Tendances et événements au Liban

Fin des manœuvres, début de l’attaque contre Gaza

Les vastes manœuvres israéliennes qui se sont achevées jeudi ont révélé d’importantes lacunes dans le dispositif défensif du pays que de nombreux analystes et experts ont mis en relief. La population israélienne a réagi avec tiédeur à cet exercice en dépit de tout le matraquage médiatique qui l’a accompagné et du ton agressif des dirigeants politiques et militaires israéliens, qui ont tenté de transformer ces manœuvres en étalage de force face à la Syrie, l’Iran et le Hezbollah, en multipliant les menaces contre eux pendant les cinq jours qu’a duré l’exercice.
Après cette opération de mobilisation sans précédent, dont le but principal était de remonter le moral de la population et de l’armée, fortement affecté à cause de la défaite de 2006, deux indices sont apparus permettant de déterminer les priorités d’Israël pour la période à venir :
 1. Des informations sûres commencent à filtrer sur le contenu de la Déclaration de principes que le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, comptent signer le 15 mai, si possible, sous l’égide du président George Bush et en présence de dirigeants arabes, dont le roi Abdallah d’Arabie saoudite. Ce document sera le cadeau de Bush à l’État hébreu à l’occasion du 60ème anniversaire de sa création. Cette déclaration reflètera les exigences israéliennes et fera l’impasse sur le droit au retour des réfugiés palestiniens et sur le statut de Jérusalem. Elle liera tout retrait israélien de Cisjordanie à la répression par l’Autorité palestinienne des mouvements de Résistance jusqu’à leur liquidation définitive. Le document fixe un délai de cinq ans pour éradiquer la Résistance avant que soient tranchées les questions clé du conflit, déjà énumérées dans l’accord d’Olso.
 2. Ehud Olmert a ouvertement menacé d’une vaste opération contre la Bande de Gaza en riposte à l’attaque réussie lancée, mercredi, par des combattants palestiniens contre le terminal de Nataz Oz. Cet ultimatum fait partie d’une série d’indices montrant que les Etats-Unis et Israël sont déterminés à clore les manœuvres par une invasion de la Bande de Gaza, où les raids aériens ont d’ailleurs repris avec violence ces dernières heures.

Agences et presse internationale

JERUSALEM POST (QUOTIDIEN ISRAELIEN)
Les performances des systèmes d’alerte antimissile israéliens vont être améliorées, a annoncé le commandant en chef de la Défense civile, le général Yair Golan. « Il y a encore des brèches dans le système d’alerte. Nous avons passé les deux dernières années, depuis la seconde guerre du Liban, à améliorer le système. Mais nous comprenons que l’État d’Israël devra procéder à davantage d’améliorations et mettre le système à niveau d’un point de vue technologique », a déclaré le général Golan. Mardi, dans le cadre des manœuvres commencé dimanche, des sirènes d’alerte avaient retenti sur l’ensemble du pays. Mais, selon le général Golan, pas moins de 219 plaintes ont été déposées par des personnes qui ont affirmé de ne pas avoir entendu ces sirènes, qui ont résonné pendant une minute et demie. L’officier a précisé que l’armée examinait par ailleurs la possibilité d’envoyer des messages SMS à tous les téléphones portables dans le cas d’une attaque de missiles, parallèlement au déclenchement des sirènes à travers le pays. Des centaines de sirènes devraient d’ailleurs être installées dans le courant de 2008, en plus des 1 500 sirènes déjà en fonctionnement, a-t-il ajouté.
L’exercice a pris fin par une attaque simulée de missiles armés d’ogives chimiques contre un hôpital de Afoula. L’hôpital a été entièrement évacué, en présence de nombreux responsables militaires israéliens. Cet exercice de cinq jours, intitulé « Instant critique », avait pour but de préparer la population à l’éventualité d’attaques à l’arme conventionnelle ou de missiles armés d’ogives chimiques et bactériologiques.

