En 2003 le vice-Premier ministre irakien Tariq Aziz s’est rendu aux troupes d’occupation. Cinq années sont passées. Pendant toutes ces années il a été tenu en isolement cellulaire par les militaires états-uniens dans le camp Cropper dans la banlieue de Bagdad – incarcéré en violation du droit international.

Jusqu’à ce que la Croix Rouge internationale ait reçu la permission de visiter sporadiquement Tariq Aziz et d’autres prisonniers politiques, cela a duré. Il y a deux semaines Tariq Aziz a été transféré de la prison sous administration US dans le pénitencier de la cour suprême irakienne dans le district Ai-Kaemia de Bagdad.

Le 13 novembre Bill Brammell, secrétaire d’État au ministère des Affaires étrangères britannique, a écrit une lettre à Claire Short, députée du Parlement et ex-ministre du Développement dans le gouvernement de Tony Blair. Il a signalé que Tariq Aziz « a complètement accès à ses conseillers juridiques (et) que ses avocats ont le droit de visite à la cour suprême et dans les institutions pénitentiaires américaines ». Sa famille, selon cette lettre, a le droit de visite aussi long­temps que Tariq Aziz a été retenu dans la prison américaine.

Cela est en contradiction aux informations que j’ai reçu de Ziad Aziz, le fils aîné de Tariq Aziz. Il signale que « personne de notre famille n’a vu mon père depuis mai 2006 ». Il ajoute que personne de la Croix-Rouge internationale n’a eu la possibilité dans les derniers huit mois de rendre visite à Tariq Aziz : « Je lui ai envoyé il y a deux mois deux sacs qui ne sont pas arrivés jusqu’à aujourd’hui. »

En vérité les règles fondamentales des Conventions de Genève sont refusées à Tariq Aziz.

Mon prédécesseur à Bagdad comme coordinateur humanitaire des Nations Unies pour l’Irak, Denis Halliday, et moi, nous avons demandé la libération de Tariq Aziz à plusieurs reprises. Nous ne le faisions pas en mépris du procès juridique, mais parce que Tariq Aziz, diabétique et cardiaque, a des problèmes de santé menaçant sa vie. Il devrait être confié à la garde de sa famille pendant que son cas est de nouveau jugé devant la cour suprême irakienne.

Les médias ont très peu pris note de notre démarche. Le rappel que Tariq Aziz est retenu depuis quelques années sans accusation et sous violation de lois n’a rien changé.

Denis Halliday et moi, nous nous sommes aussi adressés à James Baker, le secrétaire d’État de la première Administration Bush. Baker et Aziz dirigeaient leurs délégations lors des pourparlers en janvier 1991 à Genève, pour tenter d’éviter ce qui aboutit à la deuxième guerre du Golfe. À cette époque, Aziz était un visiteur important et bienvenu à Washington. Halliday et moi, nous pensions que James Baker aurait le courage de ses opinions, l’intégrité et l’honnêteté de se comporter comme homme d’État et d’intervenir auprès du gouvernement Bush II sur une base humanitaire. Nous nous trompions. James Baker nous a rejetés.

Dans une lettre au futur président Barack Obama Ziad Aziz, le fils aîné de Tariq Aziz a demandé que son père soit traité humainement.

En ce moment Tariq Aziz est emprisonné par la Cour suprême irakienne dans un cachot où il attend son procès dans l’obscurité et le froid.

Nous connaissons Tariq Aziz parce qu’il nous a aidés à introduire le programme pétrole contre nourriture et que nous avons longtemps collaboré afin d’obtenir le maximum de ce programme de survie soutenu insuffisamment par le Conseil de Sécurité.

Une fois de plus Denis Haliday et moi, nous prions les États-Unis et les autorités irakiennes de faire preuve d’humanité envers un homme malade, qui est à considérer comme innocent tant qu’il n’a pas été reconnu coupable de crime.

Traduction Horizons et débats