Monsieur le Président de l’Assemblée générale,
Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat ou de Gouvernement,
Monsieur le Secrétaire général,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,

L’année écoulée a été particulière à bien des égards. Il y a douze mois, à quelques mètres
d’ici, une banque s’effondrait et entraînait le système financier international au bord du
gouffre. Les turbulences du secteur financier ont conduit à une sérieuse récession
économique mondiale qui a accru la vulnérabilité de nombreux pays en développement et
a exacerbé le chômage, la pauvreté, la faim et l’insécurité.

Cet exemple illustre à quel point nous vivons dans un monde interconnecté. Il nous
rappelle que d’autres questions, telles que te changement climatique, la crise alimentaire,
la migration, les pandémies, le terrorisme et la prolifération des armes de destruction
massive, ne s’arrêtent pas aux frontières nationales. Faire face à ce genre de défis
globaux demande une action déterminée et coordonnée aux niveaux national, régional et
international. La coopération internationale est devenue vitale. L’ONU est le lieu où une
telle coopération est mise en oeuvre. Aujourd’hui, le monde a plus que jamais besoin de
l’ONU.

L’ONU doit poursuivre sur le chemin de la réforme afin de renforcer sa légitimité.
Parallèlement, les échanges entre les Nations unies et d’autre fora tels que le G-20 qui se
réunit aujourd’hui même doivent être renforcés. Le G-20 est devenu une tribune où des
questions d’importance mondiale sont discutées. Ce développement ne doit pas se faire
au détriment d’autres pays ou institutions globales comme les Nations Unies. Le G-20
manque de légitimité et ne dispose pas de procédures transparentes pour décider des
sanctions. Les membres du G-20 eux-mêmes ne sont pas soumis au même type
d’examen. La Suisse préconise une égalité de traitement et une meilleure consultation
entre les non-membres du G-20.

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,

La crise économique et financière nous préoccupe tous. Les gouvernements et les
banques centrales ont mis en place d’impressionnantes mesures de stabilisation.
Toutefois la taille de ces plans ne résout pas tout. Ce qui compte est la qualité de l’effort.
L’activité économique doit revenir à des valeurs et à des vertus fondamentales. Elle doit
être viable économiquement, socialement et du point de vue de l’environnement. Par
l’intermédiaire d’institutions comme le Fonds Monétaire International, la Banque Mondiale
et le PNUD, l’ONU dispose des connaissances et des instruments nécessaires pour
combattre la crise financière et économique. Il est important de s’assurer que les voix de
ces institutions soient entendues au sein du G-20.

La crise actuelle a parfois été utilisée par certains pour remettre en cause l’économie de
marché et la globalisation. Je ne conteste pas le besoin de réforme, les échecs et les abus
ayant été trop grands pour être ignorés. Nous devons toutefois nous rappeler que c’est
également grâce à l’ordre économique libéral et à l’ouverture des marchés qu’une bonne
partie de la population mondiale est sortie de la pauvreté. Dans cette perspective, nous
partageons les préoccupations de ceux qui considèrent que la tendance actuelle au
protectionnisme nous mènera droit au désastre. Mon pays salue dès lors l’appel à la
conclusion du cycle de Doha exprimé lors de la conférence de l’ONU sur la crise
économique et financière.

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,

Les populations des pays en développement ont été particulièrement touchées par la crise
économique et financière. Le risque est grand que la réalisation des Objectifs du Millénaire
pour le développement prenne du retard. La Suisse, pour sa part, a promis de maintenir le
niveau de son aide malgré des contraintes budgétaires importantes. Tant les pays en
développement que les pays développés sont responsables de la réalisation des Objectifs
du Millénaire pour le développement. La mission des premiers est de mettre en pratique
des réformes économiques et sociales pour assurer la « bonne gouvernance ». Les
seconds ont pour tâche de soutenir ces efforts de façon prévisible et fiable. L’année
prochaine, la conférence de l’ONU marquant le dixième anniversaire de la Déclaration du
Millénaire nous donnera l’occasion d’apporter un nouveau souffle à cette collaboration et
d’améliorer l’efficacité de l’aide au développement.

