Mesdames et Messieurs,

Je remercie vivement le président de l’Institut Brookings pour ses chaleureuses paroles. Merci beaucoup. Je suis particulièrement heureux de m’adresser à vous, en ce moment particulier de l’histoire des Etats-Unis.

Les Français sont toujours très impressionnés de l’influence des groupes de réflexion américains. Les théories du complot seront très difficiles à dissiper à présent que le programme d’études de politique étrangère de l’Institut Brookings est parvenu à faire élire le sénateur Obama président des Etats-Unis ! Plus sérieusement, le rôle considérable joué par un si grand nombre d’érudits de l’Institut Brookings auprès de l’équipe de Barack Obama est un hommage à la qualité de Brookings... et, bien entendu, à la finesse de jugement du président élu.

La dernière Présidence française de l’Union européenne s’est déroulée pendant le deuxième semestre 2000. Comme celle-ci, elle a vu l’élection d’un nouveau président des Etats-Unis, mais c’est là le seul point commun. Huit années ont fait toute la différence. Il s’agissait alors d’un monde d’avant le 11 septembre, l’Irak, l’Afghanistan, la crise alimentaire, la crise financière et Guantanamo. Il y a probablement une conférence chaque mois dans cet auditorium annonçant une nouvelle ère, après tel ou tel événement, mais cette fois-ci, Chers Amis, c’est la réalité.

Pourquoi cette expression dans le titre de mon discours ? Parce que nous nous trouvons aujourd’hui à un moment charnière. En effet, le président élu la semaine dernière est le premier, peut-être le dernier, qui aura la possibilité de façonner le programme mondial, avec le reste du monde, et en particulier l’Europe, dans un esprit de responsabilité partagée.

Pourquoi le premier ? Depuis la proposition d’alliance reposant sur deux piliers faite en 1962 par John Kennedy, les conditions n’ont jamais été réunies.

Pendant la Guerre froide, l’Europe, divisée, était davantage une récompense que se disputaient les deux superpuissances plutôt qu’un acteur. Après la chute du Mur, pendant les années 1990, les Etats-Unis n’ont pas nécessairement compris l’intérêt de partager ce moment unipolaire, et l’Europe politique naissante n’a pas su démontrer la nécessité d’agir d’une seule voix. Souvenez-vous des Balkans Jim Baker considérait que les Etats-Unis n’avaient aucun intérêt dans ce conflit, et il avait tort. Jacques Poos estimait quant à lui que l’heure de l’Europe était arrivée, et il avait tort. C’est ainsi que les guerres dans les Balkans ont consumé toutes nos énergies. Au final, nous avons travaillé ensemble, avec succès, mais nous n’avons pu nous concentrer sur le programme mondial.

Puis le 11 septembre est arrivé. D’aucuns, y compris moi-même, pensaient que de cette tragédie et de la vague de solidarité qu’elle a suscitée naîtrait une nouvelle relation, une nouvelle manière d’aborder les défis qui nous attendent. En Europe, nous étions tous américains, comme je l’ai écrit alors dans le quotidien français Le Monde. Mais cette illusion s’est rapidement diluée, et vous connaissez la suite. L’Irak a créé un fossé entre nous et entre les Européens.

Pourquoi le dernier ? Parce je ne pense pas que dans quatre ou huit ans nous serons, vous et nous, en mesure de façonner seuls le programme international. Loin de moi l’idée de me lamenter sur le déclin de l’Occident : je ne fais qu’énoncer un fait simple mais essentiel ; l’équilibre du pouvoir se déplace rapidement de l’Ouest vers l’Est, du Nord vers le Sud, du national vers le local et le mondial. La mondialisation signifie que nous ne sommes plus seuls. Les autres comptent, d’Astana à Beyrouth, de Ouagadougou à Pristina.

Aujourd’hui, la question est de faire de la place aux nouveaux venus dans les institutions existantes, par l’abandon du G8 au profit d’un G14, par la réforme du Conseil de sécurité. Mais demain, nous pourrions nous retrouver du côté de ceux qui revendiquent et la question pourrait bien être celle de la défense de ces institutions, et plus seulement de leur adaptation.

Nous devons agir, agir dès à présent et ensemble. Nous devons faire preuve d’audace et d’imagination. Et cela signifie que nous devons saisir l’occasion unique qui se présente à nous, dans un esprit de partage du fardeau, mais également des risques, de l’action et de la responsabilité, je dirais même de la co-responsabilité.

Nous serons ainsi en mesure de nous appuyer sur des fondations très solides. Le partenariat transatlantique est fermement ancré dans notre histoire commune. Il contribue à défendre notre sécurité commune, à soutenir nos valeurs communes et à maintenir nos intérêts communs.

