[…] Monsieur le Président,

Laurent Nkunda qui entre temps a été déchu de son grade de général entretient au Nord-Kivu une rébellion qui est soutenue clairement de l’extérieur. Alors que la RDC ne fabrique pas d’armes, où Laurent Nkunda avait-il trouvé des armes pour commencer sa rébellion alors que les armes de l’ancien mouvement rebelle RCD avaient été reversées dans l’Armée nationale ? Aujourd’hui Laurent Nkunda a des chars de combat et avec ses 5 ou 6 000 hommes, il met en échec la MONUC (Mission des Nations Unies au Congo) qui dispose de 17 000 casques bleus.

La réponse est claire comme l’eau de roche : Laurent Nkunda a bénéficié au début et continue à bénéficier de l’appui financier et logistique (armes et matériel) de certains pays voisins ou lointains. Le but est double : primo, tenter de déstabiliser le Nord et le Sud-Kivu pour accréditer l’idée que la RDC est trop grande et que par conséquent il faut procéder à sa partition progressive, en commençant par donner l’autonomie à l’une ou l’autre région du Nord-Kivu. Secundo, grâce à cette déstabilisation, permettre aux compagnies multinationales des pays qui soutiennent cette rébellion à accéder aux moindres frais aux immenses richesses de cette partie de mon pays comme le diamant, l’or, le nobium, la cassitérite et le colombo tantalite ou coltan qui sert à la fabrication des téléphones portables, des ordinateurs et des certaines armes stratégiques.

Monsieur le Président,

Cette session cherche à donner lieu à des résolutions qui vont condamner de façon équilibrée la rébellion et le Gouvernement pour les violations des droits de l’homme, du droit international humanitaire. Elle va déplorer les viols des femmes, l’utilisation des enfants soldats, etc. Tout cela c’est bien beau. Après pourtant, Nkunda et sa soit disant rébellion vont continuer à endeuiller les paisibles populations du Kivu. Est-ce pour cela que cette session à été convoquée en catastrophe, alors que nous savons qu’elle n’aura pas de résultat immédiat ?

Ma délégation pense que s’agissant des déclarations relatives aux droits de l’homme, Madame la Haut Commissaire aux droits de l’homme en avait déjà fait.

Aujourd’hui, les populations du Kivu ont d’abord besoin de la paix par la fin de la rébellion. Il ne s’agit pas de demander de façon équilibrée à Nkunda aussi bien qu’au Gouvernement de Kinshasa de ne pas violer les droits de l’homme. Il s’agit de dire aux pays qui soutiennent militairement le rebelle Nkunda de cesser. Il s’agit d’empêcher les multinationales qui achètent des minerais en provenance des zones rebelles de continuer leur commerce morbide. Il s’agit de cesser de présenter à la face du monde l’impression que la RDC est un pays trop grand et donc ingouvernable, destiné à la partition.

Pour l’instant, des mécanismes nationaux, régionaux et internationaux appropriés s’attachent à trouver une solution politique, en vue de sauvegarder la paix et l’intégrité du territoire de la RDC. Nous avons bon espoir. Laissons ces mécanismes suivre leur cours.

Monsieur le Président,

Pour terminer, ma délégation suggère que des pays qui ont convoqué en catastrophe cette session spéciale donnent priorité à résoudre la cause des violations des droits de l’homme plutôt que de s’attacher aux conséquences. Ainsi, ceux parmi eux qui ont une influence militaire ou commerciale sur la rébellion de Laurent Nkunda sont instamment priés de le convaincre de respecter la démocratie en RDC et de rejoindre le cadre de négociation que constitue le Programme AMANI ou l’Accord de Goma. Une fois la paix retrouvée, les droits de l’homme seront saufs et le Conseil n’aura pas à convoquer ces sessions spéciales qui coûtent énormément et auxquelles certaines délégations africaines ne participent au niveau approprié, faute de visas.

Je vous remercie.