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,

Le développement durable doit aussi être notre principe directeur pour combattre le
changement climatique. La Conférence de Copenhague sur le changement climatique doit
déboucher sur un succès. La Suisse veut et peut montrer l’exemple. Nous allons atteindre
nos objectifs de réduction des émissions de CO2 en 2012. Pour la période allant jusqu’en
2020, nous sommes prêts à réduire nos émissions de CO2 de 20%. A l’échelle mondiale,
les coûts des adaptations au changement climatique devraient atteindre plusieurs dizaines
de milliards de dollars par an, dont plus de la moitié à la charge des pays en
développement. La Suisse propose la création d’une taxe CO2 à l’échelle mondiale
fondée sur le principe du pollueur-payeur afin de faire face à ces nouveaux besoins.

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,

De nombreux conflits violents affectent notre planète, mettant hors de portée pour trop de
personnes une vie de dignité, de paix et de sécurité. L’ONU a une légitimité unique pour
jouer un rôle actif dans la prévention des conflits, la médiation, la protection des civils, le
maintien et la consolidation de la paix. Mon pays salue l’engagement accru de l’ONU dans
ces domaines et préconise surtout le renforcement des capacités de prévention et de
médiation du système onusien. La Suisse est également active dans le domaine de la
consolidation de la paix. Nous avons en effet endossé la présidence de la Réunion
spécifique sur le Burundi de la Commission de consolidation de la paix et nous allons
poursuivre notre initiative sur la Violence Armée et le Développement.

Nous allons célébrer cette année le GOème anniversaire des Conventions de Genève.
Depuis leur création, les Conventions ont établi des règles indispensables pour des
situations de conflit armé. De nouvelles formes de conflits armés ainsi que de nouveaux
moyens et méthodes de guerres rendent toujours plus difficile le respect de ces règles. Il
est inacceptable que les populations civiles soient si souvent la cible d’attaques
délibérées. Il est également inacceptable que l’accès rapide et sans entraves aux
populations dans le besoin -soit si souvent refusé au personnel humanitaire. Afin
d’identifier les moyens pour améliorer le respect des Conventions de Genève, la Suisse
organisera une rencontre ministérielle ici à New York ce samedi. En novembre, nous
accueillerons une conférence internationale d’experts à Genève ouverte à tous les Etats
Parties aux Conventions de Genève. Cette conférence portera sur les défis présents et
futurs auquel le droit international humanitaire doit répondre.

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,

La dignité humaine est un droit inaliénable de tous les êtres humains, quels que soient
leur genre, leur origine ou leur religion. Le Conseil des droits de l’homme est le forum
principal pour discuter des droits de l’homme à l’ONU. Tant les procédures spéciales que
l’Examen périodique universel ont prouvé leur efficacité en tant qu’instruments dans la
promotion et la protection des droits de l’homme. Toutefois, nombreux sont les défis qu’il
reste à relever. La Suisse continuera à travailler avec détermination pour un Conseil des
droits de l’homme efficace et présentera sa candidature pour un second mandat en 2010.
La protection des droits de l’homme, tout comme la promotion de la démocratie et le
renforcement des règles de droit, constitueront également les priorités de la présidence de
la Suisse au Conseil de l’Europe de novembre 2009 à mai 2010. Sous la présidence
suisse, des efforts seront consentis pour améliorer la coopération entre l’ONU et le
Conseil de l’Europe.

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,

2010 sera une année symbolique pour l’ONU. Cinq ans auront passé depuis l’adoption du
Document final du Sommet mondial de 2005. Dix ans se seront écoulés depuis la
signature de la Déclaration du Millénaire. Le Sommet de l’année prochaine offrira une
opportunité pour analyser l’état de la mise en oeuvre de ces déclarations et pour initier de
nouvelles réformes plus complètes. Ces étapes sont nécessaires car seule une ONU
réformée sera à même de répondre de manière appropriée au défis globaux. Dans ce
contexte, j’ai l’honneur de vous annoncer une candidature suisse à la présidence de la
65eme session de l’Assemblée générale en la personne de Joseph Deiss, ancien Président
de la Confédération.

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,

Les défis à relever sont grands. Mais il ne faut pas céder au pessimisme. Au cours de
l’histoire, l’être humain a démontré à plusieurs reprises sa capacité à accomplir de
grandes actions avec courage, imagination et détermination. L’écrivain suisse Max Frisch
disait : « Une crise peut être un état productif. Il suffit d’en retirer l’arrière-goût du
désastre ». Je partage entièrement cette affirmation. Soyons productifs et saisissons
l’opportunité de créer un monde prospère, juste, pacifique et durable.

Je vous remercie.