainsi qu’aux relations interarabes. Les observateurs attendent de voir si les deux chefs de file des Arabes dits « modérés » vont continuer sur la voie de la confrontation avec la Syrie et les mouvements de Résistance ou si, au contraire, ils vont choisir la voix de l’entente et du compromis. Surtout que plusieurs pays arabes, notamment l’Algérie, le Qatar et le Koweït, ont tenté des médiations pour replâtrer les relations très tendues entre le tandem « modéré » d’un côté, la Syrie de l’autre.
Selon des informations sûres, l’embarras et la confusion règnent dans le camp des « modérés », qui ne savent plus où donner de la tête à cause des pressions répétées de Washington, qui leur demande d’assurer une couverture à une opération israélienne majeure contre Gaza. La situation est d’autant plus difficile que le régime égyptien est confronté à une colère populaire sans précédent depuis trois décennies, en raison de l’augmentation des prix des principales denrées alimentaires. L’Arabie saoudite, elle, est en perte de légitimité, après son rapprochement avec Israël. Ces mêmes sources assurent que certaines tendances du régime égyptien font pression afin que Le Caire rééquilibre sa position en prenant ses distances vis-à-vis de Riyad pour se rapprocher davantage de la Syrie.

Presse et agences internationales

TECHRINE (QUOTIDIEN SYRIEN)
 Charles Kamlé
Après les tromperies qui se poursuivent depuis le premier jour de l’invasion de l’Irak, il ne nous reste plus qu’à prodiguer à certains hommes politiques états-uniens —et Bush n’en fait pas partie— des conseils pour revenir à la raison. Au successeur de Bush, qu’il soit républicain ou démocrate, l’ancienne secrétaire d’État Madeleine Albright a dit que l’ennemi des États-Unis et le même que celui de l’islam, c’est-à-dire tout ce que la politique de Bush a créé et provoqué. Nous ajoutons que l’ennemi des États-Unis ce sont les États-Unis eux-mêmes, s’ils décident de suivre le même chemin que celui institué par Bush.

• Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a accusé les États-Unis d’avoir utilisé les attentats du 11 septembre 2001 comme « prétexte » pour leurs interventions militaires en Afghanistan et en Irak. « Sous prétexte de cet incident, le plus lourd déplacement de troupes a été organisé vers notre région et le pauvre Afghanistan a été attaqué (...) le pauvre Irak a été attaqué », a-t-il dit dans un discours en direct sur la télévision. M. Ahmadinejad a aussi mis en doute la version officielle d’une attaque terroriste à New York en demandant comment les deux avions ayant frappé les tours du World Trade Center avaient pu se déplacer, selon lui, « sans coordination » avec les réseaux de radar et de renseignement US.

• Le Hamas a menacé hier de prendre d’assaut les points de passage de la bande de Gaza si Israël ne levait pas le blocus de ce territoire. « Toutes les options sont ouvertes pour briser le siège. Je pense que ce qui s’est passé la dernière fois (l’ouverture forcée en janvier de la frontière entre l’Égypte et Gaza) se reproduira à plus grande échelle, et pas seulement à la frontière égyptienne, mais partout », a affirmé un haut responsable du Hamas, Khalil al-Hayya, lors d’une conférence de presse à Gaza. « Nous appelons toutes les parties impliquées à agir d’urgence pour lever le siège et nous mettons en garde contre une explosion prochaine s’il se poursuit », a-t-il ajouté.

