Tendances et événements au Proche-Orient

L’hémorragie continue en Irak et à Gaza

Les questions d’Irak et de Palestine ont connu des développements importants ces dernières 48 heures dont voici la quintessence :
 1. Les pays voisins de l’Irak ont tenu une réunion, dimanche, à Damas, avec la présence de deux délégations saoudienne et états-unienne. Les participants ont mis l’accent sur la nécessité de renforcer la coopération entre les voisins de l’Irak. La Syrie a réitéré sa position qui estime que la fin de l’occupation est la condition indispensable pour la stabilité de l’Irak. Le ministre syrien de l’Intérieur a réaffirmé la volonté de son pays de renforcer les mesures de sécurité à la frontière avec l’Irak. Mais au-delà des sujets discutés, les observateurs se sont interrogés sur la signification de la tenue de cette réunion et sur la participation des États-uniens et des Saoudiens. Ces derniers avaient boycotté une réunion similaire dans la capitale syrienne. Selon certains analystes, la participation des États-Unis et du royaume wahhabite à cette réunion montre la réalité des rapports de force au lendemain du sommet de la Ligue arabe à Damas, et fixe les limites des menaces adressées par ces deux pays contre la Syrie et son régime politique.
 2. En Irak, la tension persiste entre le mouvement sadriste d’un côté, les forces d’occupation US et les troupes gouvernementales irakiennes de l’autre. Mais les opérations militaires au cours desquelles les États-uniens ont utilisé l’aviation pour lancer des raids contre des complexes résidentiels à Sadr city -le bastion de Moqtada Sadr- ont enregistré un recul.
 3. En Israël, le débat s’articule autour de deux sujets :
(a) La puissance nucléaire de l’Iran : l’annonce par le président Bush qu’il ne compte pas lancer une attaque contre la République islamique avant la fin de son mandat a provoqué un véritable choc au sein de l’establishment israélien.
(b) Le bilan des vastes manœuvres n’était pas concluant. Certains responsables israéliens n’ont pas hésité à parler de l’échec de cet exercice au niveau du front interne, et ont procédé à l’évaluation des compétences des sphères dirigeantes.
 4. A Gaza, l’hémorragie se poursuit. Le blocus se durcit avec la décision d’Israël de ne laisser passer qu’au compte-gouttes la nourriture et le fuel utilisé pour le fonctionnement des centrales électriques. Dans le même temps, les agressions israéliennes ont fait de nombreux morts et blessés ces dernières 48 heures. Cette situation a poussé le Hamas à menacer d’un vaste mouvement populaire pour briser le blocus. Le mouvement de la Résistance palestinienne a fait assumer la responsabilité de la tragédie à tous ceux qui participent au blocus, en allusion à l’Égypte et aux pays arabes dits « modérés ».

Agences et presse internationales

TECHRINE (QUOTIDIEN SYRIEN)
 Ezzeddine Darwiche
Que les Arabes passent un bon bout de temps à démentir les accusations de terrorisme portées contre eux constitue une des bizarreries de ce monde sens dessus dessous, plein de contradictions intellectuelles et médiatiques. Un monde bâti sur la falsification des vérités historiques et géographiques au profit de la puissance hégémonique : les États-Unis et leur allié Israël.

ITAR-TASS (AGENCE DE PRESSE RUSSE)
De retour de Libye, le président ukrainien Viktor Yuchensko a indiqué qu’il recevrait le guide suprême Moammar Khadafi à Kiev l’an prochain pour finaliser un accord économique prévoyant la construction d’une raffinerie en Ukraine contre des céréales.

RIA-NOVOSTI (AGENCE DE PRESSE RUSSE)
Le président ukrainien Viktor Yuschenko a annoncé l’envoi d’une mission d’assistance militaire en Irak de 15 personnes. Au début de la guerre, son pays avait envoyé jusqu’à 1500 hommes, puis les avait tous retirés.

