Alors que les États-Unis et leurs alliés dénoncent les conditions du vote en Ukraine pour favoriser leur candidat, le pasteur démocrate Jesse Jackson affirme dans le Guardian que le processus électoral aux États-Unis lors de la dernière présidentielle ne vaut pas mieux que celui qui est mis en cause en Ukraine. Prenant pour exemple l’Ohio, il pointe un grand nombre d’irrégularités et d’anomalies dans le déroulement de l’élection. Le responsable de tout cela, selon Jesse Jackson, est Ken Blackwell, le secrétaire d’État de l’Ohio chargé du contrôle de l’élection, par ailleurs co-directeur de la campagne de George W. Bush dans cet État. L’auteur rappelle que le seul moyen de s’assurer que le résultat des consultations électorales ne soit plus faussé est d’obliger les machines à voter à garder une trace du vote et d’inscrire la souveraineté populaire dans la Constitution… bref, de devenir une démocratie.
Notons que pour s’exprimer ainsi, Jesse Jackson a dû écrire dans un journal britannique et non dans un journal de son pays où il est très difficile de trouver un point de vue critiquant la validité des élections.

La presse états-unienne se consacre largement pour l’instant aux attaques contre l’ONU au travers de son secrétaire général Kofi Annan, en utilisant l’intox des détournement de fonds du programme pétrole contre nourriture. Nous avons déjà rendu compte dans nos colonnes de la campagne de publicité de l’association Move America Forward contre cette organisation. En fait, il ne s’agit là que d’une amplification d’un lent travail de sape organisé contre la réputation des nations Unies par différents think tank dont la Fondation Heritage et qui a pris une nouvelle ampleur après la réélection de George W. Bush et les déclarations de Kofi Annan sur le caractère illégal de l’agression de l’Irak.
Max Boot résume l’argumentaire anti-onusien dans le Los Angeles Times : l’ONU est une organisation qui couvre le harcèlement sexuel en son sein, les abus sexuels dans les camps de réfugiés et la corruption de ses dirigeants, dont Kofi Annan et son fils. L’auteur ajoute que cette organisation ne sera jamais efficace car certains pays membres, comme la France, la Russie et la Chine, bloquent toute réforme.
Prenant le contre-pied de cette campagne médiatique contre l’ONU, l’International Herald Tribune publie deux textes défendant Kofi Annan.
William Shawcross, membre de l’International Crisis Group, estime qu’il serait contre-productif de s’en prendre au secrétaire général des Nations Unies au moment où Washington a besoin de l’ONU en Irak. En outre, si Washington parvient à faire démissionner le diplomate ghanéen, il est possible que son successeur soit encore davantage hostile aux desseins de Washington. Il reprend donc les éléments de l’intox du programme « pétrole contre nourriture » pour attaquer cette fois la France et la Fédération de Russie. L’ancien assistant de Kofi Annan, John G. Ruggie note pour sa part les incohérences du dossier d’accusation : le programme « pétrole contre nourriture » était sous la surveillance directe du Conseil de sécurité de l’ONU, comment expliquer dans ces conditions que les États-Unis et le Royaume-Uni « découvrent » aujourd’hui les malversations ? Pourquoi n’est-il jamais question des entreprises états-uniennes qui auraient pu profiter de ce système ? Pourquoi le Congrès US ne pose-t-il aucune question sur ce point à son propre gouvernement et préfère exiger la démission de Kofi Annan ?

Cette polémique intervient alors que la commission nommée par le secrétaire général des Nations Unies vient de rendre son rapport sur la réforme de l’ONU. Le ministre italien des Affaires étrangères, le néo-fasciste Gianfranco Fini, présente, toujours dans l’International Herald Tribune, la position de son gouvernement sur les propositions de réforme du Conseil de sécurité. Il rejette la proposition instituant plus de membres permanents du Conseil de sécurité pour vanter celle qui augmente le nombre de sièges (offrant plus de chances de siéger à l’Italie).

Karim Sadjadpour de l’International Crisis Group analyse l’évolution des relations entre l’Iran et les États-Unis dans un texte publié par Clarin et dans de nombreux quotidiens asiatiques par les bons soins de Project Syndicate. Il regrette la tension actuelle et plaide pour un apaisement qui bénéficiera aux réformateurs dans ce pays. S’il se sent agressé, l’Iran ne s’ouvrira pas aux États-Unis alors que les deux pays ont des intérêts objectifs communs dans la région. Cette idée d’intérêt commun renvoie à la stratégie d’Henry Kissinger qui avait fait de l’Iran du Shah le relais des politiques de Washington dans la région.

Le ministre britannique de la Défense, Geoff Hoon défend dans le Daily Telegraph son projet de réforme de l’infanterie mis en cause par le quotidien. On retrouve sous la plume du travailliste les mêmes arguments que dans les textes des responsables du Pentagone ou de leurs supplétifs australiens. Dans ces textes, c’est le bien-être et la sécurité des soldats qui est mis en avant avec les « menaces du XXIème siècle » pour justifier la construction d’armées plus en phase avec leurs nouveaux objectifs : l’interventionnisme tout azimut aux côtés de Washington.