Après quinze ans de direction de son petit voisin par le biais d’intermédiaires, la Syrie n’est plus la bienvenue au Liban et un consensus contre elle se dégage dans toutes les factions politiques. Il y a peu de chances cependant que la Syrie rentre chez elle calmement et l’assassinat de l’ex-Premier ministre Rafic Hariri met en lumière la lutte désespérée qui a lieu pour l’avenir du Liban.
Hariri n’était que la dernière et la plus célèbre des voix s’élevant désormais contre la présence des troupes syriennes. Sa mort juste après cette prise de position n’est semble-t-il pas une coïncidence. Il n’y a pas encore de preuves nettes sur l’identité et les motivations des assassins d’Hariri. Cependant, le fait que les partisans de l’ancien Premier ministre aient attaqué le bureau du Ba’as à Beyrouth avec des slogans anti-syriens après l’annonce de sa mort est emblématique. Compte tenu de la présence de camps terroristes en Syrie, il n’est pas étonnant que les nationalistes libanais pointent l’influence des services de renseignements militaires syriens dans ce meurtre.
La Syrie a profité de la guerre au Liban pour s’y installer avec la complicité de la communauté internationale et cette occupation a donné une position stratégique à Damas contre Israël. Toutefois, depuis le retrait du Sud Liban par Israël sous Ehud Barak, la présence syrienne ne s’impose plus et l’image de cette occupation a changé. Au Liban, la coalition contre la présence syrienne n’a cessé de s’élargir.
La Syrie a même réussi à unir la France et les États-Unis contre elle à l’ONU. L’assassinat d’Hariri ne va faire que renforcer le consensus contre elle. On peut s’attendre à ce que la France et les États-Unis fassent davantage pression pour un départ des troupes syriennes. La Syrie devrait calculer attentivement le prix de son politique.

Source
The Age (Australie)

« The murder that could put Syria on notice », par Tony Parkinson, The Age, 16 février 2005.