ANADOLU AJANSI (AGENCE DE PRESSE TURQUE)
« La Turquie doit se concentrer sur les réformes. C’est le meilleur moyen de parvenir à son adhésion à l’Union européenne », a déclaré jeudi le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, lors d’un discours devant les députés de la Grande Assemblée Nationale Turque. « Je suis au courant des débats actuels sur la laïcité dans la société turque et de l’importance qu’ils revêtent. Nous ne prendrons pas part à ces polémiques et n’attendez pas non plus que l’UE impose des standards pour la laïcité ou la question du foulard ou du voile islamiques. L’UE n’a pas de standard pour ces questions » a-t-il ajouté et qualifié le port du foulard de « libre choix ». « Nous sommes aux côtés de la Turquie dans sa lutte contre le terrorisme. Le Pkk/Kongragel est une organisation terroriste sans la moindre doute et figure sur la liste européenne des organisations terroristes, qu’il n’y ait aucun malentendu à ce sujet », a-t-il déclaré. Il a appelé le gouvernement à soutenir les droits culturels et politiques des citoyens turcs d’origine kurde. « Le gouvernement travaille actuellement sur un plan à ce sujet et je souhaite que nous puissions entendre bientôt les détails de ce plan », a-t-il ajouté.

LE FIGARO (QUOTIDIEN FRANÇAIS, GROUPE DASSAULT)
Le ministre des Affaires étrangères français, Bernard Kouchner, effectue une visite surprise de deux jours en Afghanistan en même temps que son homologue canadien, Maxime Bernier. Il s’agit de préparer deux rencontres internationales qui se tiendront prochainement à Paris. Sans reprendre pleinement à son compte la démarche des Britanniques qui avait provoqué la colère du président Hamid Karzaï, les Français souhaitent « rebattre les cartes » et font valoir qu’on ne peut continuer dans l’amalgame « dijadistes=talibans=pashtounes ». Ils s’adresseront le 24 mai à la société civile et présideront le 12 juin la conférence de financement de la reconstruction.

LA LIBRE BELGIQUE (QUOTIDIEN BELGE)
Une importante explosion, survenue dans une mosquée de Shiraz (Iran), a fait 11 morts et 190 blessés. Les déclarations contradictoires des autorités ne permettent pas d’établir s’il s’agit d’un accident ou d’un attentat. La foule était assemblée pour écouter un prêche de l’ayatollah Anjavinejad critiquant les wahhabites et les bahaïs.

THE INDEPENDENT (QUOTIDIEN BRITANNIQUE)
Les personnels irakiens qui assistaient les forces britanniques en Irak doivent déchanter. L’accord conclu l’an dernier qui prévoyait leur asile au Royaume-Uni n’a pas été appliqué et ils sont susceptibles de rapatriement forcé. Or, considérés comme des traîtres dans leur pays, leurs maisons ont été détruites et parfois leurs parents tués par les miliciens chiites. La Haute Cour a été saisie.

THE SUNDAY TELEGRAPH (HEBDOMADAIRE BRITANNIQUE)
 Éditorial
Le Premier ministre Gordon Brown a décidé de soutenir la proposition du Sunday Telegraph de créer au Royaume-Uni une Journée nationale des forces armées, pour soutenir nos soldats en opérations extérieures. Il n’est pas encore clair quelle forme elle prendra. Elle pourrait inclure des défilés en l’honneur des troupes lors des matchs de football et des opérations portes ouvertes dans les casernes. Par ailleurs, une nouvelle jurisprudence fait obligation au ministère de la Défense de prévoir les équipements adéquats avant d’envoyer nos hommes en mission. Mais tout cela ne suffit pas. Il faut accorder l’immunité à nos soldats. Il faut cesser d’examiner devant des juridictions civiles les décisions prises dans le feu du combat. Nous devons faire confiance à nos troupes.