• L’ambassade des États-Unis à Sanaa a reçu l’ordre du département d’État d’évacuer son personnel non essentiel, après les récentes attaques armées dans la capitale du Yémen revendiquées par Al-Qaida. Elle a aussi conseillé la prudence aux États-uniens qui résident dans ce pays de la péninsule Arabique. Dans un message mis en ligne sur son site Internet, l’ambassade écrit que « le département d’État lui a ordonné le départ du Yémen (des membres) de son personnel non essentiel et leurs familles ». « Les employés de l’ambassade ne sont pas autorisés à se rendre hors de Sanaa, de même qu’on leur a conseillé d’éviter les hôtels, les restaurants, les lieux touristiques et de limiter strictement leur apparition en public, et ce jusqu’à nouvel ordre », ajoute le message de la chancellerie. En outre, « les citoyens américains au Yémen doivent faire preuve de prudence et adopter de strictes mesures de sécurité en observant un haut niveau de vigilance, en évitant les foules et les manifestations, en adoptant un profil bas, et en variant les horaires et les itinéraires de leurs déplacements » notamment, ajoute le document. « Ces mesures font suite à l’attaque le 18 mars contre l’ambassade des États-Unis et l’attaque du 6 avril contre un complexe résidentiel d’al-Hadda à Sanaa », achève le message.

RIA-NOVOSTI (AGENCE DE PRESSE RUSSE)
• Dans une interview à la radio Écho de Moscou, le ministre des Affaires étrangères russe, Serguei Lavrov, a déclaré à propos de la prochaine conférence internationale sur le Proche-Orient prévue à Moscou : « Nous estimons qu’une nouvelle rencontre avec les mêmes participants que celle d’Annapolis et avec le même ordre du jour que celui d’Annapolis pourrait aider le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien Ehud Olmert à s’appuyer sur les appels de la communauté internationale pour faire progresser le processus de paix dans la region ».
• Selon Alexandre Torchine, vice-président du Conseil de la Fédération (chambre haute du Parlement russe) et membre du Comité antiterroriste national (NAK), on compte à l’étranger 59 organisations non gouvernementales (ONG) soutenant les séparatistes et les terroristes tchétchènes. « Les organisations non gouvernementales étrangères sont souvent utilisées pour recruter des terroristes et des extrémistes. Il est particulièrement inquiétant qu’elles ciblent essentiellement les jeunes », a-t-il affirmé mardi à l’issue d’une réunion du NAK.

LE FIGARO (QUOTIDIEN FRANÇAIS, GROUPE DASSAULT)
 Delphine Minoui
En vertu des accords de Taëf de 1989, toutes les milices libanaises ont été, en principe, désarmées, à l’exception du Hezbollah qui met en avant la nécessité de tenir tête à Israël, et qui dispose d’un important dispositif militaire. Mais depuis l’assassinat de l’ex-Premier ministre Rafic Hariri, en 2005, et la fin de la tutelle de la Syrie, montrée du doigt dans cet attentat, une myriade de sociétés de sécurité privées a vu le jour. Officiellement, elles ont pour rôle de faire la chasse aux voitures piégées. Mais certaines d’entre elles, dirigées pour la plupart par d’ex-généraux sunnites de l’armée, se sont développées comme un contrepoids au Parti de Dieu. « Tout est parti d’une formation à la défense civile dispensée à 600 jeunes au chômage que Saad Hariri voulait aider financièrement en les embauchant comme gardes. Mais avec l’augmentation des demandes d’embauche et la dégradation de la situation sécuritaire, il a été décidé de créer la compagnie Secure Plus il y a un an et demi ». Deux sections différentes furent alors mises en place : « La première, chargée de la protection d’hôtels et de centres commerciaux, dispose de gardes en uniforme. Et la deuxième, plus informelle, s’appuie aujourd’hui sur un contingent de milliers de jeunes volontaires en civil, répartis à travers le pays, et payés environ 300 dollars par mois pour faire des rondes, de jour et de nuit », confie un membre de Secure Plus, qui préfère taire son nom. D’après un spécialiste de la sécurité, qui refuse également de donner son nom par crainte de représailles, « au moins quatre autres sociétés du même genre ont récemment été créées ». Leur légalisation, dit-il, est « facilitée par le ministre de l’Intérieur, un proche de Hariri ». Mais, s’inquiète-t-il, « ces forces de mobilisation rapide, créées selon une couleur sectaire, pourraient se transformer en milices du jour au lendemain ». D’autant plus que, selon un officiel de l’armée, « certains gardes partent en Jordanie pour y recevoir une formation militaire ».