• Le mouvement de Moqtada Sadr a dénoncé jeudi le siège imposé par l’armée USe sur l’immense faubourg chiite de Sadr City à Bagdad, menaçant une nouvelle fois de lever sa trêve en vigueur depuis août 2007. « Aujourd’hui, trois millions d’habitants sont assiégés dans Sadr City, ils sont empêchés de sortir, de se ravitailler », a déclaré le leader du mouvement sadriste pour ce quartier du nord-est de la capitale, Salman el-Fradji. « Les stocks commencent à s’épuiser. Nous allons bientôt avoir des problèmes d’approvisionnement en nourriture et ce sera une catastrophe humanitaire », a-t-il affirmé dans un entretien réalisé à son bureau en plein centre de Sadr City. « Les habitants sont en permanence la cible des snipers américains et des frappes aériennes », dénonce l’élégant religieux, barbe finement taillée et turban blanc immaculé. Sur environ 70 personnes tuées au cours de ces cinq jours de combats, « 60% sont des femmes et des enfants, selon ce dirigeant sadriste. Je demande au Premier ministre (Nouri al-Maliki) : pourquoi assiégez-vous Sadr City ? »

•Le président états-unien George W. Bush a lancé jeudi un sévère avertissement à Téhéran en affirmant que les États-Unis « agiront pour protéger leurs intérêts » si l’Iran continue de jouer un rôle néfaste en Irak. « Le régime de Téhéran doit faire un choix. Vivre en paix avec son voisin ou continuer à armer, entraîner et financer des milices hors la loi qui terrorisent le peuple irakien », a déclaré le président Bush. « Si l’Iran fait le mauvais choix, l’Amérique agira pour protéger ses intérêts, ses troupes et ses partenaires irakiens », a-t-il affirmé dans une allocution télévisée.
Parallèlement à cette mise en garde, le président a annoncé qu’il était favorable à un gel du retrait des GI’s en Irak après juillet, conformément aux recommandations du commandant en chef des forces états-uniennes dans le pays, David Petraeus. Les militaires servant en Irak et en Afghanistan seront désormais déployés pour 12 mois au lieu de 15, a également annoncé M. Bush.

• Le département d’État US a déconseillé à l’ancien président Jimmy Carter de rencontrer Khaled Mechaal, chef de file du Hamas, qui vit en exil à Damas, à l’occasion d’une visite en Syrie la semaine prochaine. « La position du gouvernement états-unien est que le Hamas est une organisation terroriste et nous ne pensons pas qu’une telle rencontre ait un intérêt pour notre politique ou pour la paix », a déclaré le porte-parole du département d’État, Sean McCormack. « La rencontre a fait l’objet d’un accord et des dispositions ont été prises », a néanmoins déclaré Ayman Taha, représentant du Hamas à Gaza, selon lequel l’entrevue a été sollicitée par le Centre Carter. Aucune réaction n’a pu être obtenue au siège de la fondation, à Atlanta.

• Un policier a été tué dans une attaque au cocktail Molotov lancée contre sa patrouille dans un village au sud de Manama, a annoncé la police qui a indiqué qu’une enquête était en cours sur les circonstances de l’attaque. Le Premier ministre bahreïni, cheikh Khalifa ben Salmane al-Khalifa, a dénoncé cet attentat qui, a-t-il dit, marque « une grave escalade injustifiable ». Aucune indication n’a été fournie sur les auteurs de l’attaque, qui a eu lieu dans un village à majorité chiite. Bahreïn est un petit pays du Golfe à majorité chiite, mais dirigé par une dynastie sunnite.

FARS (AGENCE DE PRESSE IRANIENNE)
Le président Mahmoud Ahmadinejad a affirmé que l’Iran ira jusqu’au bout pour « éliminer la direction corrompue du monde ». « Le peuple iranien n’abandonnera pas ses efforts avant l’élimination totale de la direction corrompue du monde, et les ennemis doivent savoir que les sanctions, les menaces, et les pressions politiques et économiques ne pourront pas faire reculer l’Iran », a déclaré M. Ahmadinejad lors d’un discours prononcé à Machhad. « Nous avons deux missions : construire l’Iran islamique et tenter de changer la direction du monde, et nous devons accomplir ces deux missions au mieux », a-t-il ajouté. Il a aussi rejeté les résolutions du Conseil de sécurité, qui exigent une suspension du programme iranien d’enrichissement d’uranium, les qualifiant de « bouts de papier déchirés ».

