La mort de Yasser Arafat suivie par l’élection de son successeur au suffrage universel, élection pour laquelle Israël a aidé le processus démocratique dans les territoire qu’il occupe (une première historique) lèvent des obstacles sur le chemin du processus de paix. Le retrait de Gaza par l’armée israélienne, soutenu par Hosni Mubarak, ouvre également une opportunité pour aller plus loin. Cette impressionnante succession d’évènements, un phénomène qui n’avait pas eu lieu depuis longtemps au Proche-Orient, inspire de l’optimisme, même chez Ariel Sharon ou des responsables états-uniens.
Je reviens de Palestine où je suis resté cinq semaine à la tête d’une mission d’observateur de l’Union européenne. J’ai pu conclure que même si le vote était difficile, il n’y avait pas eu de fraudes et il n’y a aucun doute sur le fait qu’Abbas a été élu démocratiquement et cela démontre que les Palestiniens souhaitent une paix négociée avec Israël. Toutefois, les terroristes ne partagent pas cette opinion et bien que peu nombreux, ils sont très dangereux. Il faut les neutraliser en tant que force politique pour avancer vers la paix.
Notre optimisme ne doit pas nous faire oublier les difficultés. En effet, Ariel Sharon reste vague sur ses intentions après le retrait de Gaza et il ne parle jamais d’inclure la Cisjordanie et Jerusalem dans les négociations. Sharon pense que l’Autorité palestinienne a la capacité d’éradiquer le terrorisme qui vise Israël, or ce n’est pas le cas. L’Autorité palestinienne ne peut rien faire si les Palestiniens n’ont rien à espérer en retour. Enfin, des deux côtés, les dirigeants religieux sont sur une ligne dure et empêchent de négocier sur des problèmes comme le statut de Jérusalem ou le droit au retour. Il faut que ces autorités comprennent enfin leur responsabilité.

Source
Daily Star (Liban)

« A unique window, but bypass the taboos », par Michel Rocard, Daily Star, 3 février 2005.