LE TEMPS (QUOTIDIEN SUISSE)
Baptisé « Point de non-retour », l’exercice de défense civile s’est voulu plus vrai que nature. Lorsque les sirènes ont hululé sur l’ensemble d’Israël, près de 2 millions d’élèves de l’enseignement se sont précipités aux abris. Des milliers de fonctionnaires publics et d’employés du secteur privé ont abandonné leur poste. Les hôpitaux, la police et les pompiers ont été placés en état d’alerte, alors que le cabinet restreint de la sécurité se réunissait pour simuler les débats qui s’y dérouleraient si l’État hébreu venait vraiment à être attaqué. Selon le scénario élaboré par les stratèges du Rahal (la Régie des situations d’urgence, créée peu après la fin de la deuxième guerre du Liban en 2006) pour servir de trame à l’exercice, les autorités et la population israéliennes étaient censées réagir à une pluie de missiles iraniens et syriens dotés de têtes chimiques et bactériologiques qui se seraient abattus sur les villes les plus peuplées du pays ainsi que sur ses installations stratégiques en y faisant des milliers de victimes. Beaucoup ici sont persuadés qu’une guerre avec l’Iran, avec son allié syrien et avec le Hezbollah n’est qu’une question de temps.

THE AGE (QUOTIDIEN AUSTRALIEN)
Le gouvernement israélien a brutalement fermé le studio de Jérusalem de la radio Ram FM. 7 employés de la station ont été arrêtés sans charge et le matériel a été confisqué. Ram FM a été créé par le millionnaire juif sud-africain Issie Kirsh et des militants australiens sur le modèle de la Radio 702 qui joua un rôle déterminant dans la fin de l’apartheid en Afrique du Sud. Ram FM a obtenu une licence d’émission de l’Autorité palestinienne et a posé ses antennes à Ramallah, mais elle n’a pas de licence israélienne. Elle était le seul média audiovisuel israélien à lutter contre l’apartheid.

THE HINDUSTAN TIMES (QUOTIDIEN INDIEN)
Seif al-Islam Khadafi, fils du Guide suprême, a annoncé la libération de 90 membres du Groupe libyen islamiste de combat, soit environ un tiers de ses membres détenus. Or, cette organisation a été labellisée Al-Qaeda par Ayman Al-Zawahiri en novembre dernier.

ASIA TIMES (QUOTIDIEN ELECTRONIQUE THAÏLANDAIS)
 Gareth Porter
Devant le Sénat des États-Unis, le général Petraeus devrait développer sa théorie des « groupes spéciaux ». Selon lui, des éléments voyous de l’Armée du Mahdi, dirigés par un certain Qais Al-Khazaali, auraient fait dissidence. Ils seraient appuyés par les gardiens de la Révolution iraniens et échapperaient totalement au contrôle de Moqtada el-Sadr. Ce sont eux qui auraient livré bataille contre les forces régulières irakiennes à Basra. Cependant, un examen détaillé de la manière dont cette histoire s’est installée dans la presse fait apparaître qu’il s’agit d’une pure invention de Petraeus, probablement dans le but de susciter des divisions au sein de l’Armée du Mahdi. En réalité, premièrement Qais Al-Khazaali, actuellement détenus par les GI’s est toujours un fidèle de Moqtada, qui a d’ailleurs récemment réclamé sa libération lors d’une interview à Al-Jazeera. Deuxièmement, c’est l’Armée du Mahdi elle-même qui a résisté aux troupes gouvernementales. Et troisièmement, les Iraniens soutiennent indistinctement tous les groupes chiites, y compris le parti au pouvoir (Suprême conseil islamique d’Irak) contre lequel se bat Moqtada el-Sadr.