TURKIYE (QUOTIDIEN TURC DE CENTRE DROIT)
Un membre repenti du PKK a affirmé que des membres de son organisation avaient acquis une tonne d’explosifs en tous genres auprès d’un marchand d’armes en Irak. Le PKK s’apprêterait à conduire une vague d’attentats contre des dirigeants civils et militaires turc.

RIA-NOVOSTI (AGENCE DE PRESSE RUSSE)
Le chef d’état-major des forces armées de la fédération de Russie, le général Iouri Balouïevski, a formellement démenti les imputations selon lesquelles il aurait présenté sa démission. Lors d’une conférence de presse, il a souligné que le déploiement du bouclier anti-missile US en Europe orientale manifestait l’inquiétude de Washington face au relèvement socio-économique de la Russie et que Moscou y répondrait « de manière digne et asymétrique ». Enfin, le général a annoncé le lancement d’études en vue de la construction dans la décennie de cinq à six groupes de porte-avions qui seront déployés en Arctique et dans le Pacifique.

LE TEMPS (QUOTIDIEN SUISSE)
Chaque année, le régime iranien choisit la date du 8 avril, baptisé « Journée nationale de la technologie nucléaire » célébrant les débuts de l’enrichissement d’uranium en 2006, pour annoncer une nouvelle importante. Mardi, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad n’a pas dérogé à la règle, en annonçant la mise en service prochaine de 6000 centrifugeuses ultramodernes de types « IR-2 », bafouant à nouveau les demandes pressantes de la communauté internationale de cesser toute activité nucléaire. Comme chaque année, la nouvelle a pris au dépourvu les chancelleries occidentales qui, depuis 2002, surveillent le très opaque programme nucléaire iranien comme le lait sur le feu. D’après le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) publié le 22 février, 31 de ces IR-2 avaient en effet été installées dans l’usine expérimentale d’enrichissement, située en surface dans le complexe de Natanz, un étage au-dessus des 2952 exemplaires un peu plus anciens de type « P1 » déjà en service. Par le passé, le régime islamique a multiplié les déclarations tonitruantes au sujet de ses ambitions nucléaires, tandis que dans les faits, les ingénieurs prenaient beaucoup de retard. C’est ainsi que, depuis l’été 2002 et la découverte d’un programme nucléaire clandestin iranien vieux de dix-huit ans, les progrès restent relativement peu spectaculaires. En lieu et place des 50000 centrifugeuses P1 annoncées lors de la dernière « Journée de la technologie nucléaire » en 2007, au cours de laquelle Mahmoud Ahmadinejad avait inauguré un passage à une phase d’enrichissement « industriel » d’uranium, moins de 3000 ont donc été terminées dans les souterrains de Natanz, et l’enrichissement d’uranium se poursuivraient à des taux inférieurs à 5%, à peine suffisants pour alimenter des centrales nucléaires civiles. Pour équiper une arme nucléaire, ce taux doit dépasser les 90%, ce que les modèles IR-2, construits en fibre de carbone et tournant à des vitesses beaucoup plus élevées que les P1 autour de leur axe central, sont théoriquement capables d’atteindre. A supposer que plusieurs milliers d’entre eux soient assemblés en cascade, tournent à plein régime, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. L’Iran en est encore loin.

THE GUARDIAN (QUOTIDIEN BRITANNIQUE, MAJORITE)
Les juges Sullivan et Lord Moses ont invalidé hier la décision de l’ancien Premier ministre Tony Blair d’interrompre l’enquête du Bureau des fraudes (SFO) sur l’affaire BAE. La compagnie est accusée d’avoir détourné au moins 1 milliard de livres et offert un Airbus privé au profit du prince saoudien Bandar et de l’intermédiaire syrien Wafic Saïd sur des contrats d’armements al-Yamamah de 43 milliards de livres, au milieu des années 80. L’affaire avait été révélée par le Guardian. M. Blair avait stoppé l’enquête au motif que le gouvernement saoudien menaçait d’interrompre sa collaboration anti-terroriste, ce qui aurait placé le Royaume-Uni en danger. Certains commentateurs estimaient que M. Blair cherchait aussi à protéger la négociation en cours sur l’achat de 72 Eurofighters à BAE, mais il a toujours nié ce motif, d’autant que le Royaume-Uni étant membre de l’OCDE s’interdit de tolérer la corruption dans le domaine commercial. Au cours des audiences, il y a quelques semaines, il était apparu que le prince Bandar avait clairement menacé la sécurité du pays. Il appartient désormais à l’actuel Premier ministre Gordon Brown de rouvrir ou non l’enquête.