Nous devons apporter à ce partenariat, en tant qu’Européens, un nouveau sens de l’initiative et de l’unité. Jugez par vous-même, au cours des douze derniers mois :

 Nous avons envoyé une force militaire pour contribuer à la sécurité des réfugiés et des personnes déplacées du côté tchadien de la frontière avec le Soudan, et répondre ainsi à la dimension régionale de la tragédie du Darfour. Malheureusement, du côté soudanais, la force dite "hybride" regroupant les Nations unies et l’Union africaine, qui était censé être présente ensemble sur le terrain, n’a pas été en mesure de faire cesser les massacres. En fait, la force n’a pas été déployée du tout. Pourtant, il s’agissait pour nous de la plus importante mission externe de l’Union européenne.

 Dans la crise géorgienne, nous avons pris l’initiative alors que la réponse des Etats-Unis tardait. Même si tout n’a pas été parfait, loin de là, nous avons obtenu un cessez-le-feu, contrôlé aujourd’hui par une force européenne qui veille au respect des engagements, et des pourparlers de paix ont débuté à Genève. Je sais que cette action n’a pas été menée de manière parfaite, mais elle a eu lieu, et nous étions seuls - les vingt-sept pays de l’Union européenne.

 A nouveau, au cours de la crise financière, l’Europe a parlé d’une seule voix et a proposé des solutions qui inspireront le lancement, pour commencer, mais uniquement pour commencer, de la réunion du G20 du 15 novembre.

 Ce lundi, l’Union européenne a lancé sa première opération navale autonome de lutte contre la piraterie dans le golfe d’Aden, opération qui sera certainement élargie par la suite. Dans le même temps, nous assumons également la responsabilité de la Bosnie - ou la situation s’améliore, et c’est une bonne surprise - et du Kosovo - où la situation empire, et c’est une mauvaise surprise. En temps de crise, face aux questions les plus difficiles, l’Europe s’est unie pour offrir le meilleur d’elle-même au monde. Aujourd’hui, notre ambition pour l’avenir est de renforcer les liens du partenariat transatlantique et de les renforcer, non pas contre le reste du monde mais avec lui. Cette Europe plus forte est un atout pour les Etats-Unis. Et un nouveau président des Etats-Unis constitue également un atout pour l’Europe, en particulier un nouveau président qui symbolise à ce point le changement, déterminé à ramener les Etats-Unis sur la scène internationale ou à engager les Etats-Unis autrement.

Un président qui incarne l’espoir pour de nombreuses personnes parce qu’il représente plus de justice pour les pauvres, une justice sociale dans nos propres pays et la justice pour le tiers monde, une vague d’espoir dans toute l’Europe, bien sûr, mais également de l’Afrique à l’Asie sans oublier l’Amérique latine. Cette puissante vague d’espoir - j’en veux pour preuve la réaction dans les rues de toutes les villes du monde - est un vote mondial en faveur de Barack Obama et de ce qu’il représente. Mais c’est également un message clair qui nous indique que nous avons laissé passer trop d’occasions. Nous ne pouvons pas nous offrir le luxe de manquer celle-ci.

Mesdames et Messieurs, il y a un peu plus d’une semaine, j’ai accueilli mes vingt-six collègues à Marseille. Ensemble, nous sommes convenus, sur la base d’une proposition française, d’une boîte à outils représentant ce que l’Union européenne pouvait offrir à la prochaine Administration américaine, ce qu’elle en attend et, plus important, ce qu’elle espère pouvoir réaliser avec elle. Mais laissez-moi partager avec vous le fond de ma pensée.

Ensemble, nous avons identifié quatre principaux ensembles de défis. Ce ne sont pas les seuls qui existent ni les seuls auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui, mais ils font partie de ceux qui façonneront le monde de demain.

1. Premier défi, il faut réinventer un multilatéralisme efficace. Comme je l’ai déjà dit, nous devons commencer par la réforme du système de Bretton Woods et l’établissement d’un système efficace et juste de gouvernance économique mondiale. Je sais qu’il s’agit d’un espoir immense.

La nécessité évidente d’améliorer la coopération dans le domaine économique et financier - le FMI, en particulier - doit agir tel un catalyseur pour les autres réformes nécessaires : au sein des Nations unies, au sein du G8, nous devons accorder aux nouveaux venus la place qu’ils méritent. Mais comme je l’ai dit, ce n’est pas juste une question de forme, mais également de règles et d’état d’esprit.

Les institutions que nous avons créées au milieu du siècle dernier ne sont simplement pas adaptées à la complexité du nouveau siècle. Et les puissances émergentes ne font pas partie de ces institutions ou, lorsque tel est le cas, se montrent de moins en moins enclines à restreindre leur souveraineté.

Par conséquent, nous devons trouver de nouveaux moyens pour réunir les différentes nations, notamment les pays en développement. Nous devons maîtriser l’énergie des nouveaux venus et les convaincre, par le dialogue, qu’il est dans leur intérêt d’accepter l’accord de base sous-jacent au multilatéralisme, à la fois en tant qu’outil que comme système. L’accord que des pays comme les Etats-Unis ont accepté en 1945 consistait à remplacer la puissance individuelle par l’efficacité collective, au moyen d’une légitimité renforcée.

