Dans un article retentissant, diffusé par de nombreux médias électroniques (WorldNetDaily, AntiWar etc.), Patrick J. Buchanan reprend les informations que nous avons été les premiers à révéler sur la manipulation de la révolution ukrainienne par la NED/CIA et qui ont été abondamment étayées depuis par le quotidien britannique, The Guardian. L’ancien candidat conservateur à la présidence des États-Unis, dénonce le retour aux ingérences des années 50 et demande la création d’une commission d’enquête du Congrès sur les agissements de la NED.
Montant au créneau pour éteindre cet incendie, Nadia Diuk, directrice de programme de la NED, affirme dans le Christian Science Monitor que son organisation s’est contentée de favoriser l’expression d’un désir de liberté.
Dans un entretien qu’elle a accordé au Monde, Salomé Zourabichvili, actuelle ministre des Affaires étrangères de Géorgie et ex-représentante de la France à l’OTAN, se félicite de la révolution orange en Ukraine qui permet à la Géorgie de ne plus être la seule démocratie de la région. La Russie va devoir se faire à l’idée de la démocratisation du bassin de la mer Noire.
Mais ce beau discours est démenti par Tinatin Kidasheli dans l’International Herald Tribune. La présidente de l’association des avocats géorgiens, qui participa activement à la révolution de la Rose, étale sa déception. Ceux qui, comme elle, espéraient beaucoup en chassant le président Chevardnadze, n’ont rien gagné avec le régime de Saakashivili. En fait de démocratisation, le nouveau président a modifié la constitution pour museler le Parlement, puis il a imposé la censure et fait fermer trois stations de télévision. La Rose a fané, conclut-elle, et les Ukrainiens devraient se montrer prudents et exigeants face aux évolutions qu’on leur prépare.

Le député atlantiste turc Kemal Dervis relève dans Le Figaro que les questions posées par l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne et par le Traité constitutionel sont en réalité des questions essentielles posées dans des circonstances particulières. De toute manière l’Union devra y répondre et la poursuite de cette aventure est déjà garantie par le soutien que lui apporte la majorité des jeunes Européens.
On retrouve là le discours manichéen des architectes atlantistes de l’Union depuis le Plan Marshall : " l’aventure européenne " est présentée comme un développement linéraire et inéluctable conduisant à un avenir radieux. Aucun choix politique n’est possible pour orienter ce développement, hormis le retour aux nationalismes étriqués qui produisirent deux guerres mondiales. Bref, il faudrait se couler dans le sens unique de l’Histoire ou revenir aux heures sombres de l’Europe.

Avinoam Bar-Josef, directeur du Jewish People Policy Planning Institute, prend la défense de Marwan Barghouti dans Ha’aretz. Tout en condamnant fermement ses actions violentes, il lui reconnaît légitimité, autorité et intégrité. Dès lors, il considère qu’il est en capacité de devenir le Mandela palestinien et doit donc être pris en considération. Cette tribune honore son auteur, qui fait preuve là d’une hauteur de vue digne d’un De Klerk.

Enfin, Michaël Chetrit, chargé de mission au B’nai B’rith, propose dans Le Figaro de créer une autorité indépendante européenne de l’audiovisuel. Celle-ci aurait compétence pour tous les modes de diffusion audiovisuel, y compris l’internet, et disposerait de pouvoirs judiciaires. On pourrait ainsi censurer Al Manar et ses consœurs arabes au nom de la lutte contre l’antisémitisme.
Cette proposition, énoncée au nom de bons sentiments consensuels, se fonde sur un jugement inéquitable (aucun tribunal européen n’a à ce jour condamné Al Manar, ni ses consœurs, pour quelque forme que ce soit d’incitation à la haine ou à la discrimination), et débouche sur une remise en cause de la liberté d’expression, préalable à tout fonctionnement démocratique. Force est de constater que ceux qui accusent l’ensemble de la chaîne Al Manar d’antisémitisme (et pas seulement un épisode d’une série diffusée par la chaîne) la diffament ; et que cette campagne a pour véritable objectif, non pas de lutter contre l’antisémitisme, mais de censurer les opinions antisionistes. De fil en aiguille, les promoteurs de cette campagne, y compris le B’nai B’rith, en arrivent à proposer de saper les fondements de la démocratie en créant une juridiction politique européenne indépendante de toute légitimité populaire.