THE AUSTRALIAN (QUOTIDIEN AUSTRALIEN, GROUPE MURDOCH)
Le département australien de la Défense a annoncé avoir signé un contrat avec une société controversée, Unity Ressources Group, relatif au support logistique des troupes en Afghanistan. Il semble que le contrat représente 200000 dollars. La firme, basée à Dubaï mais détenues par des Australiens, a été condamnée par le gouvernement irakien pour le meurtre de deux jeunes femmes.

DAILY TIMES (QUOTIDIEN PAKISTANAIS)
Le porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères a annoncé qu’aucun gouvernement étranger n’ayant demandé de complément d’information dans l’affaire Abdul Qadeer Khan, il était temps de lever les restrictions de circulation dont il faisait l’objet. Le Dr Khan, père de la bombe atomique pakistanaise avait révélé avoir transmis une partie de son savoir à des États étrangers.

ASIA TIMES ONLINE (QUOTIDIEN ELECTRONIQUE THAÏLANDAIS)
Selon des sources proches de la rébellion, une nouvelle génération d’insurgés a vu le jour en Afghanistan. Sous le commandement de Sirajuddin Haqqani, ces néo-Talibans mettent en œuvre la stratégie élaborée par le général Giap au Vietnam. Ils appliquent actuellement la 2e phase de la guérilla : ils prennent d’assaut des positions militaires pour quelques heures, juste le temps de faire des prisonniers, puis se retirent avant la contre-attaque. Ils peuvent ensuite échanger ces prisonniers. Ces néo-Talibans sont encadrés par d’anciens officiers pakistanais, nombre d’entre eux ont été formés à la guérilla par l’ISI pakistanaise pour se battre au Cachemire. L’ensemble de ces informations sont démenties qui le porte-parole de l’OTAN qui récuse la comparaison avec le Vietnam et n’y voit que de la propagande. Cependant, les organisations humanitaires sur place, comme la Croix-Rouge, attestent bien d’une recrudescence des combats.

JANES INTELLIGENCE REVIEW (PUBLICATION PROFESSIONNELLE BRITANNIQUE, PROPRIETE DU GROUPE ÉTATS-UNIEN IHS)
L’étude de photographies prises par le satellite Digital Globe QuickBird le 8 février 2008 a permis de localiser à 230 km au sud de Téhéran le site de lancement des missiles à longue portée Kavosghar 1, d’une portée de 6000 km. Il apparaît que les Iraniens, comme les Nord-Coréens, ont choisi de développer leur recherche sur les missiles à longue portée sous couvert de recherche spatiale civile. Un bâtiment récent de 40 mètres de long porte les mêmes caractéristiques que celui observé à Taepodong (Corée du Nord). L’étude des photographies permet de déduire qu’il faudra environ 5 ans à Téhéran pour maîtriser complètement ces missiles longue portée, une estimation qui recoupe celle du président Bush.

THE LOS ANGELES TIMES (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
Le New York State Museum prépare une vaste exposition intitulée « Un événement global » qui sera présentée au Mémorial de la Seconde Guerre mondiale à Caen (France). Il s’agit de la plus importante manifestation de commémoration des attaques du 11 septembre jamais prévue hors du territoire des États-Unis. Cette exposition, qui tourne la page de la brouille franco-US, a été rendue possible grâce au nouveau président français Nicolas Sarkozy.