Auditions au Sénat des États-Unis sur la situation en Irak

DÉCLARATION LIMINAIRE DE L’AMBASSADEUR RYAN CROCKER
Les développements des 7 derniers mois nourrissent mon optimisme. D’immenses défis restent à affronter et les progrès sont trop lents. Mais il y a des progrès. Les poursuivre exige une détermination sans faille et un engagement continu. Ce qui a été accompli est substantiel, mais réversible.
 1. Réconciliation : politique nationale et régionale
La sanctions touchant les personnels de l’Ancien régime ont été abrogées : ils ont retrouvé leurs droits à la retraite et la possibilité de travailler dans la fonction publique, et souvent bénéficiés de l’amnistie.
Un nouvel équilibre entre pouvoir fédéral et régional a été trouvé et des élections régionales se tiendront le 1er octobre.
Un consensus a été dégagé pour choisir un drapeau national. Le règlement du Parlement a été modifié pour faciliter la création de majorités au delà des clivages confessionnels et fluidifier la vie politique.
Les violences inter-confessionnelles sont largement résorbées parce que chaque communauté a remis de l’ordre parmi les siens : chez les sunnites, le Réveil a maitrisé Al-Qaeda ; tandis que chez les chiites, le clergé a prêché la modération. Désormais, les gens s’entraident à nouveau.
Les images de combats à Basra, ces derniers jours, pourraient vous faire douter de ce que dis, mais il s’agissait d’une vaste opération de police contre des éléments voyous qui se sont dissociés de la mouvance sadriste, et aucunement d’un soulèvement chiite.
C’est dans ce contexte, en cours de pacification, que nous négocions un accord irako-US. Celui-ci ne prévoit pas de bases militaires permanentes, n’indique pas le niveau de nos troupes, bref ne lie d’aucune manière la prochaine Administration. Au contraire, notre but est uniquement de poser des fondations stables de sorte que notre prochain président puisse choisir librement sa politique.
Il nous reste cependant bien des tâches à accomplir comme le retour des réfugiés, et l’amélioration de la situation des femmes. Tout cela ne peut se faire de manière linéaire.
 2. Économie et reconstruction
La confiance est revenue. Le PNB augmente de 7% l’an et l’inflation est jugulée. Le budget irakien 2008 alloue 13 milliards de dollars à la reconstruction et 5 milliards supplémentaires pour les infrastructures d’exportation. L’Irak va acheter 40 avions commerciaux de fabrication US pour 5 milliards de dollars.
D’une manière générale, l’Irak prend progressivement en charge le coût des différents programmes. Ainsi, c’est le budget irakien qui a débloqué les 200 millions de dollars alloués au mouvement du Réveil.
Bien sûr tout n’est pas parfait, car l’économie irakienne est fragile comme les autres économies.
 3. Dynamique régionale et internationale
Les Nations Unies, les 5 membres permanents du Conseil de sécurité, les États voisins, la Ligue arabe, le G8 se sont joints à nos efforts.
La Syrie conserve une attitude ambivalente. D’un côté, elle tente de limiter les entrées de combattants par sa frontière, de l’autre elle persiste à héberger des individus qui financent la rébellion.
L’Iran persiste à saper nos efforts. C’est lui qui a soutenu en sous main les récents troubles de Bassora et de Bagdad.
 4. Se tourner vers l’avenir
Le monde ne nous jugera pas sur ce qui s’est passé les cinq dernières années, mais sur ce que va devenir l’Irak. Or notre réussite suppose la continuation inlassable de nos efforts.