Ce ne sera pas facile mais les enjeux sont trop importants pour ne pas consacrer toute notre énergie à la réforme du système international. De son échec ou de sa réussite dépendra largement notre capacité à relever ou non les défis plus importants auxquels nous sommes confrontés. En effet, il ne peut y avoir d’action collective efficace et légitime sans institutions efficaces et légitimes.

Et cela est vrai que nous parlions de la faim ou de la santé dans le monde, des changements climatiques, de la non-prolifération, des Droits de l’Homme, de la politique énergétique, de la gestion de la crise ou de la responsabilité de protéger précédemment évoquée. Il existe une réelle régression de cette responsabilité de protéger. Ce dernier sujet est difficile à résumer mais il est essentiel. En établir les contours prendra du temps aux experts internationaux et plusieurs réunions du G20 ou d’autres instances. C’est là une mission pour la nouvelle Administration, ainsi que pour l’Europe et l’Asie. Nous avons été très impressionnés par la volonté de nos collègues asiatiques lors du Sommet Europe-Asie qui s’est tenu à Pékin.

Je ne suis pas naïf. Le multilatéralisme n’est pas la panacée. Ce n’est pas parce qu’une action est légale et légitime qu’elle sera couronnée de succès. Prenons la mission des Nations unies au Congo ; je me suis rendu dans un camp de réfugiés à Goma, il y a dix jours, avec mon collègue britannique, David Miliband. J’ai très souvent côtoyé la mort, mais jamais je n’ai pu m’habituer à son odeur insoutenable. Nous avons vu le visage bien trop familier de la peur et du désespoir. Nous avons vu des familles entières détrempées par la pluie, mais sans eau à boire. Et la situation n’a fait que s’aggraver depuis. Evoquer la responsabilité de protéger, c’est bien, mais après ? Nous, l’Union européenne, devons travailler main dans la main avec Washington, l’Union africaine et l’ONU pour arrêter les massacres. En sommes-nous capables ? Personnellement, j’ai des doutes.

Nous ne pouvons plus nous retrancher derrière les certitudes de nos modes de vie. Il est impératif que nous fassions tomber ces barrières dans nos esprits, ces barrières entre aujourd’hui et demain, entre nous et eux, entre ici et là-bas.

Des institutions plus efficaces doivent nous permettre de définir la ligne à suivre et non pas simplement d’y réagir. Toutefois, cela ne veut pas dire que nous ne devons pas traiter les problèmes urgents actuels. J’en vois trois en particulier : les relations avec la Russie, le Proche et le Moyen-Orient, l’Afghanistan et le Pakistan.

2. La Russie nous lance un défi. Elle peut être perçue aujourd’hui comme une partie du problème, mais nous devons garder à l’esprit qu’il n’existe aucune solution à la plupart des crises actuelles, sans ni même contre la Russie.

Au cours de l’année passée, la Russie a oscillé entre coopération et provocation. Elle a proposé de négocier un traité visant à refondre l’architecture de la sécurité du continent, tout en violant des frontières internationalement reconnues pour la première fois depuis la guerre froide. Elle a demandé un partenariat renforcé avec l’Union européenne et apporté sa contribution à la mission militaire de l’Union au Tchad, tout en menaçant de pointer ses missiles nucléaires sur les capitales européennes et, aujourd’hui, de les installer à Kaliningrad. Elle a voté la totalité des cinq résolutions du Conseil de sécurité contre Téhéran, tout en vendant des armes sophistiquées à l’Iran… Et je pourrais continuer encore ainsi. D’aucuns imputeraient un tel comportement simplement au cynisme ou à l’hypocrisie. Or même si tel était le cas, et rien n’est simple en Russie, le problème est tout autre.

La question-clé, pour l’Union européenne et les Etats-Unis - mais, nous, Européens, sommes voisins des Russes -, est de savoir comment créer les conditions d’un véritable partenariat avec Moscou. A court terme, il s’agit d’amener la Russie à comprendre que le jeu de la politique de force aura un effet boomerang. A moyen et long terme, une telle politique exige de nous un plus grand investissement :

 Au moyen et dans le cadre de l’économie, nous devons encourager la Russie à adhérer à des règles prévisibles et stables. L’objectif est l’adhésion de la Russie à l’OMC, à l’OCDE et à l’AIE, et l’instauration d’un espace unique de coopération économique entre l’Union européenne et la Russie.

 Dans le domaine de la sécurité en Europe, compte tenu des incertitudes actuelles concernant le traité FCE, Européens et Américains ont le devoir d’amener la Russie à respecter ses engagements à l’égard du traité. Mais il est également de leur intérêt d’examiner attentivement les propositions de M. Medvedev sur la sécurité et d’y répondre.