THE NEW YORK TIMES (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
La bataille qui s’est engagée à Sadr City (le quartier chiite de Bagdad) est un test pour les forces irakiennes dans la mesure où les GI’s n’y sont pas directement engagés. Hier, les principaux officiers irakiens et états-uniens ont reçu des coups de téléphone de menaces de l’Armée du Mahdi sur leurs portables sans que l’on sache comment les insurgés ont pu se procurer ces numéros.

• Le candidat républicain à la Maison-Blanche, John McCain, a laissé entendre mercredi qu’il n’exclurait pas, s’il était élu président en novembre prochain, de lancer des guerres préventives contre des pays hostiles. « Je ne pense pas que l’on puisse faire une déclaration d’ordre général sur l’idée de guerre préventive parce que, c’est évident, cela dépend de la menace à laquelle les États-Unis d’Amérique sont confrontés », a-t-il répondu à une question sur la politique du président George Bush concernant les attaques préventives. McCain, qui soutient la guerre en Irak, a estimé que le président qui serait élu devrait consulter davantage les membres du Congrès afin que les services gouvernementaux puissent agir de concert si une menace se profile. « En temps normal, lorsque vous voyez se dessiner une menace, je pense qu’il faut consulter plus étroitement et plus attentivement non pas chaque membre du Congrès, mais, c’est certain, les dirigeants du Congrès. »

• La secrétaire d’État Condoleezza Rice se rendra dans le Golfe, fin avril, pour participer à deux conférences internationales consacrées essentiellement à la situation en Irak, a annoncé mercredi le porte-parole du département d’État, Sean McCormack. « Mme Rice se rendra à Bahreïn pour participer le 21 avril à une réunion des ministres des Affaires étrangères du Conseil de coopération du Golfe, d’Égypte, de Jordanie et des États-Unis », a déclaré le porte-parole. « Elle se rendra ensuite au Koweït pour participer à une conférence ministérielle des voisins de l’Irak le 22 avril », a-t-il ajouté. La conférence des voisins de l’Irak est la troisième de ce genre après celles de Charm el-Cheikh en mai et d’Istanbul en novembre 2007. Ces réunions, qui rassemblent des représentants des pays voisins de l’Irak et des grandes puissances, ont constitué des groupes de travail supposés se réunir régulièrement. Une réunion du groupe de travail chargé des questions de sécurité doit se tenir « dans un avenir proche » en Syrie, a indiqué le porte-parole. Les États-Unis y enverront un émissaire, mais pas un haut responsable, a-t-il précisé.

• Belgrade a décidé d’organiser pour les Serbes du Kosovo les mêmes élections qu’en Serbie en mai, traitant ainsi le Kosovo, « indépendant » depuis février, comme une province serbe et défiant les autorités de l’Onu qui administrent le territoire. La commission électorale serbe (RIK) a en effet annoncé que les élections législatives et municipales, prévues en Serbie le 11 mai, auraient également lieu dans 23 municipalités du Kosovo où les Serbes sont majoritaires. La Mission de l’Onu (Minuk) qui administre le Kosovo depuis la fin du conflit de 1998-1999 entre forces serbes et séparatistes albanais est en principe seule habilitée à organiser des élections au Kosovo et la décision de Belgrade apparaît donc comme un défi. La Minuk l’a condamnée, mais, vraisemblablement embarrassée, n’a pas précisé si des mesures seraient prises pour l’empêcher.

Audiovisuel international

ABC (TELEVISION ÉTATS-UNIENNE)
Émission : World News Tonight
Reportage de Jan Crawford Greenburg, Howard Rosenberg et Ariane de Vogue
(vidéo : http://abcnews.go.com/Video/playerIndex?id=4622610&affil=wjla ; note : la vidéo est précédée d’une séquence publicitaire)
Dès le printemps 2002, une cellule a été constituée par l’administration Bush pour déterminer quelles méthodes d’interrogatoire pourraient être utilisées à l’encontre des terroristes arrêtés. Elle était composée de Dick Cheney (vice-président), Donald Rumsfeld (secrétaire à la Défense), Colin Powell (secrétaire d’État), John Ashcroft (secrétaire à la Justice), Condoleezza Rice (conseillère de sécurité nationale) et George Tenet (directeur de la CIA). Seul M. Ashcroft a émis des réserves sur ces réunions, non qu’il contestasse l’usage de la torture, mais parce qu’il pensait que de tels sujets ne devaient pas être discutés à ce niveau. La cellule a tenu une douzaine de réunions dans la Situation Room de la Maison-Blanche. Au cours de celles-ci, diverses tortures ont été présentées, simulées et « chorégraphiées »( sic).