RAPPORT DU GÉNÉRAL DAVID PETRAEUS
Au cours des 7 derniers mois, le niveau de violence a fortement baissé en Irak. Al-Qaeda en Irak et d’autres groupes extrémistes ont été démantelés, tandis que les capacités des Forces de sécurité irakiennes se sont accrues. Quoi qu’il en soit, et ainsi que l’ont montrés les événements des dernières semaines, la situation reste fragile et réversible.
Plusieurs facteurs ont contribué à cette amélioration significative :
a) L’augmentation du nombre de nos troupes, mais aussi de celui des Forces irakiennes qui ont incorporés 100000 hommes supplémentaires en 2007.
b) La meilleure coordination des Forces de la Coalition et d’Irak.
c) Le retournement d’anciens insurgés sunnites qui ont ralliés le Réveil et participent à nos côtés à la lutte contre Al-Qaeda.
d) Le cessez-le-feu proclamé par Moqtada el-Sadr, qui n’a été violé que par des éléments voyous armés par l’Iran.
 1. La nature du conflit
Le désordre irakien est d’abord la conséquence d’une lutte inter-ethnique pour le pouvoir et les ressources, attisée par des puissances étrangères. Désormais, cette compétition se règle plus par le débat et moins par la violence.
 2. Situation et tendances
Tous les indicateurs de violence sont en baisse sur la période, excepté la recrudescence ponctuelle des dernières semaines, qu’il s’agisse du nombre de combbatants tués, de civils tués et d’attentats. Le nombre de cache d’armes découvertes n’a cessé d’augmenter proportionnellement au renforcement du Réveil. Malgré une pression constante, Al-Qaeda en Irak n’est pas parvenu à reconstituer ses forces.
Le principal problème réside dans le soutien persistant que l’Iran apporte aux éléments chiites voyous, malgré les promesses du président Ahmadinejad et de leaders iraniens.
 3. Les Forces de sécurité irakiennes
Les Irakiens contrôlent eux-même la moitié de leur territoire, et pas seulement les provinces kurdes. Leurs Forces de sécurité comprennent aujourd’hui 540 000 hommes. Elles nous ont acheté cette année pour 2 milliards de dollars d’équipements.
 4. Recommandations
Nous devons poursuivre l’effort au même niveau et incorporer le Réveil au sein des Forces régulières. Un retrait trop rapide de nos troupes compromettrait ce processus.
Au demeurant, l’enjeu aujourd’hui est d’éviter un effondrement de l’Irak et de contrer l’influence iranienne grandissante.

Audiovisuel international

CHAINE SATELLITAIRE SYRIENNE
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a célébré hier la « Journée nationale du nucléaire » en annonçant l’installation prochaine de 6000 nouvelles centrifugeuses, marquant son refus de céder aux pressions internationales sur son programme atomique. « Aujourd’hui, le processus de la phase d’installation de 6000 nouvelles centrifugeuses a commencé », a déclaré le chef de l’État iranien lors d’une visite à l’usine de Natanz dans le centre de l’Iran, sans préciser combien avaient déjà été installées. Cette journée nationale du nucléaire marquait le second anniversaire du début de l’enrichissement d’uranium en Iran, le 9 avril 2006.

