L’éventualité de l’imposition de la loi martiale aux États-Unis est désormais publiquement évoquée par de nombreux responsables politiques, aussi bien états-uniens que britanniques. Selon les intervenants, cette décision pourrait être justifiée soit par la crise économique, soit par un nouvel attentat majeur comparable à celui du 11 septembre 2001.

Dans le premier registre, le représentant Brad Sherman (D-Californie) a déclaré en séance le 2 octobre « Beaucoup d’entre nous [les parlementaires] ont entendu dire lors de conversations privées que si nous ne votions pas cette loi [de sauvetage de l’économie] lundi, le ciel nous tomberait sur la tête, le Dow Jones perdrait 2 ou 3 000 points le premier jour, autant le second, et quelques membres [de la Chambre des représentants] se sont même entendu dire que la loi martiale serait proclamée en Amérique si nous votions non »
Ces propos ont été confirmés par le sénateur James Inhofe (R-Oklahoma) le 22 novembre à l’antenne de KFAQ. Le parlementaire a indiqué que la menace de décréter la loi martiale avait été formulée par le secrétaire au Trésor Henry Paulson, lors d’une conférence téléphonique avec des membres du Congrès, le 19 septembre.

Dans le second registre, le président George W. Bush en personne a évoqué plusieurs fois de graves menaces qui pèseraient sur les États-Unis durant la période de transition présidentielle (4 novembre 2008 au 20 janvier 2009).
Tandis que le vice-président élu Joe Biden a martelé en différentes occasions que le sang froid du président Obama ne tarderait pas à être mis à l’épreuve par un méga-attentat.
Le général Michael Hayden, directeur de la CIA, a évoqué la reconstitution d’Al Qaeda sans les zones tribales du Pakistan et sa volonté de frapper « à nouveau » les États-Unis, lors d’une intervention au Global Intelligence Forum de l’Atlantic Council, le 13 novembre.
Le ministre britannique de la Sécurité intérieure, Lord West of Spithead, a assuré quant à lui qu’« à nouveau, il y a un grand complot qui se prépare, et nous suivons cela de près ».

À noter : il y a un an et demi, Zbignew Brzezinski (conseiller de Barack Obama pour la sécurité nationale) avait laissé entendre que le complexe militaro-industriel pourrait organiser un méga-attentat sur le sol US pour justifier d’une guerre contre l’Iran. Ce scénario catastrophe ne s’est pas produit, probablement en raison des divisions à Washington qu’illustraient les propos de M. Brzezinski. Il en est autrement aujourd’hui. La classe possédante —qui ne veut pas d’une coûteuse guerre contre l’Iran— est prête à accepter le pire pour sauver ses privilèges menacés par la crise financière.