Tendances et événements au Liban

La reculade de Kouchner, l’escalade de Siniora

Les dernières 24 heures ont enregistré au Liban les développements suivants :
 1. Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, est revenu sur ses propos indélicats à l’égard du président de l’Assemblée Nabih Berry, qu’il a couvert de louanges lors d’une conversation téléphonique jeudi, lui affirmant que les portes de la France lui sont grandes ouvertes (Voir ci-dessous). M. Berry avait auparavant reçu des appels téléphoniques de plusieurs responsables français ainsi que du chargé d’affaires à Beyrouth, André Parant, qui lui ont exprimé leur soutien à son initiative pour la relance du dialogue interlibanais.
 2. Le Premier ministre de facto, Fouad Siniora, a repris, devant ses visiteurs, ses attaques contre M. Berry. M. Siniora, qui doit reprendre sa tournée arabe dans les prochains jours, n’a visiblement pas trouvé des oreilles intéressées auprès des dirigeants arabes qu’il a rencontrés concernant la convocation d’une réunion des ministres arabes des Affaires étrangères pour débattre des relations libano-syriennes. Aussi, a-t-il été obligé de revoir à la baisse les objectifs de sa tournée qui vise, selon lui, à expliquer aux Arabes les raisons pour lesquelles le Liban a décidé de boycotter le sommet de Damas. Il a expliqué à ses interlocuteurs arabes que le Liban est l’otage de la Syrie et de l’Iran.
 3. Les informations en provenance du Caire précisent que le roi Abdallah d’Arabie et le président Hosni Moubarak ont réitéré leur soutien aux efforts du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, visant à régler la crise libanaise. M. Moussa ne compte pas revenir de sitôt à Beyrouth mais projette de visiter Damas dans les jours qui viennent. Dans ce cadre, des sources bien informées indiquent que les tentatives visant à résumer l’initiative arabe de règlement au Liban au seul point de l’élection présidentielle ont définitivement échoué. Désormais, toute nouvelle approche doit considérer que le plan arabe est un tout indivisible composé de trois points : l’élection présidentielle, la formation d’un gouvernement d’union nationale et l’adoption d’une loi électorale juste et équitable. Toute partie qui tente de sectionner le plan arabe cherche, en fait, à pérenniser la crise au Liban.
 4. L’affaire de la disparition du faux témoin dans l’enquête Hariri, Mohammad Zouhair as-Siddik, n’a pas fini de provoquer des vagues. Dans des propos qui lui son attribués par le journal koweïtien as-Siyassa, il s’en prend à la commission d’enquête internationale, aujourd’hui dirigée par le Canadien Daniel Bellemare. Lors d’une interview recueillie par la BBC (service radio en langue arabe) avec des responsables du journal pour essayer d’en savoir plus sur as-Siddik, la conversation, en direct, a été interrompue à trois reprises, sans explication.
 5. La famille d’as-Siddik s’est rendue à l’ambassade de France à Damas pour lui remettre une demande officielle pour connaître le sort de son fils (Voir ci-dessous).
 6. Des articles parus dans la presse libanaise laissent croire qu’un bloc parlementaire centriste est en passe d’être créé. Son noyau sera composé du député Michel Murr, qui a récemment annoncé son retrait du Bloc de Michel Aoun, et du bloc tripolitain (quatre députés conduits par le ministre des travaux publics, Mohammad Safadi), qui s’est éloigné du 14-mars pro-américain.
 7. Des sources bien informées assurent que le gouvernement de facto de Fouad Siniora exécute des instructions états-uniennes visant à bloquer toutes les solutions à la crise libanaises jusqu’à la mi-mai, en attendant la signature de la Déclaration de principe entre Mahmoud Abbas et Ehud Olmert. Mais la finalisation de cet accord doit impérativement être précédée par la liquidation de la Résistance palestinienne et l’isolement de l’opposition libanaise.