Tendances et événements au Liban

Siniora, Kouchner et as-Siddik

La scène politique libanaise était dominée par les développements entourant les démarches de Nabih Berry visant à relancer le dialogue national, les attaques du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, contre le président de la Chambre, et l’annonce officielle de la disparition, en France, du faux témoin dans l’affaire Hariri, Mohammad Zouhair as-Siddik.
 1. Le chef de la diplomatie française a violemment attaqué, sans raison apparente, M. Nabih Berry, qu’il a accusé de ce pas être « libre de ses mouvements ». Il a également dénoncé le « réarmement du Hezbollah » (Voir ci-dessous). Dans la foulée, Bernard Kouchner a reconnu que Mohammad Zouhair as-Siddik avait disparu en France. Les faux témoignages de cet escroc et faussaire, qui s’était fait passer pour un haut officier de services de renseignement syriens, sont à l’origine de l’incarcération, depuis le 31 août 2005, des quatre généraux libanais : Jamil Sayyed, Raymond Azar, Moustapha Hamdane et Ali el-Hage. La détention de ces officiers a été jugée « arbitraire et politique » par le Comité des droits de l’homme de l’Onu et par le Département d’État. En soirée, la chaine de télévision NBN, proche de M. Berry, a indiqué que des sources françaises autorisées étaient entrées en contact avec le président du Parlement pour lui apporter des éclaircissements au sujet des propos de M. Kouchner. Certains journaux ont indiqué que le chef de la diplomatie française pourrait entrer en contact avec M. Berry, ce mercredi, pour dissiper les effets de ses déclarations.
 2. Une source de l’opposition a indiqué que les propos de M. Kouchner sont intervenus à la demande des États-Unis qui veulent étouffer dans l’œuf toute tentative de compromis entre les protagonistes libanais.
 3. Le Premier ministre de facto, Fouad Siniora, se charge du travail de sape dans les pays arabes qu’il est en train de visiter. Son but est de promouvoir une réunion des ministres arabes des Affaires étrangères pour examiner les relations syro-libanaises afin de saboter le dialogue interlibanais.
 4. Les divergences s’accentuent au sein du 14-mars pro-US. Une de ses composantes (Le bloc tripolitain-quatre députés- dirigé par le ministre des Travaux publics Mohammad Safadi) a fait paraitre un communiqué saluant les propos du président Bachar al-Assad sur les relations libano-syriennes rapportés par Nabih Berry. Le député Boutros Harb et l’ancien président Amine Gemayel, deux des principales figures chrétiennes du 14-mars, ont également fait des déclarations positives. Il semble que les propos de M. Assad et l’appel au dialogue de M. Berry font l’objet d’interprétations divergentes dans les rangs du 14-mars.
 5. Répondant à une question de l’ambassadeur de Russie au Conseil de sécurité sur le sort des quatre généraux libanais incarcérés, le chef de la Commission d’enquête internationale, Daniel Bellemare, a déclaré que cette affaire n’était pas du ressort de la commission mais de la justice libanaise. M. Bellemare a une nouvelle fois assuré que la Syrie coopérait pleinement avec sa commission (Voir ci-dessous).
 6. Les contacts se poursuivent avec intensité au sein de l’opposition pour mettre la touche finale à la structure de coordination. Les milieux du 14-mars font état de divergences entre les composantes de l’opposition portant essentiellement sur la représentativité des différents partis au sein de cette structure. Mais les milieux de l’opposition nient l’existence de divergences fondamentales et assurent que toutes les composantes de l’opposition seront présentes lors du congrès national élargi qui sera organisé dans un proche avenir pour rendre public le document politique de l’opposition et la composition de la structure de coordination ainsi que son mode de fonctionnement.

Déclarations

BERNARD KOUCHNER, MINISTRE FRANÇAIS DES AFFAIRES ETRANGERES
« Avec le Hezbollah, c’est une affaire qui a déjà dépassé, je le crois, le stade interlibanais. Le réarmement du Hezbollah, que tout le monde connaît, est une affaire très dangereuse tout comme les installations du parti au Liban sont très dangereuses aussi.
Le président de la Chambre n’est pas libre de ses mouvements. Mes liens d’amitié avec Nabih Berry sont anciens. En même temps, pourquoi le dialogue ne se fait-il pas à la Chambre ? Pourquoi Nabih Berry ferme-t-il les portes du Parlement, bien qu’il préside une Assemblée qui a été démocratiquement élue ? Pourquoi les élus chrétiens, sunnites ou autres ne dialogueraient-ils pas à l’hémicycle ? Mais parce que le président Berry n’est pas libre de ses mouvements ! Certaines parties pèsent de tout leur poids sur la politique libanaise. Parmi celles-là, certaines sont étrangères et d’autres sont des représentants du peuple libanais. Ce problème est très complexe et on ne peut pas accuser une seule personne d’en être responsable. Le président Berry n’est pas invité en France. »

MOHAMMAD RAAD, CHEF DU BLOC PARLEMENTAIRE DU HEZBOLLAH
« La candidature consensuelle du général Sleimane ne dépend pas de sa présence à la tête de l’armée. Nous considérons que le général Sleimane est un candidat consensuel, qu’il parte à la retraite ou non. Le 14-mars est prisonnier du statu quo actuel. L’opposition continue de résister au coup d’État de ce camp et elle est en train de réorganiser ses rangs. »