THE GLOBE AND MAIL (QUOTIDIEN CANADIEN)
Au Canada, le gouvernement conservateur de Stephen Harper tente de bloquer la procédure initiée par des associations de défense des Droits de l’homme à propos du transfert des talibans prisonniers des forces canadiennes aux forces afghanes, qui les ont torturés. La Commission de contrôle de la police militaire devait tenir des auditions publiques. Le gouvernement met en cause la compétence juridictionnelle de la Commission.

THE NEW YORK TIMES (QUOTIDIEN ETATS-UNIEN)
• Le gouvernement irakien a limogé 1300 soldats et policiers qui avaient refusé de combattre ou avaient déserté lors de la bataille de Bassora, le mois dernier.
• Des officiels irakiens ont négocié en secret des achats d’armes à la Serbie. Ni leurs collègues du gouvernement, ni les forces US n’ont été associés à cette démarche. Les forces irakiennes sont sous-équipées, le Pentagone craignant qu’elles ne fassent preuve de trop d’indépendance. Le contrat, initialement de 833 millions de dollars, a été ramené à 236 millions de dollars. Une méconnaissance des besoins réels aurait conduit à privilégier des matériels inadaptés. Les États-Unis se sont opposés in extremis à l’achat par les Irakiens d’hélicoptères Puma et Gazelle à la France. Ils seraient inadaptés aux conditions climatiques. Surtout, l’origine multiple des matériels pose des problèmes de compatibilité et de maintenance.

THE WASHINGTON TIMES (QUOTIDIEN ETATS-UNIEN, GROUPE MOON)
Israël, les États-Unis et l’Union européenne hésitent à participer à la prochaine conférence des Nations unies contre le racisme (dite « Durban II »). Ils craignent la réédition des débats de 2001 qui avaient mis Tel-Aviv en accusation et avaient tenté d’assimiler le sionisme au racisme. Les Occidentaux sont d’autant plus inquiets que cette conférence devrait être présidée par le président de la Commission des droits de l’homme, c’est-à-dire un diplomate libyen. 27 sénateurs républicains et de hautes personnalités juives pressent le président Bush de couper le financement de la conférence et de la boycotter.

AFP (AGENCE DE PRESSE FRANÇAISE)
 Laurent Lozano
L’Administration Bush a engagé une vaste réévaluation des activités et des intentions de l’Iran ainsi que de la manière d’y faire face, rapportait samedi le Washington Post. Le gouvernement US veut espérer que ces événements « ouvriront les yeux » au gouvernement irakien. Tandis que l’Administration Bush s’emploie en même temps à la réussite d’une entreprise irakienne mal engagée et à l’isolement du régime islamique, les gouvernements irakien et iranien proclament la nécessité d’étroites relations. Bagdad vient de dérouler le tapis rouge pour le président iranien Mahmoud Ahmadinejad. « Les politiques désastreuses de Bush » ont fait de l’Irak « un trou noir stratégique, saignant les ressources militaires et l’influence politique de Washington en même temps qu’il étend la primauté de l’Iran chez ses voisins », dit l’experte Suzanne Maloney.
Ni la rhétorique ni les alliances avec les pays arabes ne répareront les dommages : il faudra combiner « endiguement, dissuasion active, et même arrangement et dialogue », mais cela incombera à la prochaine Administration, selon elle.