Affaire As-Saddik

LE MONDE (QUOTIDIEN FRANÇAIS, GROUPE LAGARDERE)
 Mouna Naïm
Mohammed As-Siddik est l’un des centaines de témoins interrogés par la Commission internationale chargée d’enquêter sur l’assassinat, en février 2005, de l’ex-premier ministre libanais Rafic Hariri. Ancien officier des services de renseignement syriens, il avait déclaré aux enquêteurs que l’ancien président libanais Emile Lahoud et le président syrien Bachar Al-Assad étaient les donneurs d’ordre de cet assassinat. Il s’était ensuite rendu en France où il avait été arrêté en vertu d’un mandat d’arrêt international, avant d’être remis en liberté. Le magistrat allemand Detlev Mehlis, ancien président de la Commission d’enquête, a récemment rappelé, dans des déclarations à la chaîne de télévision libanaise LBC, qu’il avait lui-même rapidement considéré M. Al-Siddik comme un témoin « suspect ». M. Mehlis a indiqué qu’il avait conseillé aux autorités libanaises de demander son arrestation par la France. Son extradition, demandée par Beyrouth, avait été refusée par Paris faute de garanties sur la non-application de la peine de mort en vigueur au Liban. La « disparition » en France de M. As-Siddik a été évoquée, fin mars, par l’ancien ministre libanais Wiam Wahab, très proche du pouvoir syrien. Paris a confirmé, mercredi, que l’intéressé et sa famille ont quitté leur domicile le 13 mars pour une destination inconnue. Les suspicions qui entachaient son témoignage sont l’argument régulièrement invoqué par les avocats de quatre officiers supérieurs de l’armée et de la police arrêtés depuis 2005 pour leur implication présumée dans l’assassinat de Rafic Hariri. Ces avocats ont de nouveau réclamé, mercredi, la libération de leurs clients, arrêtés selon eux sur la base du seul témoignage de M. As-Siddik. De Damas, le frère du disparu, Imad As-Siddik a accusé les autorités françaises d’avoir, au mieux, « facilité sa disparition » pour permettre « sa liquidation par une tierce partie », au pis de l’avoir elles-mêmes « liquidé ».

AS-SIYASSA (QUOTIDIEN KOWEÏTIEN)
 Entretien avec Mohammad Zouhair as-Siddik
« Je me cache en un lieu tenu secret, proche du territoire français et du tribunal international, et je suis en bonne santé. Je suis toujours en Europe. Je me cache pour sauver sa vie. Les rumeurs qui ont couru à mon compte ces derniers jours sont soit ciblées et insidieuses, soit le fruit de pures analyses journalistiques. J’insiste sur le fait que quatre officiers des renseignements libanais et leurs partenaires syriens ont tué Hariri et j’ai des preuves que je soumettrai au tribunal. J’ai envoyé plusieurs lettres au tribunal international ainsi qu’à la justice libanaise pour les informer que je risquais ma vie après avoir été la cible de trois tentatives d’assassinat, dont la dernière par le poison.
J’ai décidé de me cacher parce que la commission d’enquête ne m’a a pas assuré de protection. »

PASCALE ANDREANI, PORTE-PAROLE DU QUAI D’ORSAY
« M. as-Siddik a démenti dans un journal koweïtien les rumeurs selon lesquelles il serait mort. Notre consul à Damas a reçu aujourd’hui les frères de M. as-Siddik qui lui ont remis une lettre demandant des éclaircissements sur le sort de leur frère. »