Lorsque la Russie montre ses muscles et prend des accents de Guerre froide pour s’adresser à nous, la chose la plus intelligente à faire est de trouver une nouvelle forme de dialogue : en réaffirmant les thèmes sur lesquels nous n’acceptons aucun compromis, notamment en ce qui concerne les Droits de l’Homme, l’Etat de droit ou l’intégrité territoriale des Etats souverains, et en essayant de démontrer à la Russie, à chaque étape, l’avantage qu’elle aurait à renoncer à la confrontation stérile. Telle était notre approche lorsque nous avons décidé, lors de la réunion des vingt-sept ministres des Affaires étrangères que j’ai présidée lundi en prévision du sommet Union européenne-Russie de vendredi, que les négociations sur l’accord-cadre avec la Russie pouvaient se poursuivre. Sur les vingt-sept Etats, 26 ont donné leur accord.

Pendant la crise géorgienne, notre capacité à réagir rapidement et à rester unis, tant entre Européens qu’au sein de l’Alliance, s’est révélée un atout majeur. Nous devons faire tout notre possible pour continuer ainsi.

3. Le Proche-Orient est l’un des domaines où la Russie a continué de coopérer. Je reviens tout juste de Charm el-Cheikh où le Quartet s’est réuni. Le message que j’adresse à l’Administration actuelle est simple : continuez de mettre en œuvre le processus de paix avec la même détermination que si vous aviez quatre ans devant vous. Mon message à la prochaine Administration est tout aussi simple : abordez le problème dès le premier jour comme s’il ne vous restait plus que quelques semaines. Chaque jour gaspillé renforce les extrémistes, au détriment de ceux qui œuvrent pour la paix. Le message de l’Europe est simple : osez la paix !

Nous connaissons, au moins depuis Taba, les caractéristiques générales d’un règlement final. Désormais, nous devons unir nos forces pour mener à bien trois tâches urgentes :

 contribuer à créer un Etat palestinien viable, disposant d’institutions stables qui respectent l’Etat de droit ;

 encourager un gel réel de toute nouvelle implantation de colonies, conformément à la feuille de route. Les colonies sont l’un des plus grands obstacles sur la route de la paix ;

 laisser davantage de place à l’initiative de paix arabe, tout en encourageant la réconciliation inter-palestinienne.

Je sais que le processus de paix occupe une place centrale dans l’opinion publique arabe, mais ce n’est pas l’unique solution aux autres problèmes que connaît la région.

Nous devons saisir cette occasion pour répondre à l’évolution positive de la situation en Syrie et au Liban. Une attitude convergente des Européens et des Américains pourrait inciter la Syrie à prendre conscience qu’elle a davantage à gagner à rompre avec son passé, à se rapprocher de nous, qu’à poursuivre ses relations actuelles avec l’Iran, surtout en ce qui concerne le soutien au terrorisme.

Concernant l’Irak, nul besoin de convaincre, ici à Washington, qu’il est dans notre intérêt commun de faire le nécessaire pour obtenir un succès. J’ai eu à cet égard d’intéressantes discussions avec le général Petraeus lors de mon dernier déplacement à Bagdad. Je continuerai à défendre cette cause en Europe et en France. L’Irak commence à se stabiliser et à se reconstruire. Il doit pleinement assumer son rôle dans la région et affirmer son indépendance et sa souveraineté. A l’avenir, l’Irak peut incarner quelque chose d’unique dans un Moyen-Orient déchiré par les conflits : un pays démocratique où les chiites, les sunnites et les chrétiens, les Arabes et les Kurdes, peuvent coexister. Même si le chemin à parcourir est encore long et si les relations entre les communautés sont encore difficiles à l’heure actuelle. C’est un rêve, mais il doit être notre rêve commun.

Le nuage noir qui plane sur l’ensemble de la région et au-delà, c’est l’Iran. Il ne s’agit pas uniquement du soutien de l’Iran au terrorisme, de son programme de missiles qui progresse rapidement et des déclarations odieuses de son président à l’égard d’Israël. Les progrès de l’Iran vers l’arme nucléaire constituent la menace la plus grave pour le système international de non-prolifération et la sécurité de la région. Les Européens ne peuvent avoir le multilatéralisme efficace pour devise tout en acceptant l’enrichissement d’uranium par l’Iran, au mépris permanent de l’AIEA et du Conseil de sécurité des Nations unies.

C’est pourquoi nous avons pris l’initiative d’agir dans cette crise en 2003. Derrière le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France, les Européens ont adopté une position unie. Nous nous y sommes tenus, en dépit de nombreuses oppositions. Le gouvernement américain nous a reproché notre faiblesse, le fait de "parler avec l’ennemi". Nous sommes restés fermes et sommes parvenus à rallier le soutien des Etats-Unis en 2005, puis de la Russie et de la Chine en 2006, en suivant une approche basée à la fois sur le domaine politique et celui de la sécurité - sanctions et négociations. L’été dernier, les Etats-Unis ont participé aux pourparlers sur les propositions E3 + 3 avec l’Iran à Genève.