NASSER KANDIL, ANCIEN DEPUTE DE BEYROUTH (OPPOSITION)
« La campagne à travers laquelle le 14-mars ose fouler au pied le principe de la paix civile est inacceptable. Cette coalition veut maintenir au pouvoir le gouvernement Siniora, quitte à brûler pour cela le pays. C’est M. Nabih Berry qui doit présider le dialogue national en sa qualité de chef du Parlement alors que les relations avec l’étranger sont du ressort du président de la République. »

COMMUNIQUE DU BLOC PARLEMENTAIRE TRIPOLITAIN (IL S’ELOIGNE DU 14-MARS)
« Le Bloc rappelle son attachement à tout dialogue interlibanais, à condition qu’il se tienne sur la base d’un agenda extrêmement clair, pour lequel se mettraient d’accord l’ensemble des parties libanaises, et un engagement tout aussi ferme à faire en sorte que soient appliquées toutes les résolutions prises au cours de ce dialogue et des dialogues précédents. Toutes les parties sont invitées à ne pas rater la moindre chance de négocier et à faire en sorte que ces échanges réussissent. Les propos du président syrien Bachar el-Assad rapportés par Nabih Berry sont positifs et encourageants pour ce qui est d’une entente entre les deux pays. Mais cela a besoin d’une traduction concrète qui paverait la voie à des relations équilibrées et amicales entre le Liban et la Syrie. »

NABIL NICOLAS, MEMBRE DU BLOC PARLEMENTAIRE DU GENERAQL AOUN
« Les informations faisant état de dissensions au sein du Courant patriotique libre n’existent que dans les rêves de certains faibles d’esprit, qui se réveilleront bientôt pour se rendre compte qu’il ne s’agit pas d’un rêve mais d’un cauchemar. Le report des élections internes du CPL n’a d’autres causes que des considérations logistiques et organisationnelles, ni plus ni moins. »

