Beaucoup d’Européens voient la nomination de Condoleezza Rice à la tête de la diplomatie états-unienne comme une raison d’espérer une politique étrangère plus pragmatique et moins unilatérale, en s’appuyant sur ses actions lors du mandat de George H. Bush. Ce faisant, ils oublient que l’administration Bush père soutint l’unification allemande contre l’avis de toutes les autres puissances européennes, et qu’elle ne leur donna rien en échange de leur accord. Le Dr. Rice affirma alors que la politique étrangère des États-Unis ne visait pas le consensus ou l’échange.
Sur ce dossier, les réticences des pays voisins n’empêchèrent pas les États-Unis à pousser en faveur d’une réunification rapide et Robert E. Zoellick, aujourd’hui numéro deux du département d’État et alors en charge des affaires allemandes, organisa une campagne pour que les Allemands de l’Est poussent à la réunification. James Baker III organisa certes une conférence avec les quatre puissances occupantes de l’Allemagne, mais George Bush père affirme dans ses mémoires que bien souvent les alliés ne furent pas consultés. En fait, tous les dirigeants de l’époque ont exprimé leur frustration sur la façon dont les États-Unis s’étaient comportés lors de la réunification.
En fait, l’administration Bush père estimait que les Européens n’étaient pas assez résolus pour profiter des opportunités offertes ; Ronald Reagan quand il mit fin à la détente ou Bill Clinton quand il s’attaqua enfin au génocide dans les Balkans avaient la même logique. Madeleine Albright avait à cette occasion affirmé que les États-Unis étaient la « nation indispensable ».
Le Dr. Rice sait que le jusqu’au-boutisme fonctionne et qu’il ne faut pas tenir compte des réserves européennes.

Source
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« Not Much Kinder and Gentler », par Stephen Sestanovich, New York Times, 3 février 2005.