Aujourd’hui, des voix s’élèvent pour dire, y compris dans cette ville, que nous avons échoué et que nous devons nous préparer à la bombe iranienne ou à une intervention militaire. Je m’inscris totalement en faux contre ces affirmations.

Notre approche actuelle n’a pas encore porté ses fruits - oui, je le sais, l’Iran poursuit ses activités d’enrichissement - mais elle n’a certainement pas échoué. La situation économique désastreuse de l’Iran ira s’aggravant en raison de la baisse des cours du pétrole. L’effet des sanctions va continuer à croître et viendra l’heure où le président iranien sera face à une alternative claire : ouvrir des négociations, avec toutes les promesses qu’elles impliquent, y compris le soutien à un programme nucléaire civil auquel l’Iran aura droit lorsqu’il aura remplit ses obligations, ou être prêt à payer un prix bien trop élevé.

Jusqu’à ce qu’un dialogue constructif soit engagé avec Téhéran et tant qu’il refusera de suspendre ses activités nucléaires sensibles, nous devons intensifier la pression sur le gouvernement iranien. Mais cela n’est pas contradictoire avec notre ouverture au dialogue et nos tentatives obstinées pour engager ce dialogue. Je n’ai personnellement pas ménagé ma peine pour réaliser cet objectif. Malheureusement, l’Iran n’a pas encore répondu autrement que par des manœuvres dilatoires.

Aujourd’hui, les Etats-Unis ont une carte essentielle en main : la perspective d’un dialogue ouvrant sur la possibilité d’une normalisation. Selon le moment et la manière dont cette carte sera jouée, Washington peut soit contribuer à sortir de l’impasse actuelle, soit condamner le processus fondé à la fois sur le domaine politique et celui de la sécurité, en convainquant une fois pour toute le régime iranien que ce qu’il perçoit comme sa position de force lui permet de continuer à jouer la montre. Ni l’Europe ni la France n’ont jamais affirmé qu’il ne devait pas y avoir de dialogue, mais ce dialogue doit avoir un sens.

Le gouvernement à venir souhaitera adopter un nouveau point de vue sur toute cette question. C’est tout à fait normal, compte tenu de son importance. Je sais que les Européens sont souvent considérés comme des donneurs de leçons mais l’enjeu est trop important pour qu’on ne tienne pas compte de ce que nous avons à dire. Si nous voulons faire en sorte qu’un éventuel dialogue Etats-Unis/Iran nous rapproche de notre objectif commun au lieu de nous en éloigner, nous devons continuer à travailler ensemble. Les discussions que j’ai eues à Paris cet été avec M. Barack Obama, alors candidat, et M. Nicolas Sarkozy ont été très encourageantes.

4. Je souhaiterais aborder le dernier défi majeur qui se pose à nous : l’Afghanistan et le Pakistan.

Il est crucial que l’Europe demeure déterminée à poursuivre et intensifier ses efforts dans les domaines civil et militaire aussi longtemps que nécessaire pour réussir. Je le réaffirme ici aujourd’hui.

Je sais que plusieurs rapports sont en cours à Washington. Cependant, notre réussite dépendra plutôt d’une redéfinition de nos objectifs que d’une mise en œuvre complète des objectifs déjà fixés au sommet de l’OTAN de Bucarest en avril dernier et à la conférence de soutien à l’Afghanistan de Paris en juin dernier. En ces deux occasions, nous avons souligné que la solution ne pouvait pas être uniquement militaire. En anglais américain, vous dites "you can’t kill or capture your way out", c’est pourquoi j’ai parlé de "réussir" et non de "gagner". Nous ne sommes pas en guerre avec l’Afghanistan, nous sommes à ses côtés.

Notre objectif primordial demeure que les autorités afghanes légitimes exercent leurs pleines responsabilités, à commencer par le secteur de la sécurité. Tel est "l’état final" souhaité. J’ai bien dit "état final" et non "date de fin". Nous resterons présents aussi longtemps que nécessaire. Mais nous devons être guidés dans notre action par l’objectif d’une pleine "afghanisation", qui nous permettra de partir dès que les autorités afghanes seront entièrement aux commandes et en mesure de le rester.

Cela implique que nous consolidions notre présence militaire, que nous renforcions notre assistance à l’armée nationale afghane et que nous aidions les autorités centrales et locales en améliorant leur crédibilité dans le domaine de la gouvernance, par exemple par un appui dans le secteur de la police. La mission de police de l’Union européenne a pris un très mauvais départ. Sous la Présidence française de l’Union européenne, nous avons décidé de doubler ses effectifs, d’élargir son mandat et de changer son équipe dirigeante. Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser les choses suivre leur cours.

Pour atteindre tous ces objectifs et assurer leur cohérence, nous devons apporter un soutien indéfectible à M. Kai Eide, le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies.