• Les services de sécurité israéliens utilisent les familles de détenus palestiniens comme moyen de pression, voire de « torture psychologique », selon un rapport d’une ONG sur la torture publié dimanche. Ce rapport de 83 pages du Comité public contre la torture en Israël présente six cas détaillés de familles qui ont été utilisées, selon lui, par les agents du Shin Beth, le service de sécurité intérieure israélien, pour soutirer des aveux ou des informations à des prisonniers palestiniens entre 2007 et 2008.
« Le Shin Beth se livre parfois à des mises en scène en amenant les conjoints, les femmes ou les mères dans les centres de détention, faisant croire (aux détenus) qu’ils sont arrêtés, qu’ils vont être torturés et que personne ne pourra s’occuper de leurs enfants », a affirmé Yoav Loeff, porte-parole du comité. Le rapport écrit que « dans les cas les plus extrêmes, les méthodes utilisées prennent la forme d’une torture psychologique à l’encontre des détenus, faisant d’eux les victimes d’une cruelle manipulation psychologique ». « Il est pour le moins curieux qu’un organisme chargé de la lutte contre le terrorisme utilise des méthodes qui s’apparentent au terrorisme », a déclaré le porte-parole. Le document démontre que l’utilisation des familles « est courant, bien qu’il soit contraire à toutes les conventions internationales concernant le traitement des détenus », a-t-il ajouté. « Nous demandons un contrôle beaucoup plus strict du Shin Beth et des règles très claires pour savoir ce qui est permis et ce qui est interdit. Actuellement, c’est le Shin Beth qui est chargé d’examiner les plaintes déposées contre lui, ce qui n’est pas sain », a déploré M. Loeff.

• Les Palestiniens préparent les célébrations qui marqueront en mai le 60ème anniversaire de l’expulsion de centaines de milliers d’Arabes durant la guerre de 1948 consécutive à la création d’Israël. Le Comité national pour l’anniversaire de la « Nakba » –la « catastrophe » en arabe, terme utilisé pour désigner l’expulsion de quelque 700 000 Arabes durant la guerre première guerre avec Israël– va lancer dans les semaines à venir de nombreuses activités pour commémorer l’événement. Cette année « sera complètement différente des années précédentes », a affirmé à des journalistes, à Ramallah, Omar al-Assaf, le directeur du comité, précisant que les événements comprendront des conférences, et des activités culturelles et sportives. « Nous essayons d’amener tous les Palestiniens à s’habiller en noir au milieu du mois prochain afin de lancer un message fort au monde, que nous avons le droit de retourner dans les maisons dont nous avons été expulsés », a ajouté al-Assaf.

• L’ancien président américain Jimmy Carter a défendu son projet de rencontrer des responsables du Hamas, au début d’une tournée au Proche-Orient, malgré les critiques de Washington et d’Israël. L’ancien président américain, arrivé dans la journée à Jérusalem, a rencontré le président israélien Shimon Peres ainsi que le père du soldat israélien Gilad Shalit, enlevé en 2006 en territoire israélien à la lisière de la bande de Gaza par trois groupes armés palestiniens, dont le Hamas. Selon Noam Shalit, M. Carter s’est engagé à rencontrer M. Mechaal à Damas pour aider à la libération de son fils. Le 31 mars, M. Mechaal avait indiqué que Gilad Shalit était toujours en vie et bien traité. Quelques heures avant ses entretiens à Jérusalem, M. Carter, selon la retranscription d’un entretien donné à la télévision ABC, a déclaré : « Il est très important que quelqu’un rencontre les dirigeants du Hamas pour exprimer ses vues, pour jauger s’ils peuvent faire preuve de souplesse, pour tenter de les convaincre de cesser toute attaque contre des civils innocents en Israël et de coopérer avec le Fateh en tant que groupe qui unit les Palestiniens. »

• Plusieurs dizaines d’Égyptiens, blessés au cours de manifestations la semaine dernière dans la cité industrielle de Mahalla, sont maintenus en détention et enchaînés à leurs lits d’hôpital, a dénoncé une ONG égyptienne des droits de l’homme, l’Initiative égyptienne pour les droits personnels (IEDP). Des journaux égyptiens ont publié des images montrant des blessés lors des manifestations enchaînés par les bras ou les jambes à leurs lits d’hôpital, des pratiques habituelles, dénonce l’IEDP. Deux personnes sont mortes au cours de deux jours de manifestations le 6 et le 7 avril qui ont dégénéré en affrontements dans la cité industrielle de Mahalla, dans le delta du Nil.

