La démocratie est supposée être en marche dans le Moyen-Orient, mais les dictateurs arabes ont peur de la vraie démocratie, c’est pourquoi ils construisent des systèmes liant des morceaux du modèle politique occidental et des interprétations religieuses pour se donner un vernis de légitimité islamique. C’est ce que font les dirigeants saoudiens, qui sont à la tête d’un des régimes les plus autocratiques au monde, quand ils déclarent que la démocratie est incompatible avec l’Islam, préférant développer ce qu’ils appellent le " gouvernement participatif ". Pourtant, une majorité de théologiens musulmans estime que l’islam est compatible avec la démocratie, ou au moins avec ce qu’ils appellent la démocratie, c’est à dire : le respect de la loi, l’égalité entre les citoyens, la juste distribution des richesses, la justice et la liberté d’expression et d’assemblée. La possibilité de choisir ses dirigeants fait par contre débat.
Les pressions en faveur de la démocratie s’accentuent, en partie à cause des petits États du Golfe qui se démocratisent et de l’organisation des élections irakiennes, et, se sentant menacée, l’Arabie saoudite a rejoint le mouvement de réformes en annonçant des élections municipales partielles. Les élections ont lieu à Riyadh le 10 février, puis dans la région pétrolière de l’Est le 2 mars et dans le Sud et l’Ouest le 21 avril. Cependant, ces élections ne font qu’élire la moitié des conseils (l’autre moitié reste nommée), les femmes n’ont toujours pas le droit de vote et la commission électorale est dirigée par un prince de la famille royale, ce qui laisse penser que rien ne changera.
Malgré les appels à la participation à ces élections par le prince Abdullah, la population s’est peu enregistrée sur les listes électorales. Cela pourrait être interprété en Occident comme une preuve que la population apprécie le statu quo mais pour les intellectuels saoudiens c’est l’absence de débat et de liberté d’expression et d’assemblée qui est la cause de ce manque d’entrain. L’emprisonnement de réformateurs pétitionnaires et le manque d’impact de certaines réformes n’ont pas donné confiance aux Saoudiens.
Certains Saoudiens espèrent toujours l’arrivée d’un prince réformateur mais cela n’arrivera pas ; il n’y a que les vieux princes qui jouent avec la démocratie en s’accrochant au pouvoir.

Source
Jerusalem Post (Israël)
Daily Star (Liban)
La Libre Belgique (Belgique)
Korea Herald (Corée du Sud)
Daily Times (Pakistan)

« Saudi reform, or the limits of ’participatory democracy’ », par Mai Yamani, Daily Star, 8 février 2005.
« Toying with Mideast democracy », Korea Herald, 8 février 2005.
« Toying with democracy », Jerusalem Post, 9 février 2005.
« Toying with democracy », Daily Times, 14 février 2005.
« Jouer avec la démocratie », La Libre Belgique, 28 février 2005.