INTERVENTION DE DANIEL BELLEMARE DEVANT LE CONSEIL DE SECURITE
« La commission d’enquête internationale peut aujourd’hui confirmer, sur base de preuves, qu’un réseau d’individus a agi de concert pour perpétrer l’assassinat de Rafic Hariri, et que ce réseau, qu’on a qualifié de “réseau Hariri”, ou certaines parties de ce réseau sont liés à certains parmi les autres attentats, placés sous le mandat de la commission. Il est important à ce stade de mettre au clair deux points : Tout d’abord, je voudrais dire quelques mots sur l’utilisation, dans le rapport, des termes de “ réseau criminel ”. Ces termes doivent être lus dans le contexte de l’ensemble du rapport qui fait clairement référence à une investigation sur des actes terroristes. L’orientation de l’investigation n’a pas changé, et la commission continue d’enquêter sur des crimes dont les motifs sont politiques. En second lieu, et alors que des rapports précédents avaient retenu l’hypothèse de l’existence d’un réseau, ce qui est nouveau cette fois-ci, c’est le fait que nous avons aujourd’hui la preuve de l’existence d’un tel réseau et de ses liens. La commission a en outre recueilli les preuves suivantes : (a) que le “réseau Hariri” existait avant l’assassinat de Rafic Hariri ; (b) qu’il a surveillé M. Hariri avant son assassinat ; (c) qu’il a agi le jour de l’assassinat de M. Hariri ; et (d), qu’une partie au moins du réseau a continué d’exister et d’agir après l’assassinat de M. Hariri. Notre priorité pour l’instant est de recueillir des preuves additionnelles sur le “réseau Hariri”, son envergure, l’identité de tous ses participants, leurs liens avec d’autres qui se trouvent en dehors du réseau et leur rôle dans les attentats. La commission a continué d’enquêter sur les liens possibles qui existeraient entre les autres attentats et celui de M. Hariri.
L’assistance technique offerte à nos hôtes libanais ne vise pas simplement à élucider les cas que nous examinons, mais sert également à permettre aux autorités libanaises de renforcer leurs capacités (d’investigation) à l’avenir. Dans cette optique, la commission aimerait cependant attirer l’attention sur le fait que plus son assistance est sollicitée au plus tôt, plus probable sera le fait que cette assistance technique pourra donner des résultats substantiels. En tant que procureur désigné du tribunal, je dirais simplement que les inculpations éventuelles ne verront pas le jour immédiatement après l’établissement du tribunal. Les preuves admissibles doivent être prises en considération avec prudence et objectivité, à la lumière des règles applicables aux poursuites judiciaires. Personne ne peut prédire combien de temps prendra ce processus ou en imposer la durée. Comme l’avait affirmé Louise Arbour, lorsqu’elle était procureur général au Tribunal international pour l’ex-Yougoslavie : « Un procureur indépendant doit être capable de prendre ses distances par rapport à la politique nationale, aux intérêts personnels des États et aux objectifs de toute politique étrangère spécifique. En effet, le procureur doit non seulement s’éloigner de toutes ses considérations, mais il doit se placer au-dessus d’elles et être entièrement disposé, sans aucune crainte ou parti pris, à les confronter et à défier les pressions politiques qui chercheraient à influencer le cours de la justice. Ceci dit, le délai qui sépare le début du fonctionnement du tribunal et la phase des inculpations devrait idéalement être le plus court possible. Je demande ainsi à ce Conseil respectable de proroger le mandat de la commission au-delà de la date du 15 juin 2008 (…)
Il s’agit toujours d’une enquête sur des faits de terrorisme sur des crimes à motivation politique. Je voudrais saisir cette opportunité pour partager avec vous quelques idées sur ma façon de concevoir mon rôle. L’investigation, qui est en elle-même très complexe, est de surcroît menée dans un climat politiquement tendu et un environnement extrêmement explosif. Malheureusement, il faut reconnaître que la mise sur pied de la commission n’a pas eu un effet dissuasif immédiat sur les terroristes. Les explosions se sont poursuivies et deux attaques meurtrières supplémentaires ont été ajoutées au mandat de la commission depuis le dernier rapport. Le principe sacro-saint qui guide ma mission est celui de m’assurer que justice soit faite. À partir de là, il faut savoir que la commission ne fléchira pas devant les pressions, politiques ou autres, et l’identification des suspects sera basée sur des standards judiciaires irréfutables et soutenue par des preuves tangibles. En ce faisant, la commission doit garder en permanence un esprit ouvert et ne pas préjuger des résultats. Dans sa recherche de la vérité et de la justice, et en appliquant les principes fondamentaux d’équité, de neutralité et d’impartialité, la commission doit être guidée par les faits et les preuves. Tout le reste est futile. La commission doit constamment trouver un juste milieu, assez délicat, entre ses obligations de rendre compte et le besoin de préserver la confidentialité de l’investigation. Le requis de confidentialité est évident : il est nécessaire pour préserver l’intégrité du processus. En effet, la commission ne peut ignorer le fait que les auteurs (des crimes) surveillent la moindre de ses démarches. Cependant, nous avons l’intention ferme de rester fidèles au principe de la transparence, dans la mesure du possible, sans mettre en péril la sécurité de ceux qui désirent coopérer avec nous – et qui pourraient éventuellement être sollicités pour comparaître devant le tribunal – ainsi que la sécurité de notre personnel. La transparence est fondamentale pour maintenir la confiance du public dans la commission, entendue comme institution, et la foi dans son travail. Les attentes du public sont élevées. C’est compréhensible. Les multiples mesures prises en vue de la mise en place du tribunal spécial pour le Liban ont peut-être créé l’impression que la fin de l’investigation est imminente. En outre, les spéculations publiques sur le timing du procès ou encore sur les éventuelles inculpations ont peut-être également renforcé ces attentes. Nous ne pouvons malheureusement mettre fin à la spéculation, mais il faudra prendre position face aux attentes du public. C’est la raison pour laquelle il est utile et important à la fois d’adresser un message clair, à savoir que la recherche de la justice ne saurait être précipitée : elle doit suivre son cours normal. Toute illusion d’instantanéité devrait être dissipée. La progression de notre travail n’est ni lente ni immédiate. Elle est avisée. »

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions allemande, arabe, anglaise, espagnole et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise, espagnole et arabe.