Tendances et événements au Liban

Que se passe-t-il au Caire sur le Liban ?

Le paysage politique et médiatique libanais s’est articulé sur une série de développements dont voici les principales caractéristiques :
 1. Le président du Parlement, Nabih Berry, a entamé une tournée arabe –après la Syrie- par une visite au Caire où il s’est entretenu avec le président Hosni Moubarak pendant près d’une heure et demi. Après la rencontre, il a assuré que le chef de l’État égyptien a exprimé son appui au dialogue interlibanais, auquel il a appelé, ainsi qu’aux efforts déployés en vu de trouver un compromis entre le 14-mars pro-US et l’opposition nationale. Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmad Aboul Gheith, a également exprimé son soutien au dialogue interlibanais après une rencontre avec M. Berry. Le chef de la diplomatie égyptienne a indiqué que le règlement de la crise libanaise nécessite davantage d’efforts et plus de temps.
 2. Quelques heures après le départ de M. Berry, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Saoud al-Fayçal, est arrivé au Caire où il s’est entretenu avec Aboul Gheith en présence du chef des services de renseignements militaires égyptiens, le général Amr Sleimane. Les informations de presse indiquent que la discussion a porté sur le sommet que George Bush compte présider à Charm el-Cheikh, en mai, en présence des présidents Hosni Moubarak et Mahmoud Abbas et des rois Abdallah II de Jordanie et Abdallah d’Arabie saoudite, avec la participation du Premier ministre israélien, Ehud Olmert. Aboul Gheith a de son côté indiqué que l’entretien avec al-Fayçal a porté sur les moyens d’assainir les relations interarabes, le déblocage de la crise au Liban et la question palestinienne.
 3. Le Premier ministre de facto, Fouad Siniora, a repris sa tournée arabe après une pause de quatre jours. Il s’est rendu à Amman où il a été reçu par le roi Abdallah II. Son objectif est d’obtenir une réunion du Conseil des ministres arabes des Affaires étrangères. Mais Nabih Berry a barré la route à cette démarche, estimant qu’une telle réunion, au lieu de régler la crise libanaise, la compliquerait davantage. Il a rappelé à cet égard la décision du gouvernement Siniora de boycotter le sommet de Damas alors que maintenant il est prêt à participer à une réunion ministérielle qui serait présidée par le ministre syrien des Affaires étrangères.
 4. Le coup d’envoi d’un mouvement populaire a été donné dimanche pour réclamer la libération des quatre généraux arrêtés dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de Rafic Hariri. Un grand meeting a été organisé à Nabi Ayla (plaine de la Békaa), le village natal du général Jamil Sayyed, ancien directeur de la Sûreté générale. Dans un message lu en son nom devant la foule, le général Sayyed a révélé que le numéro 2 de la commission d’enquête internationale en 2005, Gerhard Leman, lui a proposé de trouver un bouc émissaire syrien pour lui faire assumer la responsabilité de l’attentat sans quoi il en paiera lui-même le prix. Le chef du bureau politique du Hezbollah, Ibrahim Amine Sayyed, a déclaré que les quatre généraux ne sont pas des prisonniers mais des otages.
 5. Les analystes estiment que la disparition du faux témoin dans l’affaire Hariri, Mohammad Zouhair as-Siddik, va provoquer un véritable séisme politique en France. Le député socialiste Gérard Bapt a déjà adressé une question à la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie et compte en adresser une autre à la Garde des Sceaux, Rachida Dati (Voir ce-dessous). D’autres députés vont lui emboiter le pas pour dénoncer ce scandale qui ressemble en tout point à l’affaire Ben Barka. Selon Le Figaro dans son édition de samedi, as-Siddik aurait avoué aux services de renseignement français avoir reçu de fortes sommes d’argent pour faire de fausses dépositions qui lui ont été dictées pour impliquer les quatre généraux libanais et la Syrie dans l’assassinat de Rafic Hariri.
 6. La société civile et les associations se sont mobilisées pour commémorer le 13ème anniversaire du déclenchement de la guerre civile au Liban. Les appels se sont multipliés pour faire en sorte que le pays ne glisse pas de nouveau vers un conflit armé.
 7. Le chef chrétien de l’opposition, le général Michel Aoun, a réaffirmé que la raison cachée du conflit actuel au Liban est l’implantation des réfugiés palestiniens. Cette question constitue, selon lui, la principale pomme de discorde entre l’opposition et le 14-mars qui souhaite installer définitivement au Liban les 500000 réfugiés.

