Le 8 novembre, une commission d’enquête indépendante de l’ONU est arrivée au Darfour pour déterminer si les massacres de près de 100 000 personnes en six mois constituent un génocide. Pendant cette enquête de trois mois, les exactions sur la population continuent. Malgré ses menaces, l’Union européenne n’a rien fait pour empêcher Khartoum de continuer sa politique.
D’après l’OMS, 70 000 réfugiés sont morts depuis mars et 10 000 personnes vont continuer à mourir chaque mois. Les viols de masse se poursuivent et près d’un million de personnes ont fuit leurs habitations. Pourtant, dix ans après le génocide rwandais, la communauté internationale a choisi à nouveau de regarder et d’attendre. L’ONU, sans surprise, a été incapable de prendre des mesures efficaces et l’Union africaine, plus active que l’ONU, n’a ni les moyens en hommes, ni le mandat nécessaire pour être efficace. Les États-Unis, premier pays à avoir dénoncé le génocide, sont également restés inactifs en raison du manque de troupes disponibles et de leur mauvaise réputation dans le monde musulmane après deux invasions.
Reste l’Union européenne. Elle n’a pas les problèmes des États-Unis pour déployer des troupes, mais elle ne fait rien parce que :
 L’ONU n’a pas donné son aval et l’Union européenne ne veut pas agir « unilatéralement ». Cette idée occulte le fait que si l’Union européenne soutenait une action, l’ONU l’accepterait.
 Le système européen est ainsi fait que les États membres peuvent s’exprimer, mais ils restent totalement inactifs. Ce système rend l’inaction automatique, même face au génocide.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« Darfur : Where Is Europe ? », par Christian W.D. Bock et Leland R. Miller, Washington Post, 9 décembre 2004.