A Genève, les experts de plus de 150 États-membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ont négocié la suppression des taxes douanières et des subventions à l’exportation pour les produits agricoles. En contrepartie, les pays moins développés et les nouveaux pays industrialisés (l’Inde, la Chine etc.) devaient ouvrir leurs frontières pour les produits industriels en provenance des pays industrialisés occidentaux.

Au terme d’une lutte ardue, il faut déclarer le soi-disant cycle de Doha en état d’échec. Après coup, la chasse aux boucs émissaires commence pour mettre au pilori les États responsables de l’échec des négociations. Un processus caractéristique de la culture de négociation de l’OMC (et peut-être de la plupart des organisations internationales). Les grandes puissances (G 8) déterminent l’objet de négotiations et prédéterminent le résultat des négociations derrière le dos de tous les États-membres en amont des négociations. En cas de résistance, un compromis est proposé qui de nouveau est tracé par les grandes puissances. Ceux qui ne marchent pas droit avec eux trahissent l’idée globale.

La résistance contre la chimère de la mondialisation est légitime

L’Inde, la Chine, mais aussi la France ont donné à juste titre la préférence à leurs intérêts nationaux en reléguant l’idée du libre-échange mondial des produits agricoles au second plan. Une idée grâce à laquelle une petite minorité peut s’enrichir davantage en dépit des milliards de personnes qui seront poussées dans une lutte existentielle de survie.

Pour l’avenir d’une coexistence pacifique il est essentiel d’avoir des négociateurs ­con­scients de leurs responsabilités, qui ont le courage de défendre les intérêts nationaux et qui se déclarent prêts à se battre pour l’existence de 650 millions de petits agriculteurs (Inde), la protection de l’industrie locale et les emplois qui en dépendent (Chine). L’attitude de la France est une preuve de clairvoyance car, – bien que membre de l’Union européenne – elle ne veut pas sacrifier l’existence de ses agriculteurs au marché mondial et à la politique de l’Union européenne préconisant les grands marchés.

Les maîtres à penser stratégiques de l’OMC doivent apprendre que chaque pays a le droit mais aussi la responsabilité de s’engager en faveur de l’intérêt général de son propre peuple. Il s’agit, entre autres de la sécurité alimentaire (souveraineté alimentaire), la sauvegarde d’emplois et la protection de la paix sociale. La menace de la nature, la raréfaction des ressources naturelles demandent de nouvelles pistes de réflexion. Des pistes de réflexions qui s’orientent en premier lieu vers des circuits économiques régionaux et de petits espaces vitaux. L’échec du cycle de Doha devrait donc être considéré comme une chance pour un nouvel ordre économique en faveur du bien-être de tous les êtres humains.