Affaire As-Siddik

Gérard Bapt, vice-président du Groupe d’amitié parlementaire France-Liban et député socialiste de la Haute-Garonne, a adressé à Mme Michèle Alliot-Marie, ministre française de l’Intérieur, une question dans laquelle il lui demande des « éclaircissements sur les conditions dans lesquelles le témoin Mohammad Zouhair as-Siddik a, selon le ministre des Affaires étrangères, M. Bernard Kouchner, disparu depuis un mois ».
Dans sa question écrite à laquelle Mme Alliot-Marie est tenue de répondre dans un délai d’un mois renouvelable, Bapt demande que soient rendues publiques les informations dont elle dispose sur cette affaire et qu’elle dise si « une enquête a été lancée concernant le sort d’un témoin important du dossier de l’enquête internationale en cours sur l’assassinat de Rafic Hariri et de plusieurs autres personnalités libanaises ».
Durant le week-end, le député Bapt a rencontré la ministre de l’Intérieur qui a affirmé ne rien savoir sur l’affaire as-Siddik, qu’en tout état de cause elle n’était nullement concernée, qu’elle n’avait en conséquence diligenté aucune enquête sur la disparition du témoin et qu’il fallait en référer à la ministre de la Justice, Mme Rachida Dati.
Le député Bapt adressera une autre question écrite à la ministre de la Justice sur cette affaire qui est maintenant, selon lui, « une question franco-française ».