Le président Karzaï a été très actif ces dernières semaines, à la fois au plan national et international. Nous soutenons les initiatives politiques qu’il a prises, à l’échelle internationale et locale, en faveur d’un Afghanistan réconcilié avec lui-même. Il est politiquement difficile et moralement délicat de séparer des Talibans afghans, dont le programme est essentiellement national, les djihadistes d’Al Quaïda pour lesquels l’Afghanistan n’est qu’un des multiples fronts de la guerre mondiale contre les " infidèles ".

Mais je crois que la solution résidera notamment dans la réconciliation avec ceux qui renoncent à la violence et acceptent la constitution afghane. Il appartiendra aux autorités afghanes de conduire ce processus difficile.

Les pays voisins ont eux aussi un rôle essentiel à jouer pour la sécurité et la stabilité de l’Afghanistan. Une approche véritablement globale se doit d’être régionale. C’est pourquoi j’ai proposé d’organiser à Paris, le mois prochain, une réunion sur la coopération régionale avec mon homologue afghan et M. Kai Eide.

Le pays qui compte le plus dans la région est bien sûr le Pakistan. Sa situation interne est préoccupante, notamment sur le plan économique ; nous devons lui apporter un appui dans ce domaine. Cependant, les perspectives sont encourageantes en ce qui concerne les relations avec l’Afghanistan, depuis l’élection du président Zardari et l’arrivée de nouveaux dirigeants dans les secteurs de l’armée et du renseignement. Le pays semble enfin prendre conscience qu’il ne peut y avoir de stabilité économique au Pakistan tant que l’Afghanistan sera en guerre, et qu’il restera en guerre tant que les insurgés afghans continueront à bénéficier d’un appui extérieur. Il faut maintenant mettre les paroles en actes.

Mesdames et Messieurs,

Certains commentateurs soulignent que le prochain président américain recevra en héritage deux guerres, la pire crise économique depuis un siècle et la menace persistante du terrorisme mondial. C’est vrai, mais cela n’est qu’une facette de la réalité.

Tout d’abord parce qu’il ne sera pas seul à assumer cet héritage : que les Européens le veuillent ou non, ils partageront avec vous les échecs comme les succès. C’est pourquoi nous devons unir nos forces, nos ressources, nos imaginations pour agir ensemble dans notre intérêt commun.

En deuxième lieu parce que dans cette épreuve, il recevra également en héritage une ressource unique : l’espoir, l’optimisme, la bonne volonté, depuis les quatre coins du monde et en particulier depuis l’Europe. Je sais qu’il saura faire du fardeau de ces espérances un véritable trésor.

La "boîte à outils" dont j’ai brièvement exposé le contenu, au nom de 500 millions de citoyens de vingt-sept pays européens, illustre cette main tendue.

Les Européens et les Américains ont atteint une nouvelle maturité dans leurs relations. N’en déplaise à Henry Kissinger, les Américains savent désormais quel numéro composer pour joindre l’Europe et, une fois en vigueur, le Traité de Lisbonne facilitera encore ce processus. Nous pouvons désormais définir l’ordre du jour ensemble, et non nous contenter de partager l’addition. Nous savons gérer les désaccords. Nous savons construire l’unité à partir de la diversité, en Europe, à travers l’Atlantique et en tendant la main au reste du monde. Nous pouvons affirmer que notre partenariat est choisi, et non imposé par les circonstances.

Q - (A propos des priorités de la nouvelle Administration américaine)

R - Ce n’est pas à moi d’en décider, mais je vais faire quelques suggestions. Je crois que pour le nouveau président, la crise nationale financière et économique sera certainement le premier sujet qui retiendra l’attention et qui appellera des décisions. Je n’attends pas des miracles de la réunion du G20 mais j’ai de l’espoir. J’attendrai ensuite de la nouvelle Administration qu’une feuille de route soit arrêtée, et que, pas à pas, critère après critère, les travaux des experts nous aident à définir de nouvelles formes de régulation.

Concernant le Proche-Orient, nous devons assurer le suivi du processus d’Annapolis, c’est très important. J’ai écouté Tzipi Livni et Abou Mazen, le président de l’Autorité palestinienne, à Charm el-Cheikh. Ils parlaient dans les mêmes termes. Ils se tournaient dans la même direction. Nous devons soutenir ce processus qui a donné aux gens un comportement différent. Croyez-moi, je connais les colonies, je connais les barrages routiers, je sais tout cela car nous devons assurer le suivi de la conférence de Paris avec Tony Blair et avec beaucoup d’autres personnes. Ils sont maintenant sur la bonne voie. Ils savent ce qu’ils ont à faire. Le premier geste de la nouvelle Administration, nous, Européens nous l’attendons et nous nous en félicitons, c’est la poursuite du Processus d’Annapolis car là est en partie la clef, une clef très importante de tous les problèmes du Proche-Orient. Le Hamas est là-bas, il a renoncé la semaine dernière à rencontrer l’Autorité palestinienne et le risque est grand de relancer le conflit.