IMAD AS-SIDDIK, FRERE DU FAUX TEMOIN
« Si Zouheir a été assassiné, j’accuse (le ministre libanais) Marwan Hamadé de l’avoir liquidé avec le concours des autorités françaises. Nous voulons savoir si notre frère se trouve en territoire français. C’est une demande que nous avons adressée au gouvernement français, qui assume la responsabilité de la vie de notre frère. Paris doit remettre Zouheir, s’il est toujours en vie, à la Syrie. Mon frère s’apprêtait à revenir sur ses accusations soutirées sous la pression et les menaces. Il voulait se livrer à l’ambassade de Syrie à Paris, mais des parties l’ont menacé et lui ont interdit de s’y rendre. Mon frère avait affirmé être l’objet de menaces de mort dans un appel téléphonique, il y a sept mois. Une fois en Syrie, Zouheir dira la vérité, il indiquera qui était derrière (les accusations portées contre Damas). La personne qui a engagé Zouheir dans cette mauvaise affaire est celle qui a assassiné Rafic Hariri. »

MOHAMMAD FNEICH, MINISTRE DEMISSIONNAIRE (HEZBOLLAH)
« La France devrait clarifier les circonstances de la disparition d’as-Siddik, ce témoin qui a été qualifié de témoin-roi, et dont les preuves ont été retenues pour arrêter des officiers et d’autres personnes. Par conséquent, quand ce témoin est demandé par la commission internationale et par la justice libanaise, et qu’il disparaît, cela soulève de nombreux points d’interrogation sur le rôle français et la responsabilité des Français dans ce manque de coopération avec l’enquête. Je ne veux pas lancer des accusations, je veux juste exprimer des interrogations qui jettent l’ombre d’un doute sur ce rôle. La première question qu’on pourrait se poser, c’est comment Zouheir as-Siddik peut rester en France sans être livré à la justice libanaise ? Comment peut-il avoir été sorti de France, alors que les autorités françaises savent qu’il est impliqué dans une grande affaire comme celle de l’assassinat de Rafic Hariri ? Ensuite, qui a caché Mohammad Zouheir as-Siddik et lui a assuré son transfert en France et son séjour dans ce pays ? Et qui a facilité son évasion ? »

COMMUNIQUE DU MINISTERE SYRIEN DES AFFAIRES ETRANGERES
« Les propos de la secrétaire d’État Condoleezza Rice (qui avait exclu tout deal pour protéger la famille Assad d’éventuelles poursuites) devant le Congrès anticipent sur les résultats de l’enquête internationale en cours et qui n’est pas encore terminée. Ces propos sont une preuve supplémentaire qui montre que les États-Unis utilisent le tribunal comme un moyen de pression politique sur la Syrie. »

Déclarations

BERNARD KOUCHNER, MINISTRE FRANÇAIS DES AFFAIRES ETRANGERES
« Les portes de la France resteront toujours ouvertes pour Nabih Berry, s’il a un jour envie de la visiter. J’ai également assuré M. Berry de mon appui permanent au dialogue entre les Libanais. »

NABIH BERRY, PRESIDENT DU PARLEMENT (OPPOSITION)
« Le déplore le fait que le chef du gouvernement assume les prérogatives du président de la République, usurpe le pouvoir et provoque la paralysie des institutions, dont notamment le dialogue qui était en cours en novembre 2006. Pour quelles raisons M. Siniora n’a pas dénoncé la présence du « cheikh des opposants » lors des précédentes séances de dialogue qui s’étaient produites en 2006. »

HAGOP PAKRADOUNIAN, DEPUTE DU TACHNAG (MEMBRE DU BLOC AOUN)
« Le député Michel Murr (qui a annoncé sa séparation mercredi du bloc de Michel Aoun) sa propre entité au Metn. Ceux qui sont alliés au sein du Bloc du changement et de la réforme (de Aoun) ne perdent pas leur indépendance. Aucun autre député ne se retira du bloc aouniste. Le Tachnag fait toujours partie du bloc tout en maintenant son alliance avec Michel Murr. »

NEHMETALLAH ABI NASR, DEPUTE DU BLOC AOUN
« La prise de position de Michel Murr n’aura pas de retombées du fait que depuis longtemps il faisait cavalier seul. Le différend entre Murr et le général Aoun porte sur l’élection présidentielle. M. Murr souhaite s’allier au prochain président de la République. Il est naturel que chaque partie songe à revoir ses calculs et ses alliances. Même le général Aoun pourrait réviser ses alliances lorsqu’il jugera cela nécessaire. »