Déclarations

NABIH BERRY, PRESIDENT DU PARLEMENT LIBANAIS
« Ma rencontre avec Hosni Moubarak a été franche et conviviale. Le président Moubarak m’a encouragé à poursuivre la recherche d’une issue. Il appartient à toutes les parties libanaises de trouver une solution. Ni l’Égypte ni l’Arabie saoudite ou la Syrie ne peuvent nous remplacer dans ce processus. Mais les Arabes peuvent aider les Libanais, et le président Moubarak m’a promis d’œuvrer en ce sens. Je n’ai pas transmis de lettres de la part du président Bachar el-Assad au président Moubarak. Néanmoins, j’ai clarifié quelques éléments et je lui ai exposé la teneur de mes discussions avec les responsables syriens. J’ai notamment insisté sur le fait que le général Michel Sleimane est le candidat consensuel. Damas ne conteste pas ce fait et n’impose aucune condition au dialogue interlibanais. La Syrie se conformera également aux décisions des précédentes séances de dialogue national en ce qui concerne l’échange de délégations diplomatiques entre Beyrouth et Damas et le tracé des frontières. Les portes du Parlement ne sont pas fermées, la preuve étant que j’ai systématiquement convoqué les députés pour procéder à l’élection d’un président. Néanmoins, et en vertu des principes de la démocratie, l’élu a le droit d’assister aux réunions de la Chambre ou de les boycotter. Le président de la Chambre ne peut pas obliger les législateurs à se rendre au Parlement par la force. Seul le dialogue peut aboutir à une solution de la crise politique. Le président Moubarak et les chefs d’État arabes reconnaissent le gouvernement. Je reconnais également le gouvernement comme cabinet en place avec lequel il faut traiter, bien qu’il soit anticonstitutionnel et illégitime car l’intérêt du Liban suppose qu’il n’y ait pas de vide absolu. Je suis le premier à avoir insisté sur l’invitation du Premier ministre Siniora au sommet de Damas. Certes, je fais partie de l’opposition. Mais j’ai organisé la première séance de dialogue, le 2 mars 2006, à l’époque où la magistrature suprême n’était pas vacante. Et comme la majorité ne reconnaissait pas la légitimité du président Émile Lahoud, j’ai dû présider le dialogue. Quand je convoque une séance de dialogue, je suis l’arbitre et le président de la Chambre. Quand je prends part au dialogue, je suis un opposant. J’avais proposé que le député Ghassan Tuéni préside le dialogue, mais les autres participants ont refusé et m’ont demandé d’assumer cette responsabilité. La crise libanaise est l’un des symptômes d’une forme de conflit interarabe. Une entente syro-saoudienne faciliterait considérablement le dénouement de la crise. La crise palestinienne a également des retombées sur le Liban. Il ne faut pas oublier non plus les agressions israéliennes et la temporisation des États-Unis qui ne sont pas pressés de voir la crise libanaise dénouée. Si nous autres Arabes étions unis, les choses ne seraient pas arrivées à ce point. Il est urgent de reprendre le dialogue pour secourir l’initiative arabe qui se trouve aujourd’hui dans une impasse. Si on aboutit à une entente sur le plan local, ceci contribuerait à la détente au niveau arabe. Fouad Siniora réclame une réunion exceptionnelle des ministres arabes des AE, alors qu’il a boycotté le sommet de Damas et n’a même pas envoyé un ambassadeur pour le représenter. Cela ne peut pas réussir, d’autant que M. Siniora veut que cette réunion soit consacrée à l’examen du dossier des relations syro-libanaises. Or le dialogue national a résolu cette question et a débouché sur des décisions qu’il faut appliquer et non pas reconsidérer. »

COMMUNIQUE DE FOUAD SINIORA POUR LE 33EME ANNIVERSAIRE DE LA GUERRE CIVILE
« Je suis conscient de votre inquiétude concernant le présent et l’avenir. Je sais que cette inquiétude pèse de tout son poids sur le niveau et la qualité de vie des Libanais, mais soyez sûrs que grâce à notre volonté, nous pourrons venir à bout de la crise. Pour que la situation dans le pays puisse redevenir normale, il faut redynamiser les institutions, consolider le régime démocratique et respecter à nouveau l’État et le droit. Par le passé, en dépit de toutes les crises et les difficultés, un président a toujours été élu. Nous ne permettrons à personne de détruire notre système démocratique ou de le transformer en un autre système. »

MICHELE SISON, CHARGE D’AFFAIRE US A BEYROUTH
« La politique actuelle des États-Unis à l’égard du Liban ne sera pas modifiée en cas d’élection d’un président démocrate. Les États-Unis n’utiliseront pas le tribunal international chargé de juger les assassins de Rafic Hariri pour négocier quoi que ce soit en échange. Washington endosse pleinement les efforts arabes de règlement de la crise libanaise et la priorité que cette initiative accorde à l’élection d’un président.
La décision de répondre à l’appel ai dialogue de M. Nabih Berry appartient aux Libanais. Le modèle libanais, avec ses équilibres confessionnels compliqués, ne donne pas pour autant, à la minorité, le droit de dicter ses conditions à la majorité. Le règlement de la crise libanaise est facile si des pays comme la Syrie cessent de s’ingérer dans les affaires du Liban. »

NASRALLAH SFEIR, PATRIARCHE MARONITE
« Le pays va vers l’effondrement ; il s’effrite, il est sans président, le gouvernement est amputé et le Parlement ne se réunit pas. Ceci devrait nous pousser à faire l’impossible pour le sauver des dangers qui le menacent. »

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions allemande, arabe, anglaise, espagnole et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise, espagnole et arabe.