Il est difficile d’établir une priorité, à cause des souffrances des habitants du Congo, à cause des souffrances des habitants du Zimbabwe, à cause d’un grand nombre d’autres problèmes. Cependant, assurer le suivi du Processus d’Annapolis, c’est certainement le geste le plus facile à obtenir tout en travaillant sur les problèmes nationaux.

Q - (A propos du Traité de Lisbonne)

R - Le seul pays supposé accepter ou rejeter le Traité de Lisbonne par référendum était l’Irlande, et nos amis irlandais l’ont rejeté. D’autres peuples n’ont pas confirmé leur accord, les Polonais et les Tchèques, mais ils le feront. Quand ? Je ne le sais pas. Qu’en est-il de l’Irlande ? Nous leur proposerons de décider lors du dernier Conseil des chefs d’Etat le 11 décembre, car nous ne pouvons pas organiser les élections au Parlement européen sans disposer de règles. Ce sera donc fait à la fin de l’année, en décembre, mais il va de soi qu’il appartient aux Irlandais de nous proposer une solution. C’est en quelque sorte ce qu’a fait Brian Cowen lors de notre dernière réunion à Bruxelles, mais sans précision particulière ; la balle est donc dans leur camp.

Je crois que le Traité de Lisbonne sera mis en oeuvre mais je ne sais pas quand. Ce sera fait au milieu de l’année prochaine. L’Europe est une aventure permanente, une invention permanente, c’est pourquoi cela est si intéressant. C’est un modèle partout dans le monde : l’Union africaine, le Mercosur. Nombre de régions du monde ont les yeux tournés vers l’Europe et nous devons l’inventer.

Q - (A propos de Chypre)

R - C’est là un des problèmes les plus difficiles à résoudre dans le monde. Il y a quelques mois, nous avons été très satisfaits de l’arrivée d’un nouveau gouvernement. Les deux parties et les deux dirigeants commencent à se parler entre eux sans la participation ni l’indifférence d’Athènes ou d’Ankara ; c’est très bien qu’ils se parlent les uns les autres. C’est un très bon signal. Nous continuons d’espérer.

Q - (A propos de la Bosnie-Herzégovine et du Kosovo)

R - Nous avons eu suffisamment de réussite, ou suffisamment de chance, pour parvenir à influencer le Représentant spécial, M. Lajčák, et nous avons adressé une lettre aux tierces parties, signée par votre humble serviteur et Olli Rehn, le Commissaire responsable de l’élargissement. Ils ont accepté de se rencontrer la semaine dernière. Ils ont accepté l’idée, comme vous l’avez exactement exprimé, du maintien de la présence de soldats pour une certaine durée. Pourtant, nous ne pouvons pas maintenir une présence pendant des siècles. J’ai décidé de m’engager auprès d’eux et de me rendre sur place dans le cadre de la Présidence française de l’Union européenne, avant la fin de l’année. Ils ont accepté de conserver l’idée de l’Accord de Dayton, et de ne pas forcer les choses.

Ce que nous voulions, c’est une Bosnie unique rassemblant les trois communautés. Il s’agit sans nul doute d’une bonne idée, mais impossible à faire accepter dès maintenant. Cela a donc été une bonne surprise pour nous de constater qu’ils avaient décidé de suivre le même mouvement aux côtés de l’Europe. Nous verrons.

De l’autre côté, il y a le Kosovo. En réalité, le Kosovo n’a pas accepté le document en six points proposé par les Nations unies. Aujourd’hui, nous adressons une nouvelle lettre afin d’obtenir dans le même temps l’accord de la Serbie et l’accord du Kosovo. Rien n’est encore fait.

Q - (A propos du rôle de l’OTAN)

R - Il nous faut réfléchir aux attributions et au rôle de l’OTAN car le monde a changé. Pour le moment, il ne s’agit pas d’une urgence car l’OTAN est présent sur seulement deux théâtres d’opérations : le Kosovo, d’une part, et l’Afghanistan, d’autre part. Nous devons comprendre que pour la Russie - la Russie est un acteur important et un voisin de l’Europe, le déploiement de l’OTAN, comme une sorte de menace perpétuelle, est difficile d’envisager tel que cela a été présenté. C’est pourquoi nous devons réfléchir à une nouvelle façon de procéder. Ce n’est pas par hasard, que les six pays fondateurs de l’Union européenne, à savoir l’Italie, la Belgique, le Luxembourg, l’Allemagne, la France et les Pays-Bas, ont voté pour le fait de proposer à l’Ukraine et à la Géorgie cette formule spéciale pour devenir membre de l’OTAN.

Nous devons reconsidérer le rôle de l’OTAN. Cela devrait certainement prendre du temps. Pour le moment, nous leur offrons une situation particulière - oui, vous pouvez devenir membre de l’OTAN, mais cela prendra du temps - et je crois que cette attitude sera maintenue. Pendant ce temps, nous devons entretenir le dialogue avec la Russie. C’est de cette façon que je vois les choses. Il s’agissait d’une alliance visant à renforcer la démocratie contre le Pacte de Varsovie. Il faut se le rappeler. Je crois que cela a changé. Nous devons donc changer notre appréciation, et certainement sans rupture ni élargissement. Nous devons reconsidérer notre position, face à l’alliance nécessaire représentée par l’OTAN. Nous participons à ce processus depuis le début. Nous sommes français, et la France fait partie des pays fondateurs. Nous participons à toutes les opérations. Nous sommes engagés au Kosovo et en Afghanistan.

Sans doute devons-nous reconsidérer, au vu des changements qui affectent le monde, le nécessaire changement dans la compréhension - la compréhension par les populations. Cela n’est pas si évident. Qu’est ce que l’OTAN ? Quelle est l’utilité de l’OTAN ? Faut-il qu’elle intervienne en Afrique, en Asie, etc. ? Nous devons étudier cette question et réfléchir pour apporter davantage de clarté.

Q - (A propos du soutien des pays européens aux forces américaines en Afghanistan)

R - Quelle peut-être la réponse ? Je ne peux pas encore le dire car la question ne nous a pas été posée. Mais, lorsque le gouvernement de M. Bush nous l’avait demandé, nous avons répondu par l’affirmative et nous avons envoyé d’autres soldats. Est-il possible de maintenir une telle pression ? Honnêtement, je ne le sais pas. Cela dépend des objectifs. Je sais que parfois nous sommes sous le commandement de l’OTAN, ou sous le commandement des Nations unies ou sous celui des Etats-Unis. C’est pourquoi nous devons en discuter davantage et obtenir une réponse plus simple. Qui assure le commandement et pour quoi ? Et une fois de plus nous avons décidé de nous impliquer davantage dans l’OTAN et nous allons poursuivre ce mouvement malgré la nécessité d’éclaircir la finalité et les objectifs de l’OTAN. Nous deviendrons certainement membres de l’OTAN à part entière lors du prochain sommet en avril prochain à Strasbourg.

Concernant l’Afghanistan, comme je vous le disais, je crois qu’il n’y a pas de solution militaire. La pacification est quelque chose dont nous avons besoin pour sécuriser d’autres parties de l’Afghanistan et certains domaines en particulier. Mais nous sommes favorables au fait de proposer aux Afghans de prendre des responsabilités, c’est ce que nous avons fait en tant que Français, étant donné que nous étions chargés de la région centrale et principalement de Kaboul. Nous avons replacé Kaboul sous l’entière responsabilité des Afghans en août dernier. Nous avons transmis le commandement à l’armée afghane. Nous ne l’avons pas fait seuls, non, mais cela doit être le cas partout.

Voulons-nous plus de soldats, sur un terrain particulier, pour un projet particulier ? Nous devons tous partager le projet mené avec le peuple afghan, voilà la réponse. Je regrette de ne pouvoir vous répondre simplement par oui ou par non. Soit nous envoyons des soldats, soit nous n’en envoyons pas. Cela n’est pas un problème en soi. Là n’est pas la question. Comment pouvons-nous assurer la sécurité de nos amis afghans qui se battent depuis vingt-cinq ans ? Je n’ai pas seulement été témoin de cela, j’y ai participé. J’y ai participé en tant que médecin militaire lors de la dernière bataille contre les forces soviétiques. Ils étaient 130.000 et ils ont perdu, ils savent cela, et ils nous donnent des conseils bien entendu. Nous devons également tenir compte de cette expérience.

La bonne nouvelle est certainement l’élection du président Zardari au Pakistan. C’est pour cela qu’il sera certainement intéressant de les écouter pendant cette réunion. Je propose, très discrètement à Paris, de les écouter d’abord. Mais je sais que le problème afghan ne devrait pas être d’ordre militaire, et il ne le sera pas. Nous ne serons pas en mesure de nous débarrasser de cela avec une réponse militaire, cela ne fait aucun doute. Cela ne revient pas à dire que nous ne retirerons pas nos soldats, loin de là. Nous voulons collaborer avec nos alliés, et principalement avec les Américains. L’Europe, avec vingt-cinq pays sur vingt-sept, est impliquée dans ce combat en Afghanistan.

Il ne s’agit pas d’un combat contre le peuple afghan. Il s’agit d’un combat pour le peuple afghan contre le terrorisme. Ce combat n’est pas assez visible, même dans notre pays, et le débat au parlement s’est avéré extrêmement difficile.

Que faisons-nous là-bas ? Pour quoi ? Dans quel but ? La lutte contre le terrorisme ? Oui, certainement. Nous devons nous efforcer ensemble, non pas de trouver les moyens de nous échapper mais d’apporter le meilleur soutien au peuple afghan, à la démocratie afghane, aux prochaines élections. C